Ecoutez-moi, j’ai quelque chose à dire.
Le collectif "Exils en scène" présente "Chœur d'Exil", une pièce théâtrale conçue et mise en ...
Texte d’Anaïs Vogel et Ludovic Holbein, lu au début de leur conférence de presse , le mercredi 17 novembre 2021, à l’église Saint-Pierre à Calais, après 37 jours de grève de la faim.
(1ère partie lue par Ludovic)
Aujourd’hui, c’est notre 38e jour de grève de la faim, débutée le 11 octobre dernier suite au décès de Yasser, du démantèlement de la zone de l’hôpital et de l’augmentation du harcèlement envers les personnes exilées. Depuis ce jour, nous demandons, pour la trêve hivernale, la cessation des traitements inhumains et dégradants dans le Calaisis par l’arrêt des expulsions, de la confiscation des affaires des personnes et l’ouverture d’un dialogue.
Après plusieurs semaines de grève et une médiation infructueuse pour ne pas dire inexistante avec Didier Leschi, nous avons enfin reçu, le 13 novembre dernier un courrier de Pierre de Bousquet, directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur, qui au nom du président de la république Emmanuel Macron, nous annonce que notre 1ère revendication, l’arrêt des expulsions, préambule nécessaire à tout dialogue, ne sera pas satisfaite ‘‘afin d’empêcher coûte que coûte que ne se reconstitue un campement d’indignité’’.
Il y a deux jours sortait le 17e arrêté listant les lieux où sont interdits la distribution de nourriture et d’eau. La liste des lieux où un citoyen est verbalisé pour donner une bouteille d’eau est à chaque fois un peu plus longue et s’étend maintenant hors du centre-ville de Calais.
Hier, l’État organisait des opérations d’expulsions massives à Calais et à Grande-Synthe avec mises a l’abri forcée. Des tranchées ont été creusées, des lieux de vie enrochés… c’est cela la preuve de l’ouverture d’un dialogue ? N’est-ce pas cela qui crée des campements indignes ?
Depuis le début de la grève de la faim, 4 personnes au moins ont perdu la vie, 6 autres sont portées disparues et 1 est hospitalisée dans un état très critique. Ces drames sont les conséquences des politiques actuelles mises en place, ne l’oublions pas.
Nous sommes très fatigués et en colère. Nous ne sommes pas écoutés, le dialogue est fermé.
Le harcèlement quotidien que subissent les personnes exilées et la réponse que nous avons reçue mettent en lumière que les intérêts électoralistes sont plus important que le respect des droits fondamentaux.
Nous ne sommes plus en capacité de lutter à travers la grève de la faim, c’est pourquoi nous avons décidé d’y mettre un terme aujourd’hui.
Aucune réponse satisfaisante n’a été apportée à nos revendications et la maltraitance d’État continue. Mais le gouvernement a posé par écrit quelques engagements minimes sur lesquels nous ne céderons pas :
1- Avant chaque évacuation, un délai sera laissé aux personnes afin qu’elles puissent récupérer ce qui leur appartient.
2- Le gouvernement accepte de mettre en place une instance de dialogue où toutes les associations, et des représentants des personnes exilées seront représentées.
3- Enfin, il s’engage à faire fonctionner le « sas » de mise à l’abri, en indiquant qu’il ne s’agit que d’« une étape vers un hébergement pérenne et sans condition ».
Nous tenons à signaler que, si au début de la trêve hivernale le rythme des expulsions a effectivement été légèrement ralenti et qu’une petite attention a été portée aux affaires personnelles, ce n’est déjà plus le cas. Les expulsions ont repris tous les deux jours et le vol des affaires, tentes, sacs de couchage, couvertures, est de nouveau constaté par les équipes d’Human Rights Observer.
Si un SAS a effectivement été ouvert le 3 novembre pour permettre la mise à l’abri de personnes, il se voit déjà refermé depuis deux nuits pour raisons techniques. L’information quant à son efficacité et son fonctionnement reste difficile à obtenir. Il semblerait, d’après la presse, que Didier Leschi regrette le trop peu de monde qui, après la nuit d’hébergement, accepte l’orientation. Nous avions prévenu le médiateur de cela dès notre première rencontre, et avions insisté sur la nécessité d’instaurer un dialogue basé sur la confiance avec les personnes exilées, ce qu’un moratoire sur les expulsions aurait permis.
Comme d’habitude, nous n’avons pas été écoutés. Cet exemple résume à lui seul le manque de considération apporté par le gouvernement à l’expertise des associations présentes quotidiennement sur le terrain.
(seconde partie, lue par Anaïs)
Aujourd’hui, j’ai honte des hommes et femmes politiques qui prétendent représenter la France mais je suis fière du mouvement citoyen qui s’est créé autour de cette grève de la faim.
Pour la 1ère fois depuis plusieurs années, les médias et l’opinion publique se sont intéressés à nouveau au quotidien inhumain des personnes exilées à Calais. La mobilisation citoyenne est incroyable :
Nous remercions du fond du coeur Philippe avec qui nous avons partagé cette grève, les dizaines de milliers de personnes, les centaines d’associations, les parlementaires, les personnalités qui ont agi pour que nos revendications aient un écho maximal auprès du Président de la République et des autorités compétentes.
Nous remercions les journalistes et les médias qui ont couvert avec sérieux et assiduité l’actualité de notre action. Merci à l’équipe médicale qui nous a suivi quotidiennement et à l’équipe de l’église Saint-Pierre qui nous a accueillis.
Leonard Cohen disait ‘’Il y a une fissure dans toute chose : c’est ainsi qu’entre la lumière’’ alors aujourd’hui soyons cette lumière. Ensemble, luttons ! Pas pour l’un contre l’autre mais l’un avec l’autre. Je crois que c’est la seule façon d’y arriver !
En continuité du jeûne de soutien du 10 novembre, suivi par plus de 300 membres du mouvement Emmaüs, Emmaüs France et Emmaüs Europe appellent tous les citoyens à jeûner à nouveau pendant 24 heures ce vendredi 19 novembre. Soyez-en !
De notre côté, nous partons aujourd’hui à Paris pour participer à la soirée de soutien à Mimmo Lucano à la Bourse du travail ! Et nous organisons une grande manifestation qui aura lieu dimanche dès 15h place Stalingrad dans la capitale. Venez nombreux pour dénoncer ces politiques de maltraitance !
Je voudrais finir par un message pour Emmanuel Macron et les autres : « Pendant ces 37 jours sans nourriture, on a eu l’énergie de se battre pour que les droits humains soient respectés alors imaginez maintenant qu’on va manger ! On ne va pas vous lâcher ! »
Auteur: Service communication
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