Charter affrété par Frontex : 58 personnes géorgiennes expulsées au mépris de leurs droits
COMMUNIQUE DE PRESSE CIMADE / MRAP 35 Rennes, le 2 mars 2024 « En fin de journée, le mercredi ...
Des retenus du centre de rétention administrative (CRA) de Rennes ont entamé une grève de la faim lundi. Ils protestent contre leurs conditions de rétention : présence de nuisibles, manque de soins, traitement méprisant des policiers… Voici leur témoignage.
Communiqué des personnes enfermées au CRA de Rennes :
Au centre de rétention de Rennes, nous n’avons aucun droit ici, ils sont bafoués. On s’acharne sur nous.
Voilà comment ça se passe une journée au Centre de rétention :
Les policiers nous réveillent tous les matins, sans un bonjour. Ils claquent les portes et allument la lumière. Ils rentrent parfois dans nos chambres, la nuit, pour rien. Il n’y a pas de respect et on entend des «c’est moi le chef, je fais ce que je veux.»
Ensuite de 9h à 11h, on est dehors. Soit disant il y a le ménage donc ils ferment les chambres mais c’est encore sale après. Il y a des souris et des cafards. On va parfois demander des choses à l’accueil mais ils nous disent d’attendre ou veulent rien nous donner. Il n’y a pas de rapports humains.
Si on avait le moral, on ferait un peu de sport mais ce n’est pas le cas.
Puis à partir de 12h, ils nous appellent comme des animaux pour aller manger. Il y a une brigade qui nous laisse manger tous ensemble et on s’assoit où l’on veut alors que l’autre fait des groupes de 5 et nous place.
Parfois on a du porc alors que certains n’en mangent pas et la police nous dit «tu manges ce qu’on te donne ici.». On nous force aussi à manger de la viande alors qu’on sait que pour certains d’entre nous elle n’est pas halal.
Puis l’après-midi, de 13h à 15h, tout est fermé. On ne peut même pas acheter une bouteille d’eau. On ne fait rien, on est des zombis, on est des animaux.
Après 15h, on ne fait rien non plus. Parfois on nous donne un ballon et parfois on ne peut même pas le prendre. On attend 19h, le repas.
De 19h à 21h, on mange puis on ne fait rien.
A 21h, ils ferment les cages. Ils nous enferment dans les bâtiments où nous avons nos chambres, comme dans un zoo. On entend aussi des phrases racistes. Dans certaines chambres il y a une télé mais pas dans toutes. On est enfermés donc si une personne essaye de se suicider, on ne peut rien faire.
On a du mal à dormir, on fait des nuits blanches et des cauchemars.
Sinon, au centre on peut acheter que des cigarettes. On a une tondeuse et un coupe ongle pour tout le monde.
Pour eux, on est de passage donc nous n’avons pas autant de droits. Certains n’ont même pas d’habits, rien. Ils nous disent «qu’il est temps que vous rentriez chez vous.»
Mais, ils ne nous préviennent pas quand les vols sont annulés. Les médecins, on les demande plusieurs fois mais on ne les voit pas souvent.
En fait, ils sont contents quand on rentre au bled.
Ce qui nous choque le plus c’est que nous ne soyons pas respectés. Qu’on nous insulte et qu’on nous pousse à bout. C’est aussi l’abandon que l’on ressent. Une personne a fait une tentative de suicide il y a quelques jours et elle n’a vu aucun médecin, aucun infirmier. Ils l’ont laissé comme ça. Et puis, le racisme aussi envers nous, la façon dont les policiers nous parlent.
C’est par rapport à tout ça qu’on a décidé de commencer une grève de la faim. On attend que quelque chose change. Pas pour nous forcément mais pour le futur, pour les autres. Pour l’instant ils font du chantage : tu manges pas donc tu n’as pas le droit de jouer à la Nintendo. C’est pour calmer les personnes.
Nous, ce qu’on veut c’est que nos droits soient respectés.
Des gars du CRA de Rennes
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Photographie : Centre de rétention de Rennes, avril 2018. © Thierry Pasquet
Auteur: Service communication