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Océan Indien

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Je pointe mon doigt contre x.

26 février 2018

A l’heure où je m’extériorise, des injustices sont commises et le sont de façon récurrente. Des injustices qui méritent réparation, même si cela semble impossible. Malheureusement, les responsables ne peuvent être que l’un des nôtres. Et dire que ce sont les nôtres c’est une pure illusion. Ces autres ne peuvent être les nôtres car ils sont pour moi l’enfer. S’ils étaient les nôtres on ne serait pas aujourd’hui en état d’apnée.

A l’heure où je m’extériorise, des injustices sont commises et le sont de façon récurrente. Des injustices qui méritent réparation, même si cela semble impossible. Malheureusement, les responsables ne peuvent être que l’un des nôtres. Et dire que ce sont les nôtres c’est une pure illusion. Ces autres ne peuvent être les nôtres car ils sont pour moi l’enfer. S’ils étaient les nôtres on ne serait pas aujourd’hui en état d’apnée.

Mes semblables et moi sommes devenus, si je peux le dire, des élites en effervescence. Nous sommes venus peut être prématurément car au jour le jour la vie qu’on mène nous semble très dure. C’est une coïncidence mais c’est la nôtre et on ne peut y échapper sauf si l’on change le cours des choses. Cette situation de déliquescence est la nôtre et nous avons le devoir de ne pas y échapper mais de combattre et réparer les erreurs des autres.

Sur ce, je pointe mon doigt contre x et j’ai le devoir de dire. Sachez qu’on me fait porter un masque.

Mais avant tout :

Aucun répit de ces hommes pour ces innocents qui se noient ou qui se battent contre vents et marrées, sous une nuit étoilée ou non. Ils n’ont qu’un seul mot à dire puisqu’ Ils ne parlent qu’à travers leur désespoir. Comme s’il s’agissait d’une voix inouïe. Sans aucun doute, ce n’est pas une voix qu’on n’a jamais entendue. Non, ça n’en est pas une. C’est le quotidien depuis la nuit des temps parce que vous avez des cœurs de pierre et aucune parole chimique ne pourra vous détruire car seule la mort peut vous atteindre.

Depuis ce jour, l’histoire a fait de nous des êtres minables, peut être chez vous ou chez certains semblables, chez certains hommes. Des personnes misérables parce que l’on fuit la misère. Cette maladie que l’on se doit d’éradiquer. Effectivement, nous sommes les oubliés du reste des exploités. Cette jeunesse en quête d’une vie aux rêves enterrés. D’ailleurs, une jeunesse qui ne demande ni l’aumône ni la charité. Sur ce combat nous resterons des courageux hommes d’honneurs.

Le 26 juillet, un jour mémorable national pour une poignée de main, je le dis et je le pense, un jour d’honneur ou un jour d’horreur ?

Ce jour-là, on le surnomme, le jour de l’indépendance. Une fête nationale est célébrée, et des francs comoriens sont déboursés pendant que le peuple crie famine. Quel intérêt de faire la fête ? A vrai dire, la fête c’est aussi un signe de joie. On célèbre la fête de l’indépendance parce que  les Comores ont acquis l’indépendance. Si c’est un jour d’honneur pour la nation pourquoi pendant que vous faites la fête, certains font la tête ? Autant de questionnements auxquels seuls les Comoriens sauront répondre.

Les larmes qui se versent, sans qu’on ne les aperçoive, enflamment l’intérieur de l’humain. Des larmes si profondes que même les eaux marines comoriennes du littoral additionnées à celles des fleuves ne  pourraient atteindre le plus haut sommet des Comores. Le Kartala mesure devant ces pleurs une hauteur moindre. Quand ces larmes s’agitent, même le volcan du Kartala en éruption ne fait pas le poids. En fait, ses coulées de lave ne coulent que jusqu’à une certaine zone de la grande Comores.

Toutefois, ces pleurs s’agitent et dépassent les frontières. Même les Mahorais en ressentent le choc.

Des victimes innocentes émigrent avec le peut être. De ces voyageurs clandestins, qui périssent comme s’ils n’étaient pas des êtres humains. C’est horrible. Les familles parlent des scènes horribles. De jours en jours, on dénombre des portés disparus sans fin. Et alors, cela restera-t-il une cruauté infinie ? J’interpelle les autorités Comoriennes. Chacun doit prendre une part de responsabilité pour donner du travail à des chômeurs de la même manière qu’ils se partagent les ministères.

