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Accueil des migrants : une cordée solidaire du sauvetage au foyer

20 décembre 2017

En montagne, comme en mer, les frontières se ferment, se déplacent et se reforment au gré des politiques et des pratiques des États qui cherchent à tout prix à refouler les migrants. Depuis l’été 2017, c’est dans les Alpes du Sud que les personnes passent de l’Italie vers la France. Elles trouvent à Briançon secours et chaleur humaine auprès des habitants, le temps de reprendre des forces et de poursuivre leur route.

À la veille de la journée internationale des migrants, l’association Tous Migrants et le collectif de professionnels de la montagne SOS Alpes solidaires ont organisé une cordée solidaire au col de l’Échelle. Avec pour objectif de sensibiliser le public, la presse et l’État sur les risques encourus par les personnes migrantes en haute montagne. Une mobilisation qui s’inscrit dans le cadre des États généraux des migrations lancés à Paris le 21 novembre. Reportage en image dans cette vallée solidaire avec le photographe Jean Larive de l’agence MYOP.

 

Briançon : le jour se lève dans la vallée solidaire
Début d’un week-end de mobilisation pour que la montagne ne soit pas un cimetière mais un refuge. Organisé par Tous Migrants et SOS Alpes solidaires avec la participation de nombreux invités, notamment Cédric Herrou de la Roya citoyenne, Raphaël Kraft de France Culture, Edwy Plenel de Mediapart. Chez Marcel sans frontière, la LDH, le Réseau hospitalité et La Cimade ont aussi participé aux tables rondes. © Jean Larive / MYOP
À la CRS (Collectif refuge solidaire)
Le local de la CRS a été mis à disposition par la Communauté des communes. C’est là que sont hébergées en urgence les personnes qui arrivent d’Italie souvent exténuées. « Ils sont 20 à dormir ce soir, mais en août, c’est monté à 120 personnes par nuit » précise Nathalie, bénévole depuis deux ans. Le refuge compte plusieurs chambres, mais aussi une cuisine, un réfectoire, un local pour des consultations médicales et une réserve pour les vêtements. © Jean Larive / MYOP
Organisation des départs
Ousmane*, jeune sénégalais passionné de football est depuis trois semaines à Briançon. « Je veux prendre le train pour Paris. Je n’ai pas de contact, mais l’avenir est dans la grande ville. » En attendant il s’inscrit pour un co-voiturage sur Marseille au cas où. Dans le bureau de la CRS, le numéro du peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) est en bonne place. Les appels pour un sauvetage en hélicoptère sont fréquents. © Jean Larive / MYOP
Après la maraude du soir : douze personnes secourues
19h08 beaucoup d’agitation à la CRS. La maraude a d’abord annoncé sept arrivées depuis Montgenèvre, mais le groupe a pris la fuite en voyant la voiture et les secouristes n’en ont retrouvé que trois. « Un hélico de la gendarmerie tourne sur place » lance Pierre en contact avec le guide qui tourne autour du col. Finalement ils sont douze à arriver ce soir-là. © Jean Larive / MYOP
Réchauffer les corps et les cœurs
Les premiers gestes sont importants. Se réchauffer, boire, manger. Ici le sens de l’accueil va bien au-delà des mots. Anne Moutte les aide à enlever leurs chaussures et chaussettes : « Si vous avez très froid trempez les pieds dans l’eau tiède ». Elle siffle un coup pour dégager un passage entre les bénévoles, les journalistes et les photographes nombreux ce soir-là pour pouvoir déposer une bassine d’eau tiède de l’autre côté de la table. « On sèche bien les pieds et seulement après on met les chaussettes propres. » © Jean Larive / MYOP
Départ d’un groupe vers Paris
Le même soir, un départ groupé pour Paris s’organise. Neuf bénévoles se préparent pour « escorter » dix migrants à la gare. « On leur remet un billet de train, des contacts utiles et une attestation qui précise qu’ils sont demandeurs d’asile et vont à Paris entamer leurs démarches » explique Pierre pendant que les derniers préparatifs. © Jean Larive / MYOP
Le convoi solidaire en gare de Briançon
Avant de composter les billets, un bénévole va vérifier que la police n’est pas sur le quai ou à proximité du train. © Jean Larive / MYOP
Une présence pour éviter les contrôles
Les bénévoles accompagnent les migrants jusqu’au train et les aident à trouver leur place dans le wagon. « Notre présence permet surtout d’éviter un contrôle de police en gare de Briançon. On dissuade les forces de l’ordre ou peut-être préfèrent-ils agir sans témoins ? » © Jean Larive / MYOP
Un accompagnement VIP
L’émotion dans les yeux des voyageurs en route vers Paris dans le train de nuit est aussi grande que celle des bénévoles heureux de voir les migrants partir en sécurité. L’échange dans cet accueil est essentiel pour les uns comme pour les autres. « Il faut relayer toutes les choses positives, l’accueil, l’hospitalité, l’échange, c’est primordial pour faire changer les mentalités » lance Pierre pendant la conférence de presse du 17 décembre. © Jean Larive / MYOP
Chez Marcel sans frontière
Niché dans un virage de la route de Puy-Saint-Pierre, Chez Marcel sans frontière est un squat. Il tient son nom de Marcel Amphoux, agriculteur qui a légué ses propriétés à ses locataires, au grand regret de son épouse, professionnelle dans l’immobilier. Lieu de vie autogéré par quelques militants et d’une capacité de 20 places, les migrants y restent quelques semaines souvent après être passés les premiers jours par la CRS. © Jean Larive / MYOP
