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La « désintégration »

15 octobre 2013

Depuis quelques mois, les « Roms », ou les personnes supposées l’être, sont au cœur des débats nationaux. Ils font l’objet d’outrances et de stigmatisations massives.

Depuis quelques mois, les « Roms », ou les personnes supposées l’être, sont au cœur des débats nationaux. Ils font l’objet d’outrances et de stigmatisations massives. Cette situation nationale se répercute directement sur les contextes locaux, ce qui rend le travail des associations extrêmement difficile et permet aux autorités locales de ne pas respecter leurs obligations vis-à-vis de cette population.

La prise de conscience de la précarité croissante des familles roumaines d’origine rom a amené La Cimade de Poitiers à s’investir dans l’action auprès de ces personnes qui ne s’adressent pas d’elles-mêmes aux associations. Face à la complexité des questions posées, le groupe Cimade de Poitiers a donc mis en place un collectif : Romeurope 86.

À l’heure où « l’inintégrabilité des familles Roms » est mise en avant, les premières familles rencontrées nous ont posé une toute autre question : la « désintégration » pure et simple de ces personnes. En effet, l’arrivée de familles roumaines roms n’est pas un phénomène récent à Poitiers, certaines étant présentes dans la Vienne depuis 10 ans.

À leur arrivée, les services de l’État se sont concertés et ont engagé un processus d’accompagnement (ouverture de droits sociaux, accès au logement, suivi médical, scolarisation, inscription Pôle Emploi, contrat de travail). Les résultats sont tangibles : accès au logement, au travail, cours de français pour les adultes et scolarisation de tous les enfants. Ces familles européennes ont donc accédé au droit commun et leur présence à Poitiers fut totalement invisible… Jusqu’à aujourd’hui.

Depuis janvier dernier, les services de la CAF suppriment tous les droits sociaux de ces familles avec des demandes de remboursement pouvant aller jusqu’à 43000 euros ! Et parallèlement, la préfecture distribue les obligations de quitter le territoire français… Résultats : impayés de loyer, avis d’expulsion, retour à la manche, déscolarisation des enfants. Au-delà de la négation de tout le travail mis en œuvre par les travailleurs sociaux depuis de années, qui portait ses fruits, ce revirement des pouvoirs publics remet les familles à la case départ et elles retombent dans le cercle vicieux de la précarité.

Aujourd’hui, le collectif d’associations Romeurope 86 lutte pour que ces familles poitevines de nationalité roumaine et de culture rom puissent poursuivre le processus d’insertion déjà largement engagé.

Il se bat également pour que les 70 personnes arrivées plus récemment qui vivent dans trois squats de Poitiers (loin d’être une arrivée massive) puissent bénéficier de l’accompagnement qui a eu lieu ces dernières années et qui a largement prouvé son efficacité. Première revendication : faire un diagnostic social individuel, profond et neutre tel que préconisé par la circulaire du 26 août 2012 et par les services de la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (DIHAL). La réponse donnée par la préfecture se résume à un entretien mené par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) dont les modalités sont dénoncées par le collectif Romeurope 86 :
– 1h30 d’entretien dans les bureaux OFII ;
– survol des dimensions sanitaires, sociales et éducatives au profit de la régularité de séjour ;
– aucune rencontre sur les lieux d’habitation ;
– interprétariat par téléphone ;
– présence des agents du service « étranger » de la préfecture lors des entretiens ;
– proposition d’aide au retour dès le premier entretien ;
– non remise de copies des documents signés par les personnes malgré leurs demandes explicites.

Pour le collectif Romeurope 86, et en premier lieu pour La Cimade de Poitiers, l’accompagnement de ces familles nous a obligés à prendre en considération des questions nouvelles : séjour des ressortissants communautaires, droits sociaux des européens actifs ou inactifs, scolarisation. Nous nous sommes également engagés dans une démarche de dialogue (pas toujours aisée) avec des services de l’État que nous connaissions finalement assez peu (PMI, Rectorat, CPAM, CAF). Aujourd’hui le collectif poursuit son travail dans une ambiance locale et nationale de crispation qui rend chaque initiative difficile, mais qui nous l’espérons portera ses fruits.

Rencontre, débats, expo photos, spécialités culinaires roms le 17 octobre à Poitiers

Photographie : © Mélanie Forestier et Maxime Sorin, Famille roumaine rom vivant actuellement dans un squat de Poitiers.

Auteur: Service communication

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