Ecoutez-moi, j’ai quelque chose à dire.
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A l’appel de France Libertés, fondation créée par Danielle Mitterrand, plusieurs associations se retrouvaient en Guyane, du 22 au 24 janvier pour mieux connaître les réalités de ce territoire d’exception en matière de droits des étrangers.
A l’appel de France Libertés, fondation créée par Danielle Mitterrand, plusieurs associations se retrouvaient en Guyane, du 22 au 24 janvier pour mieux connaître les réalités de ce territoire d’exception en matière de droits des étrangers.
Enclave française au cœur de l’Amérique latine, nous voici en Guyane, terre d’exception à plus d’un titre… Mosaïque de peuples originaires de tous les continents, ce département français n’en reste pas moins l’illustration d’une politique migratoire ultra-sécuritaire et irrespectueuse des lois de la République.
C’est pour mieux comprendre cette réalité qu’une délégation de la fondation France Libertés, conduite par Danielle Mitterrand, a sollicité la Cimade pour une mission en Guyane, en chemin vers le Forum Social Mondial de Belém au Brésil.
L’équipe de la Cimade en Guyane et les associations se sont mobilisées pour organiser une rencontre publique dans le quartier brésilien de Cayenne, à laquelle nous nous rendons peu après notre arrivée.
Nous voici plongées dans ce quartier, au nom révélateur de « B.P. 134 », rebaptisé depuis peu « Arc-en-ciel ». Nous sommes chaleureusement accueillis dans cet endroit de Cayenne où la plupart des « métros » ne s’aventurent pas. Ils ne savent pas ce qu’ils perdent…
Danielle Mitterrand évoque son passé de résistante et ce rêve qui naissait alors de construire une solidarité entre les peuples… Cette Europe des peuples ne s’est toujours pas faite, au profit d’une Europe économique et financière. Elle appelle les peuples à reprendre leur destin en main…
Puis viennent les témoignages des membres de la Cimade qui présentent un tableau édifiant de la situation des étrangers et décrivent leur travail quotidien dans ce coin de France où ils sont victimes de toutes les discriminations et aberrations du droit français.
Les expulsions sont massives et effectuées en moins de 48 heures à cause de l’absence de recours suspensif, cela empêche aussi les personnes retenues d’avoir accès au Juge des Libertés et de la Détention… Ce système expéditif et dérogatoire permet l’expulsion d’environ 10 000 personnes par an. Si on y ajoute les 16 000 expulsions par an de Mayotte, les expulsions dans les DOM-TOM sont aussi nombreuses qu’en métropole…
Les pratiques préfectorales ne sont pas conformes au droit pour l’obtention et le renouvellement de titres de séjour et contribuent à fabriquer des sans-papiers puisque nombre d’entre eux pourraient légitimement prétendre à un titre de séjour. . .
Les conditions d’accueil des migrants sont particulièrement indignes : entraves à l’accès à une couverture médicale, pas de Centre d’Accueil des Demandeurs d’Asile -CADA- alors qu’il leur est interdit de quitter le département et que les loyers sont exorbitants, pas d’antenne OFPRA…
De nombreuses personnes se succèdent au micro pour témoigner de cette réalité : cet homme père d’enfants français et menacé d’expulsion, cette femme brésilienne qui lutte pour pouvoir avoir accès à l’eau courante dans ce quartier où une famille sur deux n’a pas accès à l’eau potable, cette militante RESF qui, en réponse aux propos de Danielle Mitterrand sur la nécessité de valoriser d’autres formes de richesse, rappelle cette richesse immense que constitue tous ces enfants sans-papiers scolarisés. ..
On évoque aussi le destin tragique de ce jeune orpailleur Brésilien, interpellé par les autorités alors qu’il rentrait au Brésil (!), et qui décédera à l’hôpital de Cayenne après sa garde à vue dans le local de rétention de l’aéroport, où il avait pourtant à plusieurs reprises évoqué ses problèmes de santé.
Ou encore, ces quatre mères de famille brésiliennes qui seront retenues avec leurs enfants de 7 mois à deux ans dans le centre de rétention administrative -CRA-qui n’est pourtant pas habilité à les accueillir. Elles seront finalement expulsées vers leur pays d’origine.
Antoine Karam, Président de la Région, rappelle au travers de son histoire familiale toute l‘importance de valoriser l’apport des migrations à la société guyanaise. Monseigneur Laffont, Evêque de Guyane, fait un parallèle saisissant en rappelant les propos de Desmond Tutu « Les peuples blancs seront libres lorsque les Noirs seront libres » pour conclure que « les pays développés seront libres quand les pays pauvres le seront ».
La soirée se terminera par un dîner brésilien, une démonstration impressionnante de Capoeira avec en toile de fond des portraits photos de femmes migrantes réalisés dans le cadre de Migrant’scène par Ronan Lietar.
La mobilisation inter-associative et le travail de la Cimade semble pourtant commencer à porter ses fruits et des améliorations sont à noter. Le CRA a été remis aux normes l’été dernier et un hall d’accueil pour les étrangers qui doivent faire la queue durant des heures devant la Préfecture a été construit. Mais la bataille se situe à un autre niveau, celui du respect des droits et du principe d’égalité devant la loi sur tout le territoire français. C’est sur ce terrain que nous décidons de nous battre le lendemain.
Une partie de la délégation décide de se rendre de tôt le matin à la Préfecture de Cayenne, accompagnée de quelques journalistes, pour parler avec ces personnes qui font la queue tous les jours, souvent depuis la veille au soir… La préfecture nous refuse l’accès au hall d’attente au prétexte que notre présence pourrait troubler l’ordre public…
Nous rejoignons ensuite la réunion inter-associative, à laquelle assiste Danielle Mitterrand, afin de finaliser le projet de déclaration commune. Sont représentées de nombreuses associations et le débat sera moins sur le fond car tout le monde s’accorde sur les revendications, que sur la manière de faire efficacement passer le message et de le relayer en métropole et au-delà des frontières. La délégation et les associations présentes adoptent alors une résolution et la signent symboliquement devant les médias.
De l’autre côté de la frontière…
Nous prenons la route de l’aéroport pour nous rendre de l’autre côté de la frontière, au Brésil, à Macapa dans l’Etat d’Amapa dans la région du Nordeste.
Une réception nous attend dans un lieu symbolique, exactement sur l’équateur à la frontière entre le Nord et le Sud, un symbole fort pour la délégation. Les paroles de Danielle Mitterrand nous touchent : « Je suis ici avec vous sur cette frontière entre le Nord et le Sud et je passe librement d’un côté à l’autre… Nous sommes tous des habitants de cette planète… Et puis d’ailleurs les frontières, ça ne devrait pas exister… »
Colloque qui nous plonge au cœur d’autres enjeux : la crise actuelle du capitalisme et ses conséquences dans les pays du sud.
Nous la commençons par une présentation sur la situation dans cet Etat de l’Amapa où durant sept ans entre 1995 et 2002 une expérience de développement durable a été mise en place par le gouverneur João Alberto Capiberibe en favorisant des initiatives portées par les populations locales.
Avec le retour au pouvoir des conservateurs, les grands projets d’exploitation minière ont connu leur apogée, essentiellement à cause de la bulle spéculative sur le cours des matières premières. La crise mondiale touche aujourd’hui de plein fouet le secteur minier et le chômage augmente. Cette crise n’aurait pas des répercussions aussi importantes, si un autre modèle de développement avait été choisi.
Nous évoquons également la coopération franco-brésilienne et la rencontre entre les présidents Sarkozy et Lula en février dernier sur la rive de l’Oyapock. La création d’un institut sur la biodiversité a soudainement été annoncée, sans aucune concertation préalable d’ailleurs avec les organismes de recherche… La coopération bilatérale franco-brésilienne, longtemps au point mort semble d’ailleurs avoir fortement repris depuis 2007.
Rien n’a filtré cependant des discussions qui n’auront pas manqué d’avoir lieu sur un autre enjeu de taille pour la France : le contrôle des frontières… La France a signé un accord de réadmission avec le Brésil en 1996 qui est entré en vigueur le 24 août 2001. Côté société civile, quasiment aucune organisation brésilienne ne s’intéresse pour le moment au sort des Brésiliens en Guyane, si ce n’est pour dénoncer le travail forcé dans l’orpaillage.
Nous poursuivons la matinée par un séminaire sur les conséquences de la crise mondiale sur les populations pauvres du Nord et du Sud de la planète puis un débat sur les nouveaux indicateurs de richesse.
Nous en ressortons convaincues que cette crise peut paradoxalement avoir un effet positif, en forçant le monde à inventer d’autres formes de production, de consommation et d’échange.
L’impact sur les migrations est pour le moment plus difficile à évaluer mais une chose est sûre, les pays du nord ont une responsabilité énorme dans les désordres écologiques et économiques du monde et il est inhumains d’accueillir ceux qui fuient ces désordres avec des fusils, des barbelés et des centres d’enfermement…
rn
Auteur: Service communication
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