Au lieu de choisir la plusieurscratie, un mot que vous ne trouverez nulle part, ils préfèrent la famillecratie. Et c’est ainsi qu’ils mènent la danse.

Ils partent parce qu’ils sont contraints par la misère et le désespoir. Ils sont aux abois. La famine reste notre bien-mal être parce qu’on a dénoué nos relations avec la terre, comme l’ont fait nos ancêtres jusqu’à une génération, comme celle de mes descendants. Aujourd’hui les terres sont en friche. La famine détruit car la fonction publique demeure une industrie saturée. Dois-je dire qu’il y a encore des pensées incultes chez nous ? Peut-être. Seulement, on n’a peut-être pas dans le sang le pouvoir d’oser. Oser créer, oser entreprendre, oser ne pas dépendre de l’Etat, serait un pas vers l’émergence. L’entreprenariat fais des autres des pays riches et pourquoi pas nous ? Nous, le large est notre seul espoir et cela jusqu’à quand ?

J’appelle ces menus alimentaires une famine, en comparaison au mode alimentaire des uns et des autres. Manger non pas en qualité mais en grande quantité est un signe de survie. Ceci dit que l’on vit mais que l’on n’existe pas. Allez voir le quotidien du peuple comorien et jugez par vous-même.

Pendant que des lois contre l’immigration clandestines sont votées, nous on fait valoir le droit du candidat désespéré à l’immigration.

Oô ! Toi qui crois à ton Seigneur, toi qui prétends être humanitaire, toi qui prétends défendre les droits et libertés, toi qui parles et qui défends des droits naturels, où est l’humanisme de cette loi ? Humanitaire parce que Mayotte-Anjouan est devenu un cimetière marin ;  humanitaire parce que la police aux frontières est responsable des noyades comme le témoignent ces candidats à l’immigration. Ils viennent parce qu’ils espèrent avoir une vie meilleure. Ils viennent parce qu’ils prétendent avoir une vie décente, eux qui vivent dans l’indécence. Ils prennent le large au péril de leur vie parce qu’ils ont réalisé que leur place est à tes cotés. Je m’adresse à Toi, la France. Depuis ton divorce, des Comoriens risquent leur vie et veulent se soigner parce que chez nous les hôpitaux sont devenus des ports de transit vers la mort. Tu fais semblant. Les mots avec lesquels tu joues, tel celui de coopérations, dont on nous parle quelquefois, ne signifient rien pour nous, le reste des oubliés. On ne voit rien du tout car rien ne change. La misère c’est la misère.

Des insultes on en reçoit. Et toi, tu ne dois jamais dire, «  fontaine je ne boirai pas de ton eau ». Aujourd’hui il est chez toi mais rien ne dit qu’un jour ça ne sera pas toi qui sera chez lui, pour une raison ou pour une autre. Estime-le car il a du respect pour toi. Si son cousin te fait du mal, s’il te vole, si tu te sens menacé parce qu’aujourd’hui l’insécurité te préoccupe, ne diabolise pas. Ne dramatisons pas. Tous les cousins qui sont ici, comme certains les surnomment, n’ont pas que des mauvaises intentions. La preuve tu la vis au jour le jour.

Au lieu de diaboliser, attaquons ensemble le mal à la racine car les problèmes ont pour opposés les solutions.

Depuis tant d’années, l’image de Mayotte était pour moi un eldorado. La description qu’on nous en faisait est loin de correspondre au quotidien. Aujourd’hui encore, beaucoup sont ceux qui restent à espérer vouloir regagner cet endroit paradisiaque tant convoité. Envers et contre tout, on croit toujours à cette image floue et il est difficile de convaincre les rêveurs.

Malgré cela, Mayotte reste un lieu de transit parfois mais aussi un lieur d’espoir. Cette ile nous offre une seconde chance en dépit du fait que la route Anjouan-Mayotte demeure un cimetière indésirable. C’est une ile aimante, que le bon Dieu la préserve, autant la France que mes Comores.

Si vous ôtez ce masque des apparences faisant de nous des êtres parés de méchanceté, vous verrez par vous-même que notre bonté est semblable à la vôtre.  Nous n’avons pas tous de mauvaises intentions.

Tous ces malheurs que l’on sème ne peuvent laisser sans rage. Certains voudront se venger dès qu’ils le pourront.

Je ne suis de ceux-là. Par conviction, toute espèce humaine vivant sur cette planète se heurte tôt ou tard à un passage obligé. Celui de l’émigration ou de l’immigration. 

 

 

Auteur: Région Outre-Mer

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