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La Cimade se retire du CRA du Mesnil-Amelot

7 février 2023

Dans un contexte de recrudescence de violences et de graves dysfonctionnements, la Cimade a décidé le 2 février 2023 d’un retrait de ses équipes dans les centres de rétention du Mesnil-Amelot jusqu’à nouvel ordre.

Malgré les alertes régulièrement lancées auprès des responsables des centres et des ministères, le climat au sein des CRA du Mesnil-Amelot s’est considérablement aggravé ces derniers mois, aboutissant à l’impossibilité manifeste pour les intervenant.e.s de l’association d’assurer leur mission d’aide à l’exercice des  droits. 

Les expulsions illégales de personnes qui ne peuvent faire l’objet d’une expulsion parce qu’elles ont demandé l’asile ou ont formulé un recours de plein droit suspensif devant la juridiction administrative se sont multipliées : on en compte déjà cinq depuis le début d’année, auxquelles s’ajoutent six personnes protégées par la loi contre le prononcé d’une mesure d’éloignement en raison de leurs attaches familiales sur le territoire. De la même façon, les tentatives d’expulsions vers des pays à risques (Syrie, Soudan, Erythrée, Somalie, Russie), le placement en rétention de personnes victimes de violences conjugales, de personnes en situation régulière ou de Français sont devenues monnaie courante.

De plus en plus de personnes présentant d’importants problèmes de santé notamment psychiatriques, sont enfermées dans les centres, en dépit de leur évidente vulnérabilité. Certaines présentent des troubles mentaux qui nécessitent des soins immédiats et représentent un danger pour elle-même ou pour les autres, ce qui justifierait aux termes de la loi leur hospitalisation plutôt qu’un maintien en rétention. D’autres ne bénéficient manifestement pas du discernement suffisant pour faire valoir l’exercice de leurs droits, rendant impossible la mission d’appui que doivent délivrer les intervenant.e.s de La Cimade. Ainsi, depuis plus de trois semaines, une femme présentant de multiples troubles, incapable de s’alimenter et de se laver de manière autonome, est enfermée au CRA 2, dans des conditions portant atteinte à sa dignité et dans l’incapacité d’exprimer son consentement pour exercer ses droits.

L’isolement, enfermement dans l’enfermement, est censé être exceptionnel et être limité dans le temps. Il est aujourd’hui utilisé par l’administration pour diverses raisons (“troubles à l’ordre public”, isolement de personnes la veille d’un vol, isolement sanitaire pour maladie contagieuse ou troubles psychiatriques) et pour une durée indéterminée, sans accès aux soins ni aux droits.

Dans ce contexte, les situations de violences n’ont cessé de se multiplier : violences entre personnes retenu.e.s, violences policières à l’encontre des personnes retenu.e.s, tandis qu’alertés par ces faits les responsables des CRA assument une nécessité de recours à la force. Ce climat de tensions permanentes porte atteinte à l’intégrité physique et psychique des personnes retenues, tend les relations entre les différents acteurs intervenant au sein des centres, les exposant eux-mêmes à de nombreux risques mettant en jeu leur sécurité

Cette situation explosive est le fruit d’une politique d’enfermement et d’expulsion mise en œuvre au mépris du respect fondamental du droit et de l’humanité. C’est cette même politique qui commande la plupart des mesures contenues dans le projet de loi « Contrôler l’immigration, améliorer l’intégration ».

Auteur: Service communication

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