Un temps de répit pour se reconstruire
Originaire de Guinée-Conakry, Lassana* espère pouvoir faire en France des études d’ingénieur. Chez Marcel, il prend le temps avant de poursuivre sa route. « Nous sommes notamment en réseau avec des militants de la Drôme pour proposer d’autres solutions d’hébergement et d’accueil que la rue à Paris porte de la Chapelle » explique Eva. © Jean Larive / MYOP
« Je suis allé me chercher au Burkina Faso »
Boubacar* a 19 ans, il est orphelin. Il a quitté Abidjan en Côte d’Ivoire après un différend avec son oncle. Un ami routier lui conseille d’aller au Burkina Faso. De fil en aiguille, il passe par le Niger puis cinq mois dans l’enfer libyen avant de traverser la Méditerranée, puis les Alpes. « On a marché jusqu’à minuit, on était perdu, on ne connaît pas le chemin, ni la neige, on a pris le goudron. La police nous a arrêtés, ils nous ont refoulés et nous ont dit d’aller à Bardonecchia à pied. Le lendemain à 17h on a repris la route, marché toute la nuit dans la montagne et dormi dans la neige et enfin on est arrivés à la CRS. Chez Marcel je reprends des forces pour repartir lundi à Paris. » © Jean Larive / MYOP
Une ambiance unique
Chez Marcel, les murs plongent le visiteur dans l’ambiance de ce lieu unique : bienvenu dans le monde intemporel de chez Marcel, la guerre aux frontières est une guerre coloniale, union des forces immigratoires chez Marcel. © Jean Larive / MYOP
L’illégalité des contrôles frontières
Sur la route de Névache à proximité du col de l’Échelle, la gendarmerie patrouille jour et nuit. Tous les migrants repérés sont interpellés et refoulés bien souvent illégalement en Italie. Leur souhait de demander l’asile n’est pas examiné, leur situation personnelle jamais prise en compte, pas plus que leur état de fatigue extrême ou les risques encourus par la marche retour vers Bardonecchia. Sans compter qu’environ la moitié des personnes qui arrivent dans cette vallée sont mineures. Des enfants qui devraient être mis à l’abri, accompagnés et protégés. Au prétexte de la lutte antiterroriste, ils sont les premières victimes de ces contrôles frontières. © Jean Larive / MYOP
Contrôles au faciès
Dans le train Turin-Paris, « la police française monte systématiquement à Bardonecchia » affirme un membre du personnel de la SNCF. Elle contrôle systématiquement toutes les personnes qu’elle estime être étrangères. Un homme d’origine africaine est contrôlé, ses papiers semblent pourtant en règle, mais la police lui lance : « Pas de billet retour, pas d’argent ? C’est obligatoire, vous allez nous suivre, prenez tous vos bagages. » Il sera descendu du train et conduit vers les locaux de la PAF à Modane. © Jean Larive / MYOP
Préparatifs de la cordée solidaire
Stéphanie Besson, accompagnatrice en montagne et membre de Tous Migrants, a ramené les banderoles et du matériel pour préparer la cordée. Les professionnels de la montagne se sont retrouvés une heure avant les randonneurs solidaires pour les derniers préparatifs. © Jean Larive / MYOP
Une corde pour unir les solidaires
Chaque professionnel encadre cinq à dix randonneurs solidaires reliés par une corde. 330 personnes se sont mobilisées pour que l’opinion publique prenne conscience des risques en montage. Arrivés à La Chapelle Notre-Dame de Bon-Rencontre, la cordée s’arrête et fait demi-tour. En effet, la fin du parcours exige équipement et entraînement physique. Les migrants qui passent par le col ne sont ni équipés, ni entraînés, mais ils sont déterminés, « ce sont des athlètes ». © Jean Larive / MYOP
SOS Alpes solidaires
Les professionnels de la montagne réclament la fin de la présence policière sur la frontière. Les migrants prennent des risques supplémentaires pour les éviter. « Le col de l’Échelle est dangereux : pentes raides et couloirs d’avalanches côté italien, barres rocheuses côté français, chutes de pierres, températures extrêmes et surtout contrôles de police. Les forces de l’ordre devraient être à nos côtés, on devrait travailler main dans la main. » Un guide fait remarquer : « Comme par hasard le panneau qui indique la France a disparu ! » © Jean Larive / MYOP
Les frontières tuent
Pendant la cordée solidaire, Etienne Trautmann, accompagnateur en montagne, reçoit un appel de détresse d’un groupe de jeunes migrants qui montent côté italien. Quatre professionnels quittent la cordée pour rejoindre le col au pas de course. Pendant la conférence de presse, Etienne témoigne : « Moussa, était coincé dans un couloir d’avalanches, il avait perdu ses chaussures, il a des gelures de niveau 2 au pied gauche. S’il n’avait pas eu notre téléphone, et si nous n’étions pas à proximité en raison de la cordée solidaire, il serait mort, c’est un miraculé ! Il a été évacué à l’hôpital par l’hélicoptère de la PGHM. » © Jean Larive / MYOP
La cordée solidaire
Ici comme ailleurs, la police et la gendarmerie obéissent aux ordres du préfet et donc du ministre de l’intérieur. Aucune humanité, pas de fraternité au sommet de l’État. Marie Dorléans de Tous Migrants est lucide et optimiste : « La bulle médiatique nous est favorable, on le sait, elle va éclater, mais profitons-en pour faire passer notre message. » © Jean Larive / MYOP

 

* Les prénoms ont été changés.

 

Suivre sur le fil Twitter @lacimade la cordée solidaire du 17 décembre 2017.

 

 

Auteur: Service communication

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