Ecoutez-moi, j’ai quelque chose à dire.
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Point de vue d’Ayoko Mensah, rédactrice en chef de la revue Afriscope
« Qu’y a-t-il de mieux partagé par l’ensemble de l’humanité que ces œillères de la pensée que sont les préjugés? On peut remonter aussi loin dans le temps que le permet la machine de H. G. Wells sans trouver d’âge d’or où ces murs invisibles n’existaient pas encore. Notre première prison ne commence-t-elle pas là?
Née en Seine-Saint-Denis, juste après mai 68, d’un père togolais et d’une mère française, cette évidence m’a sauté aux yeux dès l’enfance. Étrange de sentir à quel point une couleur de peau peut devenir le déterminant principal par lequel les autres vous perçoivent. Une sorte de caractéristique phagocytante.
Je me souviens avoir pris conscience de la dimension « politique » de ma couleur très jeune. Puisque les autres me voyaient noire, je serais noire… mais je m’emploierais avec autant de ténacité que de délectation à déjouer leurs préjugés.
Ma ligne de conduite fonctionna assez bien… jusqu’au jour où je me rendis compte que ce petit jeu risquait bel et bien d’être un éternel recommencement… Les préjugés, c’est comme la pub, quand y’en a plus y’en a encore… Pas question de passer ma vie à jouer les Sisyphe, même en version black-blanc-beur.
D’autant que, seconde découverte, j’étais tout autant atteinte par le mal que celles et ceux que je prétendais contrer. Les préjugés, c’est comme les tares, ça se transmet dans la famille. S’en est suivie une chasse à ces ennemis intimes pleine de rebondissements, de coups de théâtre et de suspense. Un vrai polar. Au final, je n’ai pas réussi le crime parfait. J’ai juste découpé, en une pluie de confettis, beaucoup de « ils sont comme ci » et pas mal non plus de « ils sont comme ça ». Un vrai bain de sens.
Quand la voie m’est apparue enfin plus dégagée, je suis partie. Ce fut un grand bonheur. La vie prend une saveur particulière lorsqu’elle n’a plus d’œillères. J’ai rencontré aux quatre coins du monde des personnes admirables, rayonnantes d’intelligence et de cœur, sans fortune ni diplômes. Si je suis si attachée à mon métier de journaliste, c’est bien pour la capacité qu’il me donne à rencontrer toute la diversité du monde et à recouper, inlassablement, les préjugés qui ne manquent pas de repousser. On n’échappe pas à sa destinée. «
Ayoko Mensah
Rédactrice en chef d’Afriscope
Point de vue publié dans le numéro d’octobre de Causes Communes
Auteur: Service communication
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