« Étranges étrangers » : deux éditions très réussies du spectacle sur l’exil
Deux rencontres artistiques et engagées dans le cadre de Migrant'scène, avec le même succès. ...
Déni du droit et répression à la frontière alpine, harcèlement voire inculpation et condamnation des citoyens solidaires « maraudeurs »… Alors que la situation s’aggrave, Tous Migrants soutenu par les associations Amnesty International France, La Cimade, Médecins du monde, Médecins sans frontières et le Secours Catholique expriment leur solidarité envers les personnes engagées dans les actions de secours.
Nous étions environ quatre cents hier soir à la nuit tombante pour soutenir les personnes engagées dans les « maraudes » de secours autour de la frontière, et éprouver avec eux dans le froid et le vent les conditions de ce travail éprouvant.
Le 6 février dernier, un jeune homme exilé d’une vingtaine d’années est mort de froid entre Montgenèvre et Briançon, après avoir cheminé par la montagne enneigée, en provenance d’Italie. En moyenne sept personnes par jour, souvent des mineurs, passent le col malgré des conditions climatiques extrêmes.
Or les personnes engagées dans les « maraudes » de secours sont mises en causes et arrêtées par la police et, pour certaines, poursuivies en justice et jugées. Jean-Claude Mas, secrétaire général de La Cimade a réaffirmé l’engagement de l’association aux côtés de ces personnes solidaires.
La foule portant des lampions et accompagnée d’une fanfare est arrivée devant la police aux frontières, et a fait face au cordon de policiers et de gendarmes, auxquels ont été lus à haute voix les récits de violences policières portés sur des panneaux.
Moment très fort : « Vous avez le droit de désobéir « a conclut le porte parole de la Ligue des droits de l’Homme.
Lire plus bas le témoignage d’un participant à la maraude
Voir la vidéo de François Lejault, du groupe local d’Aix-en-Provence :https://vimeo.com/325368179
» C’était instructif, émouvant. A 18 heures,
nous étions environ 300 (plus de vieux que de jeunes). Nous avons
entendu des témoignages forts, puis nous avons été invités à une
première maraude, une marche en montagne dans la neige plus ou moins
damée (pas facile), qui s’est terminée devant les locaux de la PAF. Là,
des messages écrits sur des pancartes ont été montrés et lus,
témoignages d’interventions violentes de certains policiers, maltraitant
les migrants, les humiliant, les renvoyant en Italie sans ménagement,
parfois sans leurs chaussures, même quand ils sont mineurs. Ensuite,
retour au lieu d’accueil pour une bonne soupe.
Il était 23 heures. Ceux qui pouvaient rester se sont alors répartis en
groupes d’une cinquantaine de personnes pour d’autres maraudes, prêtes à
accueillir dignement et à réconforter les migrants qui ont passé la
frontière et qui sont la menace des policiers, gendarmes, CRS.
Eux aussi sont en groupes, des brigades d’une quinzaine d’hommes jeunes,
bien équipés, avançant sans allumer leur frontale. La lune n’était pas
pleine, mais elle éclairait suffisamment la montagne et ceux qui
marchaient…
On a aperçu trois migrants sur les hauteurs, qui ont pu passer (sont-ils
arrivés jusqu’au « Refuge associatif » à Briançon ?), puis un quatrième en
retrait sur lequel une brigade a foncé. Il n’a pas tenté de s’échapper,
il devait être à bout de force.
Quand les flics sont revenus vers la route où était leur camion, on a
fait barrage. On a entouré le groupe, sans aucune violence, et crié des
slogans : « Liberté », « Justice », « Droit d’asile », « Solidarité »,
« Laissez-le partir », « Hôpital ». C’est terrible d’assister à
l’arrestation en direct d’un jeune Africain. J’imaginai les épreuves
qu’il a dû traverser, en Libye, en Méditerranée, en Italie avant
d’arriver en France. Une autre brigade de policiers est arrivée et nous
sommes repartis, impuissants. On a téléphoné au 112 mais, quand on a
croisé l’ambulance, 20 minutes plus tard, l’Africain était dans le
camion bleu, probablement revenu en Italie.
Sur la route du retour, on a parlé de ces injustices, de ce manque
d’humanité de notre beau pays riche… »
Pour aller plus loin :
Auteur: Région Sud-Est
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