Expulsion massive de familles géorgiennes par charter
Le mercredi 27 juillet 2022, trois familles géorgiennes et certains de leurs enfants ont été interpellées à domicile entre 6 et 7 heures du matin par des policiers en Moselle et dans l’Oise. Elles ont été conduites jusqu’en Ile-de-France et enfermées dans le centre de rétention du Mesnil-Amelot.
Dans d’autres centres de rétention de France, notamment à Metz, deux familles ont aussi été enfermées le même jour ; une mère et ses deux enfants de 13 et 16 ans ainsi qu’un couple et leurs enfants âgés de 2 et 4 ans. A Rennes, c’est un père de famille qui a été enfermé, sans sa femme et ses enfants qui n’étaient pas présents au domicile au moment de son interpellation.
Le but : les faire embarquer le lendemain avec d’autres personnes enfermées dans les centres de rétention de Rouen, Vincennes ou encore Lille, ce jeudi 28 juillet 2022, dans un avion à destination de la Géorgie, leur pays de nationalité. Il s’agit d’une expulsion par charter, avion spécialement affrété pour expulser des personnes étrangères en masse, en toute discrétion, sans passer par un vol commercial pour ne pas risquer d’annulation face à l’indignation des personnes qui en seraient témoins.
Estimer le nombre de personnes expulsées à bord de ce charter est difficile. En effet, ces personnes proviennent de l’ensemble du territoire français et passent par différents centres de rétention administrative avant de toutes embarquer à bord de ce même vol.
Ces expulsions groupées entraînent de nombreux placements dits “de confort” : non pas pour les familles mais pour les préfectures qui ont de ce fait la mainmise sur les personnes qu’elles veulent expulser. Cela facilite notamment les allers-retours des policiers à l’aéroport.
La Cour européenne des droits de l’homme a condamné à 9 reprises la France pour l’enfermement de mineurs en rétention mais également pour des expulsions groupées notamment concernant des enfants. D’ailleurs, loin d’être effrayés par un peu de cynisme, les préfets de l’Oise et de Moselle justifient au contraire ces enfermements par “l’intérêt des enfants mineurs” et le fait de les “préserver des contraintes liées aux nécessités de transfert”. Nous doutons que l’interpellation surprise, à domicile, au petit matin, et l’enfermement derrière des barbelés et à 500 mètres des pistes de décollage, soit une mesure apte à préserver l’intérêt de quiconque, a fortiori lorsqu’il s’agit d’enfants.
Le 28 juillet au matin, toutes les familles ont été conduites à l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle et embarquées sur le même vol en partance pour Tbilissi. Elles n’ont pas pu avoir accès à l’association d’assistance juridique au centre de rétention.
La Cimade demande d’urgence l’arrêt des expulsions, en particulier par charter qui ne sont utilisés que pour contourner les droits les plus fondamentaux de ces personnes.
Auteur: Service communication