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Nantes : les personnes migrantes souffrent

À Nantes, la situation des personnes étrangères est encore une fois complexe. La municipalité ayant longtemps délaissé ce sujet, la prise en charge a été un vrai soulagement mais la solution apportée correspond-elle aux enjeux migratoires d’aujourd’hui ?

Le camp du centre-ville

En 2018, la situation des personnes étrangères dans la ville de Nantes, posait déjà question : le nombre de personnes migrantes ayant pris place dans le Square Daviais s’élevait à 400. 

Les conditions de vie étaient déplorables et alarmantes : sans accès à l’eau, impossible de maintenir une hygiène de vie. L’accueil des personnes migrantes n’a pas été pensé. Les habitant·e·s voisin·e·s du camp ainsi que les collectifs de soutien aux personnes migrantes se sont mobilisés chaque jour pour distribuer des repas, apporter des couvertures et des vêtements. 

Face à la précarité extrême des personnes sans-papiers, une décision de démantèlement du campement a été prononcée. Sur les 400 occupant·e·s, seulement 200 ont pu bénéficier d’un hébergement en centres d’accueil. Pourtant, plus de 80 % des personnes avaient formulé une demande d’asile. Quid du devenir des autres personnes ?

Suite à une requête en référé-liberté de 4 associations Nantaises, fin 2018, le tribunal administratif de Nantes a enjoint la préfecture de Loire-Atlantique et l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) de prendre en charge “l’ensemble des personnes migrantes présentes actuellement sur le square Daviais, quelle que soit leur situation administrative au regard du droit d’asile” et à les “orienter, dès que possible, vers des dispositifs d’accueil correspondant à leur situation administrative, ouverts sur le territoire français”. La municipalité a eu 48 heures pour appliquer la décision.

Le campement du square Daviais a été démantelé pour donner lieu à la mise à l’abri de personnes réfugiées et migrantes dans des centres d’accueil. Pour éviter la formation de nouveaux squats, les forces de l’ordre ont empêché les personnes n’ayant pas bénéficié de prise en charge, de se réinstaller. Des grilles métalliques ont été installées. Dans l’impossibilité de poser leurs tentes, les personnes n’ont pas eu d’autre choix que de déambuler dans la ville, sans but. Sans plus attendre, des squats se sont formés en périphérie de la ville comme c’est le cas au sein du gymnase Saint Herblain.

Le Gymnase de Saint Herblain

À Saint-Herblain, commune voisine de Nantes, près de 600 personnes migrantes sont entassées dans le gymnase Jeanne-Bernard dans des conditions épouvantables. Parmi ces personnes, beaucoup sont des demandeurs et demandeuses d’asile et des dubliné·e·s, et certaines ont le statut de réfugié·e mais ne trouvent pas d’hébergement, quelques-unes sont en situation irrégulière et cherchent à obtenir un titre de séjour. Ces êtres humains vivent dans une insalubrité extrême.

Pour conséquence, un exilé tchadien nommé Omar est décédé dans le gymnase. Après un soulèvement de violence lié à cet événement, entre les forces de l’ordre et les occupant·e·s, la municipalité de la ville de Saint Herblain a décidé de fermer définitivement le gymnase en janvier. 

Sans surprise, un autre lieu près du marché de Talensac a été occupé. Les démantèlements incessants ne sont définitivement pas une solution à la crise migratoire. Ces personnes ont besoin d’une réponse respectueuse des droits humains, à la mesure de l’enjeu des demandes d’asile.

La politique migratoire de la ville de Nantes

Dans la ville de Nantes, la politique migratoire pose question. Si la maire Johanna Roland a effectué une mise à l’abri des personnes étrangères du square Daviais, le sujet reste brûlant : l’État n’a pas pris en charge les frais de 4 millions d’euros. Au-delà des décisions de financement, la vie de centaines de personnes est en jeu. Que va-t-il advenir des personnes étrangères sans hébergement ?

Malgré les dires de la ville de Nantes, la mise à l’abri n’a pas concerné la totalité des personnes exilées : plusieurs dizaines de personnes migrantes passées par le gymnase Jeanne-Bernard de Saint Herblain n’ont pas pu être hébergé·e·s, et se sont retrouvé·e·s de nouveau à la rue.

La politique de dispersion mise en place par les autorités empêche les associations d’assurer un suivi et met encore plus les personnes migrantes en danger. Avec votre soutien, les équipes de La Cimade aideront les personnes étrangères à surmonter les obstacles qui se dressent tout