Charter affrété par Frontex : 58 personnes géorgiennes expulsées au mépris de leurs droits
COMMUNIQUE DE PRESSE CIMADE / MRAP 35 Rennes, le 2 mars 2024 « En fin de journée, le mercredi ...
Adem est resté en France au moins 40 ans sans papiers.
« Depuis que je suis en France en 1981, j’ai commencé à travailler et à faire mes études aussi. Quand j’ai travaillé, j’ai été embauché en CDI et après comme je n’avais pas de réponse de l‘OFPRA, mon employeur m’a déclaré pour que j’ai une carte de séjour. J’ai fait les démarches comme il fallait. Et arrivé au bout, la carte de séjour n’a pas été délivrée. On m’a expliqué qu’il y avait trop de chômeurs en France mais pourtant j’étais déjà en France et je travaillais. A partir de là j’étais bloqué, je pouvais plus travailler, ni faire mes études. Je faisais toujours des démarches mais ça n’aboutissait pas. Je ne comprenais pas pour quelle raison. Je suis restée 4 années sans papier. Comme tout le monde, quand on ne peut pas se payer à manger on fait des bêtises. C’était encore une bonne occasion de ne pas me donner des papiers.
Ça m’a fait du mal d’arriver au point que je commence à faire des bêtises, à cause de pas avoir des papiers. Je suis resté en France au moins 40 ans sans papiers. J’ai été dans des associations, j’ai fait des manifestations et j’ai été affiché à l’ambassade de mon pays. J’ai demandé plusieurs fois le réexamen de mon dossier à l’OFPRA et ça ne marche toujours pas. Dès que je fais des réexamens c’est pareil, refusé.
Je ne comprends pas, les autorités françaises ont eu un laissez-passer de mon pays. Ça fait 40 ans que je suis en France et entre les années 80 et 90 il y a eu 2 fois des pillages dans mon pays. Le troisième en 1997. Tout le monde a fui le pays, les ministres etc. Tous les bureaux ont été saccagés. Au moment où je vous parle, au Congo il n’y a même pas de carte d’identité. Moi j’ai quitté le pays il y a 40 ans et je ne sais pas comment ils ont fait pour me reconnaitre dans ce pays où il n’y a plus de carte d’identité. »
Adem a été expulsé sans test PCR après 62 jours d’enfermement, à l’occasion de son deuxième placement en rétention de l’année et après une condamnation de 4 mois de prison pour refus de test.
La Cimade publie les témoignages des personnes qu’elle accompagne, en particulier dans les centres de rétention. Une parole libre d’une personne enfermée. Une parole qui permet de saisir les conséquences des politiques à l’égard des personnes en migration. Des textes, des extraits sonores ou des vidéos recueillis par les intervenant·e·s de La Cimade.
Photographie : centre de rétention administrative de Rennes, décembre 2020. © Jérémie Lusseau / hanslucas.com
Auteur: Région Bretagne Pays de Loire