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En Guyane : arrêtés le soir, expulsés à l’aube

5 octobre 2011

En Guyane, les expulsions se multiplient à une cadence effrénée. Aujourd’hui, la majorité des étrangers sont placés en rétention dans la soirée pour être expulsés à l’aube suivante, avant l’arrivée de l’équipe de La Cimade ou du service médical. Impossible pour eux de faire valoir leurs droits. Des interpellations et des expulsions ont lieu donc en toute illégalité, sans qu’aucun tribunal ne puisse les contrôler, faute de temps.

En Guyane, les expulsions se multiplient à une cadence effrénée. Aujourd’hui, la majorité des étrangers sont placés en rétention dans la soirée pour être expulsés à l’aube suivante, avant l’arrivée de l’équipe de La Cimade ou du service médical. Impossible pour eux de faire valoir leurs droits. Des interpellations et des expulsions ont lieu donc en toute illégalité, sans qu’aucun tribunal ne puisse les contrôler, faute de temps.

Un exemple parmi tant d’autres : le 30 août, un Brésilien à été interpellé vers 11h. Emmené au poste de la police aux frontières pour un contrôle d’identité, il y est resté jusqu’à 19h. Pourtant dès 14h20 lui ont été notifiées une obligation de quitter le territoire français et une interdiction de retour de 3 ans. Mais ce n’est qu’à 19h30 qu’il est arrivé au centre de rétention où il a demandé à voir La Cimade. On lui a rétorqué qu’il devait attendre jusqu’au lendemain sans lui préciser la date ou l’heure de son expulsion. Devant les grilles du centre de rétention, sa compagne et mère de son enfant de10 mois a attendu de 15h à 20h. Elle a pu le voir pendant 5 minutes à 20h le temps de lui remettre quelques affaires.

Et à 7h le lendemain matin, il a été expulsé sans avoir pu voir La Cimade. Il voulait pourtant faire un recours pour demander la suspension de son placement en rétention et de l’interdiction de retour, au nom du respect de sa vie familiale.

Comme lui, des centaines d’étrangers sont expulsés sans argent, sans vêtements de rechange, sans leurs traitements médicaux etc. Les retenus ne sont prévenus que quelques minutes avant le départ des bus vers le Brésil ou le Suriname. Tensions, stress et violence se font sentir alors dans le centre de rétention. De plus en Guyane, les recours ne sont pas suspensifs. Le peu d’étrangers qui réussissent à obtenir une audience au tribunal peuvent donc être expulsés avant celle-ci. Et face à ceux qui résistent, les policiers n’hésitent pas à recourir à la force : menottage, torsion des poignets et même coups donnés au bas ventre.

Pire, ces pratiques d’expulsion express ne concernent plus seulement les ressortissants des pays limitrophes. Depuis peu, les Guyanais et les Chinois sont ainsi reconduits en quelques heures au Suriname au motif qu’ils seraient entrés en Guyane depuis le Suriname. De même, les ressortissants d’Afrique, d’Amérique centrale ou du Sud sont renvoyés au Brésil sans plus de procédure. Tout cela, dans l’illégalité la plus flagrante puisqu’ils sont expulsés sans passeport, ni document de séjour ou de voyage établi par les autorités consulaires. Au Brésil ou au Suriname, ces hommes et ces femmes se retrouvent donc de nouveau sans papiers, au risque de se faire interpeller et enfermer une nouvelle fois.

Certes, dans ce contexte, le centre de rétention de Guyane affiche un nombre de reconduites record. Mais à quoi bon? Nombreux sont ceux avoir raconté avoir été déposés par la police aux frontières sur les rives brésiliennes ou surinamaises puis relâchés sans être remis aux autorités locales. C’est donc sans encombre qu’ils ont pu regagner le territoire français dans les minutes qui ont suivi leur débarquement…jusqu’à ce qu’ils soient de nouveau interpellés, privés de libertés et expulsés.

Quotidiennement l’équipe de La Cimade fait face à ces déferlantes de reconduites sans règle ni logique et au mépris des droits de ces hommes et femmes. Les intervenantes arrivent le matin pour assister, impuissantes, au départ de bus remplis en direction du Brésil ou du Suriname puis passent la journée dans un centre quasiment vide qui se remplira le soir après leur départ.

Photo : Compagnie du fleuve – 3ème RIMA / crédit : José Nicolas

Auteur: Service communication

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