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Océan Indien

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Crise à Anjouan

29 mars 2008

Le point sur la situation à Anjouan après l’arrestation de Mohammed Bacar, auteur du coup d’Etat en 2001 et la réaction des membres du groupe local Cimade à Mayotte

Mohamed Bacar, homme fort de l’île d’Anjouan et auteur d’un coup d’État en 2001, a maintenu en 2007 des élections dont le gouvernement fédéral avait ordonné l’ajournement. Seul candidat à ne pas boycotter les urnes, il a été réélu mais ce scrutin a été rejeté par l’Union des Comores. Il est également accusé de viols, de tortures, d’emprisonnements arbitraires et de déplacement de populations.

Mardi 25 mars 2008, l’Union Africaine (UA) a dépêché plus de mille militaires tanzaniens et soudanais qui ont débarqué sur les plages d’Anjouan, lançant l’opération « Démocratie aux Comores ». S’en sont suivis deux jours de combats, qui ont fait au moins onze blessés parmi les civils. Des tirs à l’arme lourde et à la mitrailleuse ont été entendus, principalement dans les campagnes, où s’étaient réfugiés les fidèles du colonel Bacar.

L’armée comorienne et les troupes africaines sont entrées dès mardi, sans grande résistance, dans la capitale d’Anjouan, Mutsamudu, où une majorité d’habitants les ont accueillies avec soulagement. Le colonel Bacar est demeuré introuvable pendant deux jours. Sa résidence et le palais de la présidence ont été saccagés. Plusieurs dizaines d’habitants de villages proches de la présidence, dont les villages auraient été bombardés, ont fui les combats.

Dès mercredi, une administration provisoire a été désignée pour gérer l’île jusqu’à de nouvelles élections avec, à sa tête, Ikililou Dhoinine, l’un des vice-présidents de l’Union des Comores. Les partisans de Bacar ont été pourchassés et arrêtés.

Le colonel Mohamed Bacar a trouvé refuge sur l’île française de Mayotte, jeudi 27 mars, deux jours après le débarquement des troupes comoriennes. Il a demandé asile à la France, qui n’a pas encore répondu à cette requête mais pourrait organiser son transfert vers La Réunion.

L’annonce de la fuite de l’ancien président, très impopulaire, et l’éventualité d’un asile accordé par la France, a provoqué des mouvements de colère sur les trois îles qui composent l’archipel des Comores. Les autorités comoriennes ont, quant à elles, réclamé l’extradition du colonel Bacar et de « tous les rebelles en fuite ».

Jeudi 27 mars, des Anjouanais résidant à Mayotte ont organisé des protestations contre la présence de Mohamed Bacar. Des barrages anti-métropolitains ont été dressés, il y aurait eu de nombreux blessés. Des élèves et leurs enseignants seraient bloqués à l’intérieur de leur établissement à Kaweni.

Stéphanie Dekens, en charge de l’outre-mer à la coordination du service Défense des étrangers reconduits (DER) de la Cimade, rappelle que suite à sa demande adressée à la préfecture de Mayotte de moratoire des renvois des Comoriens vers Anjouan, le préfet avait répondu : « je suis bien conscient des évènements extrêmement préoccupants et dramatiques que vivent les îles voisines ainsi que des graves conséquences que subit la population de l’île autonome d’Anjouan. Cependant, la décision de suspendre les reconduites à la frontière ne m’appartient pas, s’agissant là de politique gouvernementale. C’est pourquoi je transmets ce jour votre courrier à Mme la Ministre de l’Intérieur, de l’outre-mer et des collectivités territoriales. »

Le nouveau secrétaire d’État à l’outre-mer, Yves Jégo, a tenu une conférence de presse vendredi 28 mars, à Mayotte.

Réactions

Nicole Gellot, journaliste RFO et membre du groupe Cimade, jeudi 27 mars

« Il n’y a pas de morts à Mayotte suite au mouvement de colère de ce jour. Le préfet l’a confirmé ce soir sur l’antenne de RFO. Selon lui, il y a 18 blessés dont un grave. C’est surtout en Grande-Terre qu’il y a eu des violences essentiellement dirigées contre les métropolitains du fait qu’ils sont associés à la France : une femme dans une voiture avec ses deux enfants a vu sa voiture caillassée. Un homme sur un scooter à été renversé à terre. Il y a sûrement d’autres cas. A la barge, de nombreuses voitures ont été cassées. Mais il faut préciser que le trafic des barges a été interrompu pour empêcher les anjouanais de se rendre dés le matin à l’aéroport où se trouvait Mohamed Bacar, dans un hangar. C’est à partir de ce moment là que la casse à commencé. Bacar a quitté Mayotte à 17h45 dans un Transall venu de la Réunion qui a amené des renforts de matériel et d’homme à Mayotte. C’est vrai que la situation était très tendue et que ça peut déraper à tout moment, mais il y a eu je trouve une dramatisation de la part de certains médias. Certains ont parlé de « coup d’état à Anjouan de la part des Tanzaniens » et à propos de Bacar, « un président contesté » alors qu’on oublie souvent de le rappeler il n’a été reconnu ni par l’Union africaine, ni l’Union des Comores et ni l’Union européenne. »

Auteur: Service communication

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