« Étranges étrangers » : deux éditions très réussies du spectacle sur l’exil
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ce week-end du 7-8 avril : vendredi, cinquante personnes ont passé la frontière, et dans la nuit du samedi au dimanche, cinquante autres ont également tenté leur chance. Elles sont arrivées dans la ville par dizaines, vers 5h du matin, sans avoir aucun lieu où dormir, ni s’abriter, ni partir, car le Refuge solidaire est saturé. Les différents collectifs Briançonnais ont donc investi la gare hier soir.
Il s’agit de manifester une crise de l’accueil à Briançon : c’est un message politique adressé à la mairie, à la communauté de communes et à la préfecture – et non pas seulement une initiative humanitaire.
Depuis quelques semaines, les passages par la frontière haute des Alpes ne cessent d’augmenter : alors que cet hiver entre quinze et trente personnes arrivaient à Briançon chaque jour, cela fait plusieurs fois que cinquante, jusqu’à soixante-dix personnes arrivent, et ce pendant plusieurs jours d’affilée.
Cette situation met en difficulté, même en péril, les structures d’accueil bénévoles mises en place par les citoyen-nes solidaires de Briançon. Le Refuge solidaire, qui fait office de lieu d’hébergement d’urgence pour toutes les personnes qui arrivent depuis la frontière, ne peut plus assurer correctement un accueil digne. Le bâtiment, dont la convention avec la communauté de commune prévoit qu’il accueille 15 personnes, se retrouve régulièrement à contenir entre 50 et 80 personnes. Comment continuer à maintenir une écoute, une orientation pour les projets de chaque individu vers le reste de la France, des soins de santé appropriés, alors que les dortoirs sont pleins à craquer, qu’aucune intimité n’est possible, que les espaces collectifs sont trop petits et que les bénévoles sont épuisé-es ?
Si la situation a pu se maintenir jusqu’à présent, c’est parce que les départs quotidiens en train et en bus permettaient d’assurer un roulement constant dans la population accueillie au Refuge. Prévoyant une situation de rupture au moment des grèves de train, les différents collectifs de Briançon avaient décidé d’occuper la gare si une urgence se déclarait. La gare est un lieu stratégique car il bénéficie des infrastructures de base en termes de chauffage, de sanitaires et d’électricité ; il se situe juste en face du Refuge, permettant aux bénévoles de ne pas disperser leurs forces ; et enfin, il permet de manifester un soutien indirect au mouvement de grève des personnels de la SNCF.
La rupture a eu lieu ce week-end du 7-8 avril : vendredi, cinquante personnes ont passé la frontière, et dans la nuit du samedi au dimanche, cinquante autres ont également tenté leur chance. Les personnes migrantes avaient été averties du blocage de la situation à Briançon grâce à l’accueil temporaire qui est fait dans la salle paroissiale occupée à la frontière, côté italien (baptisée « Chez Jésus ») ; mais elles ont néanmoins voulu tenter leur chance. Ainsi, elles sont arrivées dans la ville par dizaines, vers 5h du matin, sans avoir aucun lieu où dormir, ni s’abriter, ni partir, car le Refuge solidaire est saturé.
Les différents collectifs Briançonnais (Tous Migrants, Refuges Solidaires, la cellule Médicale, le squat Chez Marcel) ont donc investi la gare hier soir avec l’accord du maire de la ville. Un appel a été lancé pour des biens de première urgence : matelas, couvertures, nourriture. La salle paroissiale Sainte-Thérèse a ouvert ses portes aux femmes et aux enfants. Pour les jours à venir, on réclame des soutiens en termes de matériels, de bénévoles et de militant-es pour rester sur place et protéger les personnes migrantes d’une évacuation policière.
La gare est un lieu d’accueil précaire, menacé d’expulsion ce matin encore par la police. La visée de cette occupation n’est aucunement d’investir un nouveau lieu durable d’hébergement, mais de manifester au contraire une crise de l’accueil à Briançon : c’est un message politique adressé à la mairie, à la communauté de communes et à la préfecture – et non pas seulement une initiative humanitaire.
Depuis plus d’un an, des citoyen-nes solidaires de Briançon ont mis en place un réseau d’accueil extraordinaire grâce à des forces bénévoles qui ont assuré l’arrivée, l’orientation, l’hébergement, la nourriture, et les soins médicaux de plus de trois mille personnes. Mais les forces viennent à manquer et les bénévoles s’épuisent devant l’augmentation continue des arrivées. Cette occupation est donc l’occasion pour les associations de réclamer un soutien de la part des mairies voisines, et de grosses ONG, surtout en termes d’infrastructures d’hébergement.
Mais les débats continuent d’abonder parmi les bénévoles. Le souci demeure de continuer à offrir un accueil digne, à taille humaine, pour les personnes qui arrivent, et de ne pas sacrifier cet élan humain et local à une gestion froide et impersonnelle qui est régulièrement celles des structures d’accueil officielles.
Par ailleurs, tout en réclamant l’attention de l’Etat, et cherchant à le renvoyer à sa responsabilité d’accueillir les personnes vulnérables, demandeuses d’asile, ou mineures, les citoyen-nes briançonnais-es sont conscientes du danger que représente une prise en charge étatique des infrastructures d’accueil des personnes étrangères, sous le ministère de Gérard Collomb : si les lieux d’accueil et d’hébergement à la frontière deviennent des zones de tri, d’enfermement ou d’expulsion des étranger-es indésirables, la bataille pour la fraternité et l’accueil inconditionnel sera perdue.
Cette mobilisation locale s’inscrit donc dans tout une série de réflexions et de remises en causes de la politique migratoire Française au moment où la nouvelle loi sur l’asile et l’immigration est grandement contestée. Elle s’inscrit aussi dans un mouvement social de grèves et de mobilisations contre le gouvernement, et surtout contre le ministère de Gérard Collomb.
Auteur: Région Sud-Est
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