Notre système carcéral est pris dans un cercle vicieux : plus on incarcère, plus il est difficile d’accompagner correctement les personnes pendant leur détention et après leur
sortie souvent peu ou pas préparée, contribuant largement à la récidive ; les personnes reviennent donc trop souvent en prison, ce qui renforce ce cercle vicieux. Cet effet est
accentué par le fait que, face à la surpopulation carcérale, la réponse depuis les années 80 est une extension systématique du parc pénitentiaire plutôt qu’une politique réductionniste.
Une surpopulation chronique
L’augmentation du recours à l’emprisonnement est un phénomène observable depuis plusieurs décennies en France . La surpopulation induite par cette augmentation a des conséquences importantes pour le respect de la dignité des personnes détenues. De 140% en moyenne jusqu’à 200% de surpopulation dans certaines maisons d’arrêt, c’est toute la
vie en détention qui est affectée : de la vie en cellule avec des matelas posés à même le sol, aux diverses activités dont le travail en atelier, à la possibilité de rencontrer ses proches et jusqu’à l’accompagnement à la réinsertion par les services pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP).
L’augmentation de la population carcérale n’est pas le seul facteur qui engendre des difficultés dans la réinsertion des personnes détenues, la durée de la peine entre également en jeu. En effet, les condamnations à de courtes peines d’enfermement, en ce qu’elles ne laissent pas suffisamment de temps pour préparer les personnes à l’après prison, augmentent le nombre de « sorties sèches ». Sans possibilités d’accès à un logement, à un travail, aux dispositifs de soins ou à des relations familiales et sociales, les personnes sortantes de prison se retrouvent isolées et démunies ce qui augmente le risque de récidive. Le cercle continue alors d’être alimenté.
Imaginer une sortie de ce cercle vicieux
Les réformes récentes n’ont apporté que des réponses partielles et insuffisantes quand elles ne renforçaient pas le cercle vicieux lui-même, comme avec les peines planchers. Dix ans après la loi pénitentiaire de 2009, la nouvelle réforme de la justice pénale promulguée le 23 mars ne semble pas fournir les moyens de sortir d’une logique où la prison serait la peine de référence. Peut-on imaginer d’autres solutions, qui permettraient de sortir de ce cercle vicieux, voire d’enclencher un cercle vertueux où la diminution de la population carcérale permettrait de mobiliser les moyens de l’État et les efforts des acteurs (publics et associatifs) pour éviter les retours en prison ?
Le dossier d’animation comprenant une présentation de la thématique, des contributions extérieures et différents outils est disponible en téléchargement. Un programme recensant les différents événements est également accessible.
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Auteur: Responsable national Prison