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Police à l’école, familles séparées : une politique d’expulsion sans limites

30 janvier 2020

Le lundi 27 janvier, un grand nombre de familles albanaises vivant dans au moins quatre départements de la région Occitanie (Lozère, Haute-Garonne, Pyrénées Orientales, Hérault) ont été la cible d’une opération menée par les autorités françaises et l’agence Frontex pour les expulser collectivement. Ce charter a décollé de Toulouse pour Tirana le lendemain, avec 8 familles à son bord qui avaient passé la nuit enfermées au centre de rétention de Toulouse. Parmi elles, 12 enfants âgés de 18 mois à 16 ans, et un enfant majeur. Cette opération a concerné un plus grand nombre de familles arrêtées au petit matin.

L’opération a mobilisé des moyens humains et financiers énormes, au mépris de la dignité de ces personnes et en violant sans scrupules leurs droits fondamentaux.

L’enfermement de ces familles était illégal car certaines ont passé la nuit dans un secteur du centre de rétention de Toulouse qui n’est pas habilité à recevoir des parents accompagnés d’enfants.

En Lozère, deux parents sont interpellés alors qu’ils venaient pointer au commissariat dans le cadre d’une assignation à résidence. Enceinte, la mère de famille est conduite à l’hôpital de Mende après un malaise. La police emmène le père à l’école où se trouve leur fille de 4 ans. Malgré la résistance de l’institutrice, la police repart avec l’enfant. La classe est bouleversée. Après une longue route, escorté·e·s par la police, le père et sa fille sont enfermés en rétention à Toulouse. Le lendemain, ils sont expulsés sans la mère de famille dont l’état de santé inquiète les médecins car elle risquerait de perdre son bébé.

Des rafles jusque dans des écoles.

Plusieurs interpellations d’enfants se trouvant à l’école ont été organisées, comme à Montpellier où la police est allée chercher les enfants qui se trouvaient en classe avant de les emmener à Toulouse pour les enfermer.

Des pressions inadmissibles et d’autres pratiques traumatisantes ont été employées. À Toulouse, la police a interpellé deux parents dont l’enfant se trouvait à l’école. La mère a été escortée en rétention tandis que deux policiers en civil emmenaient le père à l’école pour s’emparer également de leur enfant. Cette dernière était déjà partie de l’école. Le père a été emmené en rétention, puis relâché le soir-même sans son épouse. Il déclare que la police l’aurait menacé d’expulser sa femme seule s’il ne revenait pas avec leur enfant. Le père ayant résisté, son épouse a été libérée le lendemain matin, après que toute la famille ait vécu une nuit d’angoisse.

Le matin du départ, une famille entière a été interpellée dans son lieu de vie au réveil, sans avoir le temps de ne rien préparer. Les parents ont été menottés devant leurs enfants effrayés durant le trajet les menant à l’aéroport. Ils ont ensuite été forcés de monter dans l’avion alors que les enfants, choqués, manifestaient leur effroi.

 

 

 

Dans les départements visés, les ressortissants albanais sont poussés à se cacher, ce qui aggrave la précarité de leur situation et celle de leurs enfants.

Ce type d’opération organisée sous l’égide de Frontex et du ministère de l’intérieur se multiplie. En septembre une opération similaire s’était déroulée en Occitanie, et en octobre en Bretagne. À chaque fois, l’objectif de remplir un avion charter à tout prix a conduit à de graves dérives dans l’action des pouvoirs publics qui ont clairement franchi un cap répressif totalement disproportionné et inacceptable.

Ces situations aux conséquences humaines désastreuses s’inscrivent dans le contexte plus large d’un renforcement sans précédent des moyens déployés par les Etats membres de l’Union européenne (UE) pour expulser celles et ceux qu’ils considèrent indésirables.

Parmi les nombreux dispositifs administratifs, législatifs et opérationnels développés, l’Union européenne (UE) s’est dotée, depuis 2005, d’une force opérationnelle au service de sa politique d’expulsion : Frontex (renommée l’agence européenne de garde-côtes et de gardes-frontières depuis 2016). Dotée d’un arsenal quasi militaire, celle-ci joue un rôle toujours plus important dans l’organisation des expulsions depuis l’Europe.

 

Carte animée produite par Lighthouse report sur l’évolution des expulsions coordonnées par Frontex depuis 2006 mise en perspective avec l’augmentation exponentielle du budget de l’agence.

 

Réformée à maintes reprises depuis sa création, celle-ci a encore vu ses moyens renforcés depuis l’entrée en vigueur de son nouveau règlement le 4 décembre 2019 qui lui confère un mandat beaucoup plus large en matière d’expulsion. Au-delà d’une augmentation de ses effectifs (qui seront portés à 10 000 agents d’ici 2027 contre 1500 actuellement), l’agence bénéficie désormais de pouvoirs étendus pour identifier les personnes expulsables du territoire européen, obtenir les documents de voyage nécessaires à la mise en œuvre de leurs expulsions ainsi que pour coordonner des opérations d’expulsion conjointes au service des Etats membres.

Avec 54 vols d’expulsion coordonnés par Frontex en 2018, la France est le troisième pays européen à recourir le plus fréquemment à ce bras armé européen.

La Cimade demande l’arrêt immédiat de ces charters de la honte et appelle à continuer les mobilisations que ces opérations d’interpellations et d’expulsions collectives ont déjà suscitées notamment en Bretagne et en Occitanie.

La Cimade appelle aussi à signer deux pétitions pour mettre un terme à cette politique d’une brutalité inadmissible :

Pétition contre l’enfermement des enfants

Lettre ouverte à Castaner pour l’arrêt de cette politique inhumaine

 

Auteur: Service communication

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