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Acharnement du préfet de l’Aisne contre une famille irakienne exilée

16 septembre 2019

Même quand une société entre en crise et que ses valeurs vacillent, certains hommes ou femmes se distinguent par leurs principes moraux exceptionnels. C’est ainsi que le préfet de l’Aisne a été nommé chevalier de l’Ordre National du Mérite et Chevalier de la Légion d’Honneur le 9 mai 2016. Mais alors, comment est-il possible qu’une personne si hautement décorée s’acharne contre une famille irakienne dont le seul tort est d’avoir pris le chemin de l’exil pour fuir l’instabilité chronique de son pays d’origine et garantir un avenir à ses enfants ?

La famille N. a quitté l’Irak pour se réfugier en Europe et déposer une demande d’asile en Autriche ; ils sont toutefois débouté·e·s en juin 2018. Par peur d’être expulsé·e·s en Irak, ils continuent leur exil vers la France. Les deux aînés des 4 enfants – âgés respectivement de 2, 5, 10 et 13 ans –, sont rapidement scolarisés. Quant à eux, les parents, tou·te·s deux affecté·e·s par des problèmes de santé qui nécessitent un suivi médical régulier, commencent un parcours de soin. C’est le début d’une nouvelle vie, la possibilité de se reconstruire dans un pays en paix. Néanmoins, le préfet de l’Aisne en décide autrement : la famille est « dublinée ». Autrement dit, le préfet lui refuse la possibilité de demander l’asile en France et lui ordonne de repartir en Autriche, pays qui a déjà rejeté sa demande d’asile et qui est donc susceptible de l’expulser sans sommation vers l’Irak.

 

Le 2 juin 2019, la famille est interpellée pour être enfermée au CRA du Mesnil-Amelot. Stratégie plus qu’habituelle en préfecture : le préfet a prévu un vol pour Vienne dès le lendemain matin et souhaite avoir les 6 membres de la famille à disposition. La peur d’être expulsée en Irak par la police autrichienne l’emporte cependant sur la tentative d’intimidation du préfet et le stress de l’enfermement ; la famille refuse de monter dans l’avion. Le préfet n’en démord pas : au lieu de les libérer, il décide de demander la prolongation de leur rétention, même si cela signifie enfermer 4 enfants et 2 adultes malades – en rétention, l’état de santé de la mère se détériore, elle enchaîne les crises de tétanie.

 

La famille ne retrouvera la liberté qu’après 14 jours d’enfermement, à la suite d’une injonction de la Cour européenne des droits de l’homme – qui, rappelons-le, avait condamné à 5 reprises la France à l’été 2016, considérant l’enfermement en rétention de familles avec mineurs comme un traitement inhumain et dégradant.

 

Est-ce que l’expulsion de cette famille mérite vraiment qu’on lui impose cette humiliation, ce déni des droits fondamentaux, cette violence institutionnelle ? Oui, selon le préfet-chevalier de l’Aisne. En effet, à peine 2 mois plus tard, le dimanche 18 août, il récidive et organise une descente de police directement au domicile de la famille. En l’absence du père, les policiers embarquent la mère et tous ses enfants, direction le Mesnil-Amelot. Le plan d’action est le même que la première fois, le préfet-chevalier s’imaginant sans doute qu’un seul (plutôt que les deux) parent opposera moins de résistance ; qu’importe si cela signifie séparer une famille, priver 4 enfants de leur père et les laisser à la charge exclusive d’une mère malade. Heureusement, la famille, bien qu’amputée du père, réussit à refuser l’avion et est une nouvelle fois libérée, cette fois par le juge des libertés et de la détention.

 

Qu’entend désormais faire le préfet de l’Aisne ? Continuer à harceler cette famille ? Un geste enfin bienveillant de sa part ne serait-il pas considéré comme plus digne ? Ne pourrait-il permettre à cette famille de se régulariser ou, au moins, de déposer une demande d’asile en France ?

Auteur: Admin_Ile_de_France

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