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Personnes migrantes à Paris

Communiqué de presse inter-associatif : nous exhortons les pouvoirs publics à prendre leurs responsabilités pour faire cesser cette politique répressive précarisant toujours davantage les personnes vulnérables.

Personnes migrantes à Paris : après le démantèlement, le harcèlement

Après 3 opérations de démantèlement des campements parisiens au début de ce mois, une mécanique infernale se met en place, connue, celle du harcèlement policier à l’encontre des personnes migrantes, les poussant à se cacher et à vivre dans une rare précarité. Aujourd’hui, entre 300 et 500 personnes exilées sont en errance dans le Nord de Paris et à Saint Denis. 

En août 2017, suite au démantèlement du campement de la Porte de la Chapelle, les forces de l’ordre avaient renforcé leur présence afin de dissuader tout nouveau regroupement.  Aujourd’hui, l’histoire se répète. En dépit des démantèlements et des mises à l’abri, rien n’est résolu.

Nous, associations et collectifs engagés sur le terrain, nous retrouvons encore une fois aux côtés de personnes perdues, épuisées, extrêmement fragilisées, qui font face jour et nuit à un harcèlement des forces de l’ordre, et que nous ne sommes plus en mesure d’informer et de rassurer. Parmi elles nous rencontrons de plus en plus de primo arrivants, dont des femmes seules, des familles, des mineur·e·s.

« Je dors dehors, dans le quartier de la Porte de La Chapelle. La police vient souvent nous réveiller la nuit et nous demande de partir tous les matins. Un ami qui ne bougeait pas assez vite a même été gazé… On est dans le sale toute la journée, il n’y a même pas de toilettes et de point d’eau, et ça fait 2 semaines que je n’ai pas pu me doucher… » – Seydou, 20 ans, jeune migrant passé par la Libye, naufragé en Méditerranée, aujourd’hui à la rue.

Pendant que les sénateurs et sénatrices s’ingénient à durcir le Projet de loi asile & immigration, à quelques kilomètres de là, les forces de l’ordre se livrent à une véritable chasse aux personnes migrantes. 

À la dureté de la politique française et des pratiques violentes, viennent s’ajouter les effets d’un règlement Dublin qui maintient les personnes dans l’errance, augmente les craintes d’expulsion et pousse les personnes exilées vers une plus grande précarité.

  • Combien de temps encore l’État français se dérobera-t-il à ses obligations en se défaussant sur les citoyens et citoyennes, les collectifs, les associations et centres d’accueil pour porter assistance aux personnes vulnérables ?
  • Combien de fois encore se répètera le cycle : campement – inaction – démantèlement – retour des ‘invisibles’ – harcèlement policier ?
  • Jusqu’à quand l’État agira-t-il en violation de ses propres obligations de prise en charge des plus vulnérables et de ceux qui viennent demander protection à la France ?

Nous exhortons les pouvoirs publics à prendre leurs responsabilités. L’État doit :

  • Remplir ses obligations de prise en charge des personnes vulnérables en détresse, par une mise à l’abri réellement inconditionnelle ;
  • Suspendre l’application des expulsions liées au régime actuel de Dublin et initier une refonte des textes européens qui soient plus respectueux des droits et de la dignité des personnes ;
  • Porter une politique migratoire ambitieuse, empreinte d’humanité, et en cohérence avec les valeurs de notre pays, pour assurer un véritable accueil et une protection des personnes migrantes tout au long de leur parcours et un accompagnement de tous vers leurs droits humains.

 

Signataires :

Médecins du Monde

Utopia 56

La CIMADE

Le Secours Catholique – CEDRE

Première Urgence Internationale

Dom Asile

Le Gisti

Solidarité Migrants Wilson

La Chorba

Les P’tits dej à Flandres

La Gamelle de Jaurès

Les camps de personnes migrantes à Paris : ce qu’il faut savoir

Le nombre de camps de personnes migrantes explose à Paris

Chaque année à Paris, nous pouvons observer des camps entiers d’abris de fortune pousser près des autoroutes, sur les terrains vagues, sous les ponts. Derrière cette vision de crise migratoire, la réalité frappe : des personnes en demande d’asile attendent indéfiniment que leur situation soit régularisée, en vain.

L’ouverture des frontières suite à la crise de COVID-19 a provoqué une nouvelle “vague” d’immigration. Cette année, ce sont près de 177 000 places d’hébergement qui ont été ouvertes dans toute la France pour accueillir toutes populations confondues : personnes migrantes, demandeurs et demandeuses d’asile et SDFs. C’est à se demander si cette prise en charge commune correspond aux besoins de chacun·e. 20 000 de ces places ont été créées pendant la crise sanitaire liée au coronavirus. 

La migration est de plus en plus visible, dans la rue et dans les camps parisiens. L’augmentation du nombre de personnes migrantes se heurte à la gestion saturée des demandes d’asile.

Des conditions de vie inconcevables

Ils viennent d’Afghanistan, du Pakistan, de Turquie, de Syrie ou encore de Somalie : les habitant·e·s des camps de migrant·e·s à Porte-de-la-Chapelle ont chacun·e une raison de garder espoir. Ici, en France, terre d’asile, les opportunités sont minces, mais la vie leur semble possible, comparé à leur pays d’origine. 

Réparti·e·s dans des tentes ou abris de fortune, la situation sanitaire dans laquelle ils et elles évoluent est inhumaine. Les zones, jonchées de déchets en prolifération sont empreintes d’odeurs nauséabondes. Est-ce vraiment à cela que ressemble le pays des droits de l’Homme ?

Un traitement inhumain

En plus de la précarité extrême, les personnes sans-papiers sont constamment délogées de force. Quotidiennement, des évacuations sont opérées par les forces de l’ordre, et ce, dès 6 heures du matin. La réinstallation est vaine : Les camps sont démantelés, les tentes retirées, bref, les personnes exilées n’ont jamais droit au répit.

Pour les jeunes personnes migrantes, mineures, la situation est pire encore. Ils, elles, ont vécu l’horreur dans un périple semé d’embûches : ils, elles,  ont quitté leur famille, donné toutes leurs économies à des passeurs cupides, pris la mer sur des embarcations de fortune, ont aussi souvent subi des violences et des tortures. 

Enfin arrivé·e·s dans le pays de la liberté, au lieu d’obtenir leur droit d’asile, il·elles font face à un manque de places dans les centres d’accueil, une installation dans des campements insalubres et des arrestations quasi-quotidiennes.

Avec votre soutien, les équipes de La Cimade continuent d’aider les personnes étrangères à surmonter les obstacles qui se dressent tout au long de leur parcours d’insertion. Faites un don.