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Dénués de volonté politique et de courage collectif pour apporter une réponse à la hauteur des enjeux des migrations actuelles, les pays européens ne savent plus quoi inventer pour éviter d’accueillir et de secourir les milliers de personnes qui espèrent encore un endroit pour vivre dans la sécurité et la dignité.
Pas une semaine sans que de nouvelles informations sur le sort réservé aux personnes exilées aux portes et au sein de l’Europe ne provoquent l’indignation et la colère des défenseurs des droits humains. À la dernière tragédie de 500 morts en Méditerranée du mois d’avril, se sont ajoutées des dizaines de disparitions supplémentaires.
Dénués de volonté politique et de courage collectif pour apporter une réponse à la hauteur des enjeux des migrations actuelles, les pays européens ne savent plus quoi inventer pour éviter d’accueillir et de secourir les milliers de personnes qui espèrent encore un endroit pour vivre dans la sécurité et la dignité. Alors que la seule véritable question devrait être : comment assurer un accueil humanitaire et une protection à tous ceux qui le demandent et qui en ont besoin, nos pays semblent ne s’accorder que sur un point : comment éloigner le problème, comment s’en débarrasser au plus vite !
S’en débarrasser collectivement en les empêchant d’aborder le continent européen par une militarisation accrue des frontières extérieures. S’en débarrasser nationalement en fermant les frontières intérieures. Se débarrasser aussi, lâchement et hypocritement, de leurs responsabilités en les renvoyant dans un pays aussi peu « sûr » que la Turquie !
Que reste t-il des valeurs humanistes de nos pays quand le haut commissaire aux droits de l’Homme s’inquiète, aux frontières européennes, « d’un risque réel de négligence des obligations liées au respect des droits de l’Homme » ? Que reste t-il du droit d’asile quand le Haut Commissariat pour les Réfugiés lui même refuse de cautionner des mesures en contradiction avec le droit international en Grèce ?
Le droit d’asile et, au-delà, la liberté de migrer, sont en danger. Et ces dangers en révèlent d’autres. D’abord, pour les milliers de femmes, d’hommes et d’enfants qui se retrouvent arrêtés, enfermés, triés, quand ils ne sont pas morts sur les routes de l’exil. Ensuite, pour le renoncement aux valeurs d’humanité universelles, pilonnées par la peur, la xénophobie ou la haine.
Dans ce contexte d’une Europe qui semble avoir perdu la boussole, nous déplorons que la France n’ait pas apporté jusqu’à présent de réponses fortes et courageuses à la hauteur des enjeux. La France n’a contribué que très peu en matière d’accueil, mais elle réagit pourtant sur un « mode crise », tant dans son engagement européen que dans le durcissement de sa politique nationale de contrôle et d’éloignement des personnes migrantes.
Entre morts, murs, détention, tri et troc, quelle sera la prochaine démission morale d’une Europe en crise ? Que retiendront les livres d’histoire de cette période si nous ne parvenons pas à arrêter cette déroute collective des pays européens ?
Le temps est à la résistance : l’urgence est d’alerter sur ces dérives. De revendiquer l’hospitalité plutôt que l’hostilité ou la peur. De démontrer concrètement que la solidarité est le meilleur rempart contre la xénophobie et une forme de réponse aux maux de nos sociétés. De très nombreux citoyens adhèrent à cet esprit de résistance aujourd’hui, et construisent des alternatives solidaires. Notre gouvernement ferait bien d’en tenir compte.
Geneviève Jacques et Jean-Claude Mas, présidente et secrétaire général de La Cimade
Photographie : Les migrants bloqués à la frontière entre la Grèce et la Macédoine à Eidomeni, novembre 2015. © Sara Prestianni
Auteur: Service communication
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