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Océan Indien

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Pour l’avenir de Mayotte, l’Etat promet toujours plus d’inégalités

20 février 2024

Alors que la colère gronde à Mayotte et que les revendications se font plus pressantes que jamais pour un alignement des droits du plus jeune département français au reste du territoire, l’Etat répond par toujours plus d’inégalités et propose de creuser encore le fossé entre le régime d’exception déjà en vigueur sur l’île et le droit commun, remettant profondément en cause le principe d’indivisibilité de la République.

Gérald Darmanin n’aura pas perdu de temps. Quelques jours seulement après la nomination de la nouvelle Ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux, il profite d’un énième déplacement à Mayotte pour faire des annonces toujours plus dogmatiques et xénophobes en réponse aux revendications des collectifs citoyens qui paralysent Mayotte depuis plusieurs semaines. L’île de l’Océan Indien est une nouvelle fois victime des impérities et des dangereux calculs de nos gouvernants, qui laissent présager des conséquences désastreuses pour toute la population. 

La remise en cause totale du droit du sol constituerait une rupture majeure infligeant une profonde entaille dans la conception française de l’accès à la nationalité et consacrerait un droit différencié entre Mayotte et l’Hexagone. Pourtant, elle n’aura d’impact ni sur les mouvements migratoires ni sur la sécurité des habitant.e.s de l’île : la seule conséquence en sera, comme à chaque fois, une précarisation et une mise en danger accrues des personnes étrangères, préjudiciables à l’ensemble de la population. Cette annonce constitue un absurde paradoxe et une imposture : tandis qu’il poursuit le renforcement du régime d’exception déjà largement dégradant pour les droits humains, l’État prétend traiter les mahoraises et mahorais de façon égale avec leurs concitoyen.ne.s. La fuite en avant vers toujours plus d’infra-droit, de logiques dérogatoires et attentatoires aux liberté individuelles va continuer à entraîner Mayotte dans la spirale de l’exclusion, des divisions communautaires et la fracture sociale.  

Sous couvert de mesures qui se voudraient “radicales” face à la situation mahoraise, le ministre de l’Intérieur ouvre en réalité une boite de Pandore qui constitue un dramatique point de bascule : diverses forces politiques réclament d’ores et déjà une remise en cause totale du droit du sol en France ainsi que l’ajout dans la réforme constitutionnelle de la possibilité de se soustraire aux traités internationaux.

Comme si ces entailles aux principes constitutionnels ne suffisaient pas, c’est sur un ton martial qu’est en outre annoncée l’instauration d’un véritable “rideau de fer maritime” entre Mayotte et les autres îles de l’archipel des Comores, déjà séparées par un arsenal militaire et par un visa Balladur ayant eu pour seules conséquences des drames humains en série dans les bas-fonds de l’Océan Indien.

C’est pourtant d’apaisement, de lutte contre la montée du racisme et de perspectives de développement à long-terme dont l’île aurait besoin. Ces mesures indignes sont vaines et échoueront à ramener la paix sociale tant que l’insécurité sera perçue comme le seul fait de personnes étrangères et non comme ce qu’elle est : le fruit d’un délaissement orchestré de l’île et d’un défaut de vision stratégique pour répondre aux besoins de protection ainsi qu’aux enjeux socioéconomiques, éducatifs et sanitaires du territoire. 

Enfin, la baisse annoncée de 90% de délivrance de titres de séjour ne pourra qu’aggraver la vulnérabilité et les ruptures, pour des personnes qui pourraient prétendre de plein droit à un séjour régulier parce que leurs attaches familiales et professionnelles sont en France. Prétendre déterritorialiser des titres de séjour qui ne seront plus délivrés représente une énième tromperie. Nous demandons que soient effectivement délivrés les titres de séjour prévus par le droit à Mayotte et qu’ils soient valables sur tout le territoire national.

A l’heure où Mayotte semble définitivement écartée du principe d’égalité des droits, nous pouvons raisonnablement nous demander si l’île est encore un territoire de la République ou une possession d’un autre âge régie par des politiques aux douloureux relents coloniaux.

Auteur: Service communication

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