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Bchira, comme vous et moi

Bchira est comme vous et moi, pourtant...

Bchira, comme vous et moi

42 ans, originaire de Tunisie

Bchira est une une femme cultivée, courageuse et militante. Depuis son enfance, elle dévore les livres. « Quand j’étais adolescente, j’ai lu “Madame Bovary“ et c’est resté comme une référence pour moi, un modèle de femme coincée dans sa vie… J’aime aussi beaucoup “Le pain nu”, le livre de Mohamed Choukri, un auteur marocain qui décrit son enfance après la décolonisation. » Bchira a d’autres passions : la natation, l’astrologie et le cinéma, surtout les films d’auteurs.

Ses souvenirs, Bchira les évoque tantôt avec nostalgie, tantôt avec tristesse. « Je me souviens des vacances avec ma grand-mère et du bleu de la mer. Nous étions au bord de la plage à La Marsa, en Tunisie. J’avais 3 ou 4 ans, j’étais gâtée, j’étais la chouchoute. Elle me préparait de la bonne nourriture, me peignait les mains avec du henné et on allait se baigner tous les jours. » Bchira connaît la tristesse, elle fait partie de sa vie. Elle est passée par des moments difficiles quand elle a perdu son père, quand elle a dû quitter son pays. Encore aujourd’hui, elle se bat tous les jours pour surmonter la peur de perdre un travail, un logement, de survivre dans une ville et un pays étrangers. Aujourd’hui, ce qui la désespère, c’est de voir les enfants à la rue, dans les pires situations qui soient. Mais elle s’engage pour les autres. « J’ai rejoint un collectif de sans-papiers quand j’étais moi-même dans cette situation en 2020 et maintenant que je suis régularisée, je continue à m’investir pour d’eux. »

Son rêve pour demain ? C’est la liberté de circulation pour tout le monde. A titre plus personnel, c’est aussi de décrocher un diplôme de médiation interculturelle en langues. Bchira aimerait bien un jour soutenir une thèse sur l’anthropologie des migrations.

  • Couleur préférée : le vert
  • Signe du zodiaque : cancer ascendant sagittaire
  • Plat préféré : couscous tunisien
  • Musique préférée : musique arabe classique

Son parcours migratoire

En janvier 2015, Bchira, qui habite en Tunisie, divorce. C’est le déclencheur d’un parcours du combattant pour elle. « Ma mère, ma famille n’ont pas accepté mon divorce. J’avais beaucoup de pression, c’était devenu oppressant pour moi. Puis, il y avait les conditions de travail insensées. Malgré la révolution tunisienne de 2011, pendant laquelle nous nous sommes battus pour obtenir des conditions d’étude et de travail justes, rien n’a changé. Je travaillais comme professeur dans le privé et j’étais payée 1€ de l’heure : impossible de gagner ma vie ! Le pays se dirigeait dans une impasse, je ressentais un profond sentiment d’insécurité, l’impression d’être dans une barque qui va couler. C’est pour cela que j’ai décidé de partir. ».

Bchira choisit la France pour faire sa thèse et s’y installe en juillet 2015. Mais son visa de recherche expire en septembre et la peur l’envahit. « Ma grand-mère adorée est décédée en novembre suivant et je n’ai pas pu aller à son enterrement. J’étais totalement isolée. Je n’avais pas de connaissances qui pouvaient m’aider. J’ai fait une dépression pendant 8 mois. » En mai 2016, Bchira commence à travailler en faisant des heures de ménage mais elle ne parvient pas à payer sa chambre, en colocation avec une autre tunisienne. C’est en août 2021 que Bchira obtient enfin un titre de séjour d’un an, mais lié à ce travail d’aide à domicile, renouvelable chaque année à cette condition.

« Je suis très frustrée car je suis condamnée à rester chez le même employeur pour pouvoir renouveler mon autorisation de séjour. Il faut comprendre que mon vrai métier est médiatrice interculturelle en langues à l’INALCO. Alors, je fais du bénévolat dans ce domaine… ».

Aujourd’hui, la vie de Bchira est en France mais elle n’a pas de titre de séjour ‘vie privée’. « Je pense qu’il faut repenser cette question du titre de séjour par le travail. Un autre système est possible. Cette idée de grand remplacement, que les étrangers viennent voler le pain des français, c’est faux. Il faut se confronter à la réalité, parler aux personnes exilées et comprendre l’autre pour se découvrir soi-même. Il faut questionner, critiquer, ne pas tout prendre pour argent comptant. »

Retrouvez les récits de vie et les témoignages des protagonistes de notre campagne #HumainsAvantTout  :

  • Samba, 32 ans de nationalité malienne
  • Ali, 28 ans, originaire d’Iran
  • Merlie, 39 ans sans papiers et bénévole à La Cimade