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La prison tue : un homme s’est suicidé à la maison d’arrêt d’Osny, dans le Val d’Oise

27 juillet 2022

Monsieur Z. s’est donné la mort à la maison d’arrêt d’Osny le 19 juin 2022. Placé la veille au quartier disciplinaire, son état d’extrême anxiété était connu des services pénitentiaires.

M. Z, de nationalité afghane, était incarcéré à la maison d’arrêt d’Osny où la Cimade intervient régulièrement. Menacé par d’autres personnes détenues et ne se sentant pas en sécurité, son état psychologique s’est détérioré en une dizaine de jours : il ne dormait plus et ne mangeait presque plus.

Le 17 juin, M. Z a mis le feu à son matelas et a été intoxiqué par les fumées. Non hospitalisé, il a eu un échange avec le personnel de la prison. Après un entretien difficile en raison de la barrière de la langue et de l’absence d’interprète, il a été placé en quartier disciplinaire le 18 juin. Il a été retrouvé étranglé avec ses draps le lendemain matin.

Le suicide constitue l’une des premières causes de décès en détention : son taux est de 18,5 pour 10 000 personnes, soit sept fois plus qu’en population générale [1]. En conséquence, la prévention du suicide est une préoccupation importante pour l’administration pénitentiaire et fait l’objet d’un vaste plan national d’action, fondé sur le rapport Albrand de 2009 [2]. Dans ce rapport, il est recommandé de limiter les placements préventifs au quartier disciplinaire et d’y améliorer les conditions de détention.

Dès lors, nous nous interrogeons sur les actions préventives qui ont pu être mises en place en réponse à l’extrême anxiété de M. Z, connue par l’administration quelques jours avant son suicide. Nous nous interrogeons également sur l’absence d’accès à un·e interprète pour échanger plus facilement sur une telle situation, alors que la barrière de la langue est un facteur d’isolement et d’incompréhension.

La Cimade souhaite rendre hommage à M. Z. et favoriser la prise de conscience des réalités méconnues et sous-estimées de la prison : c’est un lieu de souffrance, de pathologies graves qu’elles soient somatiques et/ou psychiatrique ; c’est un lieu de mort, qui s’abat avec plus de forces sur les personnes qui multiplient les éléments de vulnérabilité, comme les personnes étrangères.

Le collectif des Mort∙e∙s de la prison, dont La Cimade fait partie, déplore régulièrement :

  • D’avoir, encore, à faire le constat que des personnes meurent en prison,
  • Que la mort de personnes incarcérées fasse si peu l’objet de débats sociétaux et qu’à la dépersonnalisation réponde l’oubli,
  • Qu’aucune réforme de grande ampleur n’ait été entreprise qui prenne en compte la question des suicides et des mort·e·s en détention,
  • Que la prévention du suicide ne fasse l’objet d’une réforme en luttant contre le mal-être en détention,
  • Qu’à un besoin de soin et de soutien psychologique ne soient opposées que des politiques sécuritaires, chiffrées, déshumanisantes.

La prison n’est pas la seule sanction possible : des alternatives existent, beaucoup plus efficaces en termes de lutte contre la récidive.

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Photographie: Coursive d’un centre de détention © JC HANCHE / CGLPL

[1] Le guide du prisonnier de l’Observatoire International des Prisons, section française – Janvier 2021

[2] La prévention du suicide en milieu carcéral  – Commission présidée par le docteur Louis ALBRAND – Janvier 2009

Auteur: Admin_Ile_de_France

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