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Charter affrété par Frontex : 58 personnes géorgiennes expulsées au mépris de leurs droits

6 mars 2024

COMMUNIQUE DE PRESSE CIMADE / MRAP 35 Rennes, le 2 mars 2024 « En fin de journée, le mercredi 26 février, la rumeur commence à se propager qu’un charter pour la Géorgie se prépare…Les militants rennais craignent de revivre la rafle de 2019, lorsque 33 Géorgiens avaient été arrêtés dans toute […]

COMMUNIQUE DE PRESSE CIMADE / MRAP 35

Rennes, le 2 mars 2024

« En fin de journée, le mercredi 26 février, la rumeur commence à se propager qu’un charter pour la Géorgie
se prépare…Les militants rennais craignent de revivre la rafle de 2019, lorsque 33 Géorgiens avaient été
arrêtés dans toute la Bretagne dans des conditions inacceptables. La communauté géorgienne est aussitôt
incitée à se mettre à l’abri, notamment ceux qui sont assignés à résidence au centre DPAR (Dispositif Pour
Aide au Retour – sic).

La rumeur se confirme… Un couple géorgien, qui est allé pointer à la PAF à 17h dans le cadre de son
assignation à résidence, a été gardé. Un second couple est arrêté dans les mêmes conditions et placé au CRA,
où sont enfermées déjà plusieurs familles géorgiennes, dont 3 femmes. Des enfermements de dernière
minute au CRA alors que les placements y étaient gelés depuis quelques temps en vue de sa fermeture
plusieurs semaines pour travaux et qu’il n’y avait pas eu d’enfermements de femmes depuis au moins un an.
Des placements dits  » de confort » et des privations inutiles de liberté dans l’unique objectif pour
l’administration française d’avoir ces personnes « sous la main » pour faciliter leur expulsion le lendemain.
A l’annonce de ces arrestations, un vent de panique souffle sur le centre DPAR et tous les lieux de vie des
Géorgiens en situation irrégulière.

D. 5 ans, photographié sur le campement des Gayeulles le jour de la rentrée.

A partir de 19h, plus de communication avec les familles déjà arrêtées, leurs portables sont confisqués.
Dès 6h00, le jeudi 27 février, la police débarque en force au centre DPAR. Il reste 2 familles géorgiennes qui
pensaient que le vol n’aurait lieu qu’en fin de semaine et qu’ils pouvaient encore passer une nuit au chaud
avant de prendre la fuite. Un excès de confiance qu’ils ont amèrement regretté quand D., un petit garçon de
5 ans scolarisé à Rennes, a été réveillé par les forces de l’ordre et embarqué avec ses parents sans avoir le
temps de rassembler le moindre bagage. La seconde famille, qui venait de changer de logement, a échappé
à la rafle car les policiers ont sonné à la mauvaise porte.

Les médias sont informés. On apprend que le charter est parti de Tbilissi dans la matinée et qu’il a fait étape
à Metz, où plusieurs familles avec enfants ont été interpellées. Le vol décollerait de Rennes vers 14h40…
Encore très marqués par la violence de l’expulsion collective de 2019, les militants se mobilisent et appellent
à un rassemblement à 13h00 devant l’aéroport de Rennes/ Saint Jacques.
Quand ils arrivent avec banderole et mégaphone, la police est déjà sur place pour empêcher les manifestants
d’accéder à l’aéroport. Cette fois ils ne verront pas les corps entravés et les bouches bâillonnées. A 13h17,
l’avion de la Georgian Airways est identifié lorsqu’il atterri sur le tarmac de Rennes/Saint Jacques. Puis c’est
le défilé des escortes qui livrent leurs proies au pied de l’avion.
Vers 14h30, les manifestants arrivent à distinguer la porte de l’avion qui s’ouvre en zoomant avec leurs
portables. On aperçoit le défilé des gyrophares et des escortes qui encadrent les « raflés » pour monter dans
l’avion.

Pas de rébellion, pas d’agitation perceptible. On distingue la tête d’un enfant, puis un autre dans les bras d’un
adulte. Loin des regards, les manifestants assistent impuissants à cette expulsion collective sans pouvoir crier
leur soutien aux Géorgiens, ni leur rage aux zélés agents de Frontex.
Le charter décolle pour Tbilissi à 15h50 avec à son bord 58 ressortissants géorgiens, dont 12 personnes
arrêtées à Rennes, et près de 80 policiers.
Ils étaient 33 en 2019, 58 en 2024…Derrière ces chiffres, des vies, des visages, des histoires d’exil qui se
fracassent contre la politique migratoire européenne.
S’il s’agissait de délinquants, Darmanin se serait déjà glorifié de cette opération ! Mais il ne s’agissait que de
personnes rêvant d’une vie meilleure pour eux et leurs enfants ; l’État français en a honteusement décidé
autrement…

La maman de D. envoie un message à son arrivée : « J’ai pleuré toute la nuit, ils m’ont très mal traitée comme
des criminels, ils n’ont même pas pensé à l’enfant. D. est tellement stressé ».
Selon son témoignage, des personnes géorgiennes ont été arrêtées à Saint-Brieuc, Vannes, Lorient et Metz.
Les policiers auraient déclaré que des vols groupés auraient lieu toutes les 2 semaines et que le prochain
serait programmé le 6 mars ! Info ou intox ? Si le but est de semer la terreur dans la communauté géorgienne,
c’est réussi. La même stratégie avait été adoptée en 2019 en annonçant un second charter le mois suivant
qui n’a jamais eu lieu.

Sur le site de l’ambassade de France en Géorgie, on peut lire le 1er mars, « la France, en étroite coordination
avec les autorités géorgiennes, prévoit en 2024 d’augmenter le nombre de reconduites en Géorgie. A cet égard,
un vol de 58 ressortissants géorgiens en situation irrégulière en France a été effectué le 29 février 2024, signe
de la vitalité de la coopération entre nos deux pays ».

Il est fort à craindre que ces vols groupés se multiplient comme l’encourage la Cour des comptes dans son
rapport sur la lutte contre l’immigration irrégulière.

Les vols affrétés par la PAF présentent un taux de réussite très supérieur : 66 % pour les vols organisés par la
France seule et 89 % pour les vols groupés européens organisés sous l’égide de Frontex. En effet, la capacité
de coercition de la police est forcément plus importante dans un vol sans passager commercial, ce qui permet
d’éloigner des personnes manifestant une résistance.

En 2019, la première expulsion collective avait suscité partout en Bretagne une vague d’indignation légitime.
Ne nous résignons pas et continuons à dénoncer ces opérations proscrites par le droit européen (Protocole 4
de la CEDH), car elles visent à renvoyer dans leur pays d’origine des personnes contre leur gré, au mépris des
droits fondamentaux et sans le contrôle d’un juge.

Ne laissons pas l’aéroport de Rennes/Saint Jacques devenir le lieu de prédilection des expulsions collectives
organisées par Frontex avec le soutien de l’État français.
CONTRE LES EXPULSIONS, REGULARISATIONS !

CIMADE RENNES
MRAP 35
Contacts : 0630278255 / 0648266140

Auteur: Région Bretagne Pays de Loire

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