Des clusters et des humains : l’administration française pompier pyromane de la crise sanitaire
En pleine 5ème vague de Covid-19, alors que des centaines de milliers de personnes sont contaminées chaque jour et que des appels à la vigilance et au respect des mesures barrières sont assenés dans tous les médias, la politique d’enfermement continue de battre son plein dans tous les CRA de France, quel qu’en soit le prix.
En rétention administrative, le virus – et principalement le variant omicron – se propage à toute vitesse, notamment depuis début décembre. Dans l’hexagone, des clusters se sont déclarés dans tous les CRA où la Cimade intervient, ainsi que dans beaucoup d’autres CRA, avec des conséquences désastreuses pour la sécurité sanitaire et le respect des droits des personnes enfermées.
Aucun protocole clair ne semble prévu par l’administration dans ces situations : dans certains CRA comme à Toulouse, Rennes, Hendaye ou Bordeaux, des « septaines » sont déclarées, avec un arrêt temporaire des entrées et des rendez-vous extérieurs ; dans d’autres CRA comme au Mesnil-Amelot, seuls certains bâtiments sont isolés et les placements de nouvelles personnes continuent. Dans tous les cas, ces pratiques sont synonymes de violations des droits et mépris de la sécurité sanitaire des personnes enfermées.
Pire encore, beaucoup de personnes ont été contaminées au Covid-19 au sein même d’un centre de rétention, alors qu’elles étaient non porteuses du virus en y arrivant.
Dès le début de la crise sanitaire, et alors que le pays entier se confinait et que les frontières fermaient une à une, rendant les expulsions impossibles, les centres de rétention ont continué à fonctionner. L’enfermement et l’expulsion des personnes exilées restent une priorité pour le gouvernement, même en temps de crise sanitaire mondiale. La réalité statistique montre pourtant qu’en presque deux ans, le taux d’expulsion s’est effondré.
Cette logique du tout enfermement a poussé le gouvernement à transformer deux centres de rétention administrative, celui de Plaisir et celui de Lyon, en « CRA Covid », dédiés spécifiquement à recevoir les personnes retenues testées positives au Covid-19. L’objectif de permettre aux autres CRA de continuer à fonctionner malgré des cas de Covid déclarés est donc largement assumé, même si – ces deux CRA étant souvent pleins – des personnes testées positives restent enfermées aujourd’hui dans de nombreux autres CRA.
Devant cette situation de clusters généralisés, créés de toute pièce par l’acharnement de l’administration à laisser les centres de rétention ouverts, La Cimade a très vite décidé d’interrompre sa présence sur les sites où plusieurs cas positifs étaient diagnostiqués, à la fois pour protéger ses équipes ainsi que les personnes retenues et plus encore pour dénoncer la situation.
Dans ce contexte de clusters, l’accès aux droits des personnes enfermées en rétention est particulièrement dégradé. Les audiences auprès des différentes juridictions se font en visioconférence et parfois même simplement sur dossier, l’accès des personnes à leurs avocat.e.s est réduit voire inexistant, et leur situation invisibilisée. Même leurs liens sociaux sont rompus, les visites étant interdites pendant les périodes de « septaine ». Pire encore, nombreuses sont les personnes qui sont enfermées alors que leur état de santé présente des risques si elles devaient être contaminées par le Covid-19, sans aucune considération par l’administration.
La Cimade demande une nouvelle fois la fermeture des lieux de rétention administrative dans cette période de pandémie. La Cimade dénonce la politique d’enfermement à tout prix dont l’objectif paraît complètement disproportionné au regard des risques encourus, au mépris de la santé des personnes et de leur accès aux droits.
Auteur: Service communication