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Doumbia voulait quitter le territoire par lui-même. Il avait pris toutes dispositions pour ce faire et il était en mesure de supporter le coût de son départ. Au lieu de cela, il aura été privé de liberté et enfermé durant six jours en rétention, avant d’être expulsé le 29 janvier 2014. Tout ceci aux frais du contribuable, et sans autre objectif que de remplir une case supplémentaire dans l’absurde course aux chiffres du ministère de l’Intérieur.
Doumbia est un ressortissant sénégalais âgé de 31 ans. Il est arrivé en France en mai 2012, où résident régulièrement sa sœur ainsi que plusieurs oncles et tantes.
Ses motivations pour émigrer étaient économiques, il ne s’en cache pas. Il a ainsi travaillé « au noir » plusieurs mois dans le bâtiment, jusqu’au jour où, suite à un contrôle routier, il se fait interpeller par la police le 6 juillet 2013. Et dans la foulée, il est enfermé par le préfet du Val de Marne dans le centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot.
Le 13 juillet 2013, la cour d’appel de Paris met fin à sa rétention et ordonne son assignation à résidence. En effet, Doumbia présente de réelles garanties de représentation : son passeport valide se trouve à la préfecture de Créteil et il est hébergé par son oncle à Paris, à une adresse connue de l’administration. Par ailleurs, il indique ne pas vouloir se maintenir en France si sa situation demeure précaire.
Fin 2013, il fait le choix de retourner au Sénégal. Il n’a plus de travail en France, et par ailleurs, sa grand-mère, vénérable centenaire qui l’a quasiment élevé, se trouve au plus mal dans son village à 200 km de Dakar. Il veut rentrer afin d’être à ses côtés lors de ce qui pourrait bien être ses derniers instants.
Sa sœur lui achète via une agence de voyage en ligne un aller simple Paris-Dakar pour le 23 janvier 2014 à 16h30. Le 22 janvier, il se rend à la préfecture pour récupérer son passeport afin de pouvoir voyager. Les services de la préfecture lui indiquent que son document de voyage lui sera remis à l’aéroport le lendemain, lors de son passage à la frontière, afin de s’assurer de son départ effectif.
Le 23 janvier, Doumbia se présente à l’aéroport d’Orly à 14h. Et là, petit pépin au guichet d’enregistrement : il semble que son billet n’ait pas pu être confirmé. Pendant que l’agent de la compagnie aérienne se renseigne, Doumbia informe les services de la police aux frontières de la situation. Après quelques instants, la compagnie aérienne a trouvé l’explication : suite à un incident de paiement lié à la carte bancaire de sa sœur, la réservation de vol n’a pas pu être confirmée. Qu’à cela ne tienne : Doumbia a sur lui plus de 500 euros en espèces, il se propose donc d’acheter un nouveau billet pour un départ immédiat (l’aller simple coûte 250 euros). Le vol de 16h30 a déjà décollé, mais il y en a un autre à 18h30.
Curieusement, les policiers lui demandent alors de « patienter dans leurs locaux » et avisent la préfecture du changement de programme. Le temps passe : aucune explication n’est fournie durant plus de deux heures à Doumbia, qui attend patiemment. Le vol de 18h30 décolle également sans lui.
À sa grande surprise, Doumbia se voit notifier à 19h35 un arrêté de placement en rétention. Il passera la nuit du 23 janvier et la journée du 24 janvier au local de rétention administrative (LRA) de Choisy-le-Roi, avant d’être transféré au CRA du Mesnil-Amelot vendredi dans la soirée. Ce passage par un LRA n’est pas fortuit : aucune aide à l’exercice des droits n’étant prodiguée à Choisy-le-Roi, et La Cimade n’étant pas présente le week-end au Mesnil-Amelot ; la préfecture du Val-de-Marne s’assure bien qu’à son arrivée au centre de rétention vendredi soir, Doumbia ne pourra pas exercer son droit de recours devant le juge administratif.
Doumbia voulait quitter le territoire par lui-même. Il avait pris toutes dispositions pour ce faire et il était en mesure de supporter le coût de son départ. Au lieu de cela, il aura été privé de liberté et enfermé durant six jours en rétention, avant d’être expulsé le 29 janvier 2014. Tout ceci aux frais du contribuable, et sans autre objectif que de remplir une case supplémentaire dans l’absurde course aux chiffres du ministère de l’Intérieur.
Steve Irakoze, intervenant au centre de rétention du Mesnil-Amelot
Auteur: Service communication
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