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Mayotte, garder espoir

6 septembre 2012

Alors qu’un nourrisson est décédé, dans des circonstances floues, au centre de rétention de Pamandzi, Alain Christnacht, conseiller d’Etat, a été dépêché par le gouvernement pour une mission d’observation sur la situation migratoire de cette île lointaine. Il est temps en effet que l’Etat français agisse pour le respect des droits des personnes dans ce 101ème département français.

Le 16 août dernier, nous avons appris le décès d’un nourrisson au centre de rétention de Pamandzi à Mayotte. Sa mère, jeune fille de 17 ans, avait été interceptée la veille alors qu’elle traversait en kwassa-kwassa pour rejoindre sa famille à Mayotte. Les circonstances de la mort de ce bébé de deux mois sont encore floues, une enquête a été ouverte et le Défenseur des droits s’est auto-saisi de cette affaire. Car l’État ne peut aucunement se défausser de sa responsabilité. Cette tragédie, malheureusement une parmi tant d’autres vécues par les familles comoriennes à Mayotte, n’est pas seulement imputable à l’état de la mer. Cette tragédie a été provoquée par la politique d’immigration française.

C’est parce que l’État français déploie des moyens militarisés toujours plus importants et sophistiqués entre Mayotte et Anjouan que les kwassas-kwassas empruntent des itinéraires détournés toujours plus dangereux pour les vies des personnes embarquées. C’est aussi en connaissance de cause que l’administration française continue d’enfermer quotidiennement des enfants et des personnes vulnérables dans un centre de rétention aux « conditions épouvantables » selon les propres mots du Contrôleur général des lieux de privation de liberté. Il n’est pas tolérable de se contenter de l’annonce de l’ouverture d’un nouveau centre de rétention en 2015. Le centre de rétention de Pamandzi doit fermer immédiatement, il en va de la dignité et de la vie des personnes qui y sont enfermées, comme celle de ce nourrisson de deux mois. 

Rappelons encore une fois que la circulaire mettant fin à l’enfermement des familles en rétention du 7 juillet 2012 ne s’applique pas à Mayotte où pourtant chaque année sont enfermés et expulsés près de 6 000 enfants. Mayotte en effet n’est pas régie par le Code de l’entrée et du séjour des étrangers mais par un droit d’exception, très peu regardant sur les droits des personnes. La Cimade demande que ce 101ème département français puisse être intégré au droit commun des étrangers, qui est déjà un droit d’exception au regard du droit commun des Français. Comme l’a souligné la ministre de la Justice et la Garde des Sceaux Christiane Taubira, dans le numéro de juillet de Causes Communes, «  il n’y a pas d’arguments ni éthiques, ni juridiques qui puissent justifier ces dérogations ».

Aujourd’hui, Alain Christnacht, conseiller d’État, a été dépêché par le gouvernement pour évaluer la situation migratoire à Mayotte et faire des propositions. En effet, à Mayotte, où le niveau de vie est dix fois plus élevé que sur les îles des Comores voisines mais où il existe aussi une tradition ancestrale de migrations circulaires, il est urgent de repenser la politique de visas et de séjour. La politique répressive a déjà montré depuis longtemps son inefficacité. Il est temps d’inventer de nouvelles politiques, dans une approche globale et régionale. La Cimade espère que la mission d’Alain Christnacht permettra d’avancer vers des solutions à long terme mais aussi à court terme.

photo : Mayotte, mai 2012. crédit photo : Vali/La Cimade

En savoir plus : télécharger le cahier spécial de Causes Communes, Mayotte, la déchirure

Auteur: Service communication

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