En quoi, ce film peut-il être porté par La Cimade ?
Fortuna aborde très concrètement de nombreuses questions auxquelles les bénévoles de La Cimade sont confronté∙e∙s dans les permanences : la question de l’accueil, du vivre ensemble, celle du délit de solidarité, de la situation des jeunes en danger, et plus spécifiquement des jeunes filles… Il pointe également les difficultés de l’accompagnement, en particulier quand les choix de la personne exilée déroutent ou interrogent celles et ceux qui lui apporte leur soutien.
Le réalisateur a attaché un soin tout particulier à l’esthétique du film. En quoi cela sert-il son propos ?
Beaucoup de films traitant des questions migratoires s’inscrivent dans l’action, présente des situations d’une grande violence, enchainent informations sur informations. Avec Fortuna, c’est tout le contraire. On est dans un monastère suisse perdu sous la neige et cette neige contribue à suggérer un temps au ralenti. Cela permet d’évoquer, sans lourdeur, ces longs moments d’attente vécus par les personnes migrantes au fil de leur parcours, cette nécessité de combler des journées qui n’en finissent pas… Ce choix d’un décors aussi spécifique qu’atypique permet par ailleurs de se décentrer, de réaliser que les mêmes questions migratoires se posent dans d’autres pays européens, dans d’autres réalités.
Le film s’attache aussi aux relations nouées entre les personnes migrantes accueillies dans ce monastère.
Oui, et il les décrit très finement, en montrant des relations de solidarité et d’autres plus sombres, sans manichéisme mais également sans angélisme. Finalement, il rend compte de la complexité inhérente à toutes relations humaines. Les relations entre personnes migrantes n’échappent pas à cette règle. C’est vraiment un très beau film, à voir et à faire connaitre.
Auteur: Coordination Sensibilisation