Le 9 décembre, La Cimade dénonçait déjà un retour à l’anormal dans les centres de rétention en pointant le dépistage positif au Covid-19 de plusieurs personnes enfermées notamment au centre de rétention n°3 du Mesnil-Amelot. Nous venions d’apprendre qu’un important cluster y avait cours depuis le 27 novembre. Au 10 décembre nous dénombrions 22 cas positifs sur 74 personnes enfermées. La situation au centre de rétention n°3 du Mesnil-Amelot n’est pas isolée. Au CRA de Lyon, au moins 39 personnes sont infectées par le Covid 19. Au CRA de Nice, ce sont 12 personnes qui ont été testées positives.
Ainsi, les foyers épidémiques se multiplient dans ces lieux d’enfermement et pourtant l’administration s’entête. L’absurdité de cette obstination va jusqu’à permettre d’enfermer des nouvelles personnes dans le CRA n°2 du Mesnil-Amelot alors que celui-ci est, sur de nombreux points, indissociable du CRA n°3 actuellement confiné. Si les CRA concernés par un cluster sont « gelés », l’activité dans les autres centres de rétention ne diminue pas : au contraire, celle-ci absorbe l’impossibilité pour les préfectures d’enfermer dans les centres confinés. Le ministère de l’intérieur, malgré nos alertes, continue d’appliquer une politique d’enfermement aveugle ne tenant en rien compte de la cinquième vague qui parcourt le pays et qui s’annonce plus importante que les précédentes du fait d’un variant plus contagieux. L’inefficience voire l’inexistence de réels protocoles, à l’entrée et durant le temps de l’enfermement, entraîne nécessairement la propagation du virus au sein de ces lieux de privation de liberté où par nature la distanciation sociale et le respect des gestes barrières sont impossibles. Le ministère fait fi de ces contraintes fortes, et continue d’utiliser ces lieux d’enfermement au maximum de leur capacité, depuis le mois de septembre, alors que depuis le début de la crise sanitaire et jusqu’à l’été 2021, ils fonctionnaient à capacité plus réduite.
Outre le danger pour les personnes exposées au Covid-19, ces clusters ont des conséquences néfastes sur les droits des personnes enfermées comme le droit d’assister à son audience ou de recevoir des visites. C’est ainsi que depuis mars 2020 nous avons assisté à la remise en cause de nombreux droits, pourtant fondamentaux, sous couvert de gestion de la crise sanitaire. En outre, alors que partout ailleurs le gouvernement appelle à la prudence et au respect des gestes barrière les plus élémentaires, il ne permet pas le respect ni la mise en œuvre de ces mêmes principes dans ces lieux de privation de liberté, ce dont il se doit pourtant d’être garant. Cette crise, qui perdure, ne peut être une excuse pour bafouer les droits et la dignité des personnes enfermées qui souffrent de l’acharnement de l’administration à poursuivre sa politique d’enfermement quoi qu’il en coûte.
La Cimade appelle à la fermeture des centres de rétention, fermeture d’autant plus urgente durant cette pandémie, et demande au ministère, à tout le moins, de prendre toutes les mesures nécessaires afin de ne pas mettre en danger les personnes enfermées et de ne pas porter atteinte à leurs droits et à leur dignité. Pour ce faire il est primordial de réduire de manière significative le nombre de personnes enfermées, de prévoir un protocole permettant de s’assurer qu’aucune personne positive ne puisse être placée ou maintenue en rétention et de lutter contre la propagation du virus si cela s’avérait nécessaire. Il est urgent qu’une prise en compte efficiente des vulnérabilités et comorbidités des personnes enfermées soit instaurée. Enfin il est essentiel de prévoir que toute personne testée positive soit remise en liberté et fasse l’objet d’une prise en charge médicale adaptée au regard des risques de contamination, leur privation de liberté ne pouvant se justifier en l’absence de perspectives d’éloignement à bref délai.
Auteur: Service communication