Accueil des migrants : « Le pape est là pour nous rappeler notre devoir d’humanité »

La vingtaine d’associations faisant partie du collectif “Migrants en Isère” a très bien accueilli les discours de Marseille, surtout dans le contexte actuel. « Le pape est une voix très puissante, puisqu’au-delà des religions, il est une autorité morale, rappelle Stéphane Dezalay. Il élève le débat et pas seulement sur le plan moral, il rappelle les droits fondamentaux : le droit de circuler, le droit d’être accueilli dans un pays et le droit aussi de rester dans son pays. »

Stéphane rappelle que, « à chaque fois que le pape parle, que ce soit à Marseille, en Grèce, ou à Lampedusa, il y a un écho mondial de ses paroles et c’est un discours qui encourage tous ceux qui viennent en aide aux migrants. Et c’est très important parce que les bénévoles, ils se posent plein de questions. La tâche est immense et ils se demandent parfois s’ils ont la force d’accomplir leur mission. Le pape est là pour nous rappeler notre devoir d’humanité. »

L’écho de ce discours est d’autant plus important en France « car nous avons un discours politique à sens unique dans notre pays sur la fermeture et sur la fermeté. […] C’est univoque, il n’y a pas de débat. Les Français qui s’interrogent sur le bien-fondé de tout cela se demandent si on n’a pas raison de fermer les frontières. On a tendance de plus en plus à trouver cela normal que le ministre parle de délinquants. Il y a une espèce d’habitude de penser que les exilés ne devraient pas être là. Le pape vient secouer tout cela et rappeler que l’on parle de l’humain, des droits fondamentaux et que fermer les yeux sur cela, faire comme si les gens ne devraient pas venir, est une impasse ».

Stéphane Dezalay espère également qu’au-delà d’un changement de mentalité dans la société, cette prise de parole vienne encourager des personnes « à basculer dans le bénévolat », notamment à Grenoble. Car les associations en ont énormément besoin « que ce soit pour les permanences juridiques, les cours de français langue étrangère, pour l’accueil des mineurs, le logement, l’accompagnement social… ».

Aussi car à l’image de la situation dans le reste de l’Europe, liée à la fermeture de la route des Balkans et aux tensions en Tunisie et en Libye, les arrivées sont plus nombreuses dans la capitale des Alpes en ce moment, même si elles restent très difficiles à chiffrer. « Il y a un certain nombre de permanences qui sont restées ouvertes cet été et où on a vu du monde, et à la rentrée, on a énormément de demandes qui arrivent, indique Stéphane Dezalay. Il y a un regain et surtout, il y a de plus en plus de mineurs qui arrivent alors que cela s’était un peu calmé. Et on a de plus en plus de mal à trouver des solutions pour les mettre à l’abri parce que tout est saturé. »

« Les équipes font face mais elles sont débordées. C’est très préoccupant », conclut Stéphane dans cet entretien.

Auteur: Région Auvergne Rhône-Alpes