À travers le monde, de nouveaux murs s’érigent, les refoulements et expulsions se multiplient, les droits les plus fondamentaux des exilé.es sont bafoués. Les restrictions de visas et la répression des migrations continuent de contraindre les personnes en exil à emprunter des itinéraires toujours plus longs et dangereux, et de provoquer morts et disparitions le long de ces routes, en mer comme en montagne et dans le désert. L’année dernière a été l’année la plus meurtrière jamais enregistrée pour les personnes en mouvement [2]. Les politiques d’externalisation des contrôles des frontières menées par les Etats demeurent impunies, malgré leurs atteintes aux droits, pendant que la criminalisation des migrations et des solidarités ne cesse, quant à elle, d’être renforcée partout dans le monde [3].
Le 2 novembre 2025, le protocole d’accord passé en 2017 entre l’Italie et la Libye sur la « lutte contre l’immigration clandestine » s’est vu automatiquement renouvelé pour trois années supplémentaires. Dans le cadre de ce memorandum, coordonné par l’agence Frontex et soutenu financièrement par l’Union européenne, l’Italie équipe et forme des forces libyennes pourtant reconnues responsables de crimes contre l’humanité contre les personnes migrantes. La logique de tri des personnes arrivant aux frontières de l’Union européenne, notamment institutionnalisée par les procédures de « filtrage » du dernier Pacte européen sur l’asile et l’immigration, se poursuit, avec par exemple le projet de la Commission européenne d’établir une liste de « pays sûrs » pour limiter l’accès au droit d’asile [4]. En France, la surenchère « sécuritaire » se poursuit, le gouvernement allant jusqu’à revendiquer de larges opérations de contrôle et d’arrestation de personnes en précarité administrative à travers le pays, comme les 18 et 19 juin derniers. Ces politiques sont particulièrement brutales aux États-Unis sous le deuxième gouvernement Trump. Le droit d’asile y est menacé, l’ampleur des contrôles et de la répression par l’Immigration and Customs Enforcement (ICE) atteint des niveaux sans précédent, et des campagnes d’expulsion massives sont menées.
Malgré ces politiques de contrôle et de rejet, les violences qu’elles subissent le long des parcours et celles auxquelles elles sont encore confrontées là où elles cherchent à s’installer, les personnes en exil continuent de revendiquer leur droit de migrer et leur dignité. Les familles de disparu.es et les solidaires s’organisent et luttent aussi à leurs côtés, à travers des contres-narratifs, des réseaux d’entraide et des mobilisations. L’année 2025 a d’ailleurs été l’occasion de se souvenir, dix ans plus tard, de l’ « été de la migration » de 2015 [5] ; de dénoncer le durcissement continu des politiques migratoires, de commémorer les personnes disparues du fait de ces politiques, mais aussi de célébrer la continuité et la diversité des résistances, qui se poursuivent et se renouvellent au quotidien, le long des routes et au coeur des territoires.
À l’approche de ce 18 décembre 2025, nous appelons à renforcer les solidarités, locales et transnationales, de la ville au désert et de la mer à la ville. Nous réitérons notre engagement pour l’accueil inconditionnel et la régularisation, l’égalité des droits et la liberté de circulation et d’installation de toutes et tous.
Soyons nombreuses et nombreux à exprimer nos revendications dans la rue le 18 décembre !
Signataires
Association des Femmes de l’Europe Méridionale AFEM
CCFD-TERRE SOLIDAIRE
CRID
La Cimade
Échanges et Partenariats
Emmaüs International
FORIM
France Amérique Latine – FAL
GRoupement Education sans FRontières (G.R.E.F)
Maison des Citoyens du Monde 44
RADSI Nouvelle-Aquitaine
[1] Retrouver l’appel de la Marche des solidarités : https://www.antiracisme-solidarite.org/18-d%C3%A9cembre-2025-journee-sans-nous
[2] Selon l’Organisation internationale pour les migrations, mars 2025 : https://www.iom.int/fr/news/2024-ete-lannee-la-plus-meurtriere-pour-les-migrants-selon-de-nouvelles-donnees-de-loim
[3] Voir le rapport « Criminalisation of migration and solidarity in the EU », PICUM, 2024 : https://picum.org/wp-content/uploads/2025/04/Criminalisation-of-migration-and-solidarity-in-the-EU-2024-report.pdf
[4] Journée mondiale des réfugié·e·s : déconstruire le mythe des pays « sûrs » dans la politique de retour de l’UE – MIGREUROP
[5] Voir l’appel à une chaine d’actions transnationales sur le site du réseau Transborder : https://trans-border.net/index.php/free-movement-open-borders-end-deaths/
Auteur: Pôle Europe et International