Pourquoi la Cimade soutient les habitants et les associations qui contestent, au tribunal administratif, la légalité des arrêtés préfectoraux visant à détruire des habitations précaires à Combani et Mirereni, par des actions contentieuses qui ont provoqué la suspension en attendant les décisions du juge, des opérations de « décasages » prévues le 30 novembre ?
Parce que la lutte pour un habitat digne pour toutes et tous fait partie des priorités de La Cimade. A Mayotte comme partout en France. Les opérations menées sur ordre du préfet de Mayotte, depuis plus d’un an, ont mis des centaines de familles à la rue sans solutions de relogement effectives et adaptées à chaque foyer. Ces mises à la rue multiplient la création de nouveaux habitats insalubres et ne font qu’exacerber précarité et vulnérabilité. Nous le constatons dans nos actions sur le terrain. Nous ne pouvons donc pas qualifier ces destructions d’opérations – telles qu’elles sont menées – de « lutte contre l’habitat indigne » comme tentent de le faire croire les autorités et les plans de réaménagement de ces zones sont loin d’être avancés.Ce phénomène d’éparpillement exponentiel des habitats précaires, outre la déscolarisation des enfants, les conditions matérielles de logement de plus en plus indignes entraine des tensions sociales importantes. Les affirmations relatives aux « soi-disant solutions de relogement » ne correspondent en rien à nos constats, parce qu’il n’y a pas d’enquête sociale véritable ni de relogement sur le long terme.
Nous voulons que cela cesse. Pas de destructions sans relogement effectif adapté !
Parce que nous trouvons qu’à Mayotte, la loi française doit être respectée par les autorités comme ailleurs et il est donc de notre devoir de dénoncer les opérations illégales (voir nos précédentes publications, les communiqués de presse). Les recours déposés au tribunal par les habitantes et habitants menacé.e.s d’expulsion mettent en lumière les violations de l’article 197de la loi ELAN qui sert de base juridique pour ces destructions, en particulier en l’absence de solutions d’hébergement d’urgence et de relogement adaptées à chaque occupant mais pas seulement. Ces dénonciations font parties intégrantes de nos missions de façon générale, des missions des organisations de la société civiles qui doivent représenter un contre-pouvoir dans une société démocratique.
Parce que nous ne sommes jamais invités, consultés par les autorités qui seraient bien avisées de prendre l’expertise des associations sur le terrain en compte avant d’agir, le contentieux est donc devenu quasi le seul mode d’action envisageable. Une analyse approfondie de l’ensemble des arrêtés pris par le préfet portant destructions de nombreux quartiers démontre ainsi que la majorité des opérations est exécutée même après avis défavorable de l’Agence Régionale de Santé (ARS) consultée avant chaque opération.
Parce que nous voulons rétablir certaines vérités, entre autres, déconstruire les préjugés qui portent atteinte à la dignité des personnes vivants dans ces quartiers, sans cesse stigmatisées et au coeur d’accusations sur leur participation à des actes de délinquance. Dans ces quartiers, nous y avons rencontré, avec nos bénévoles, quasi exclusivement des familles avec des enfants, parfois très jeunes, scolarisés, beaucoup d’habitants de nationalité française ou en séjour régulier installés souvent depuis plus de 20 ans sur ces parcelles menacées. Tellement loin des clichés véhiculés dans les médias. Même si pour nous l’humanité, c’est bien sûr pour tout le monde. Quel que soit la nationalité, le statut administratif de la personne.
Parce que quand il y a, selon les estimations, près de 25 000 habitats considérés comme précaires sur le territoire, il faut plus que des bulldozers et des forces de l’ordre pour redresser la barre. Ces opérations telles qu’elles se passent, sont inhumaines et ne servent en réalité, que de communication pour satisfaire et endormir une partie de l’électorat.
Parce que l’Humanité passe par là.
Pour ces raisons, nous sommes à leurs côtés avec notre équipe de bénévoles et nous en sommes fier.es.
Auteur: Service communication