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Dans un contexte dégradé depuis plusieurs mois la situation au Centre de Rétention Administrative de Lyon Saint-Exupéry (CRA) est aujourd’hui difficilement hors contrôle obligeant l’équipe médicale à exercer son droit de retrait.
Ce vendredi 25 novembre à 15h l’équipe sanitaire du centre de rétention administrative (CRA) de Lyon Saint Exupéry a exercé son droit de retrait. Cette décision fait suite à une montée des violences qui couve déjà depuis plusieurs mois. L’équipe médicale n’est pas la seule concernée parmi les intervenants au CRA de Lyon.
La dégradation des conditions de vie des personnes retenues et les difficultés d’exercice des différents professionnels intervenant dans la zone d’activité contrôlée (ZAC) sont directement liées à la politique d’enfermement menée à Lyon depuis le mois de juillet.
En effet, immédiatement après l’agression de trois policiers en civil qui interpellaient un homme place Gabriel Péri, Gérald Darmanin mettait publiquement en cause, sur le réseau social Twitter, un jeune homme en situation irrégulière, qui se révélera rapidement innocent. Cela n’empêchera pas le ministre d’oser dire qu’il ne regrettait pas cette accusation (1)
Le Ministre se rend ensuite à Lyon ; il commence sa visite par l’inauguration du nouveau centre de rétention administrative ouvert six mois plus tôt, et fait explicitement le lien entre violences urbaines et présence de personnes sans papier sur le territoire.
Un dispositif de surveillance et de contrôle policier est déployé avec deux unités de 80 CRS se succédant dans le quartier de la Guillotière, complété d’une brigade mobile de CRS et de 70 « soldats de la paix » contre les « violences urbaines ».
Une dérive assumée du dispositif administratif d’enfermement des personnes étrangères
Les interpellations et placement en rétention se succèdent visant principalement les jeunes hommes précaires d’origine maghrébine. De ce fait, le CRA est alors rempli en grande partie de jeunes hommes souffrant d’addictions. Qui plus est, du point de vue administratif, pour nombre d’entre eux, aucune perspective d’expulsion n’existe réellement. Leur maintien en rétention se transforme alors en internement punitif pendant la durée maximum de 90 jours. Placer ainsi en rétention des jeunes hommes souffrant d’addictions lourdes, revient en fait à les sevrer brutalement sans traitement adéquat et à exposer les personnels médicaux présents à des menaces de violences répétées.
Cet épisode nous évoque également les enfermements en rétention suite à l’évacuation, le 5 octobre, par la préfecture de police de Paris, du square Forceval à la porte de la Villette, connu pour être un lieu de consommation et de trafic de drogues (2). Les autorités ont volontairement mis à l’écart 27 personnes en errance, souvent SDF, souffrant d’addictions, voire de pathologies psychiatriques lourdes (3).
Une politique d’enfermement des personnes étrangères plus que questionnable
Ces événements récents illustrent une réalité cynique. L’enfermement en centre de rétention peut être décidé sur la seule base de suspicion d’une irrégularité administrative, sans condamnation judiciaire pour crime ou délit. En l’absence de documents d’identité, la probabilité de renvoi effectif dans un certain nombre de pays bien connus est minimale. Le placement en centre de rétention est alors perçu, non sans raison, comme une peine de privation de liberté sans contrôle juridique.
En matière de communication politique, ce même placement en centre de rétention est utilisé comme une démonstration de force simpliste et sécuritaire. Pour autant il ne résoud rien : à leur sortie du centre de rétention, les jeunes hommes concernés n’auront toujours aucune perspective d’insertion autres que l’économie de la drogue. Eux-mêmes et leurs entourages seront encore plus convaincus de la xénophobie de l’administration française. Aucune solution n’aura été apportée aux situations de vulnérabilités et de violences urbaines. La force et la violence de l’état auront donc été mobilisées à grand frais sans que cela ne fasse avancer la perspective d’une solution durable.
Ce lundi 28 novembre, portée par sa conscience professionnelle, l’équipe médicale du CRA de Saint Exupéry a pu négocier son retour, sous la protection de deux fonctionnaires de police. Cette réponse provisoire ne répond pas de manière pérenne au problème de fond dû aux politiques d’internement administratif renforcées par le Ministre de l’intérieur depuis cet été.
(3) Cimade, 7/10/22, https://www.facebook.com/profile.php?id=100063478304037
Auteur: Région Auvergne Rhône-Alpes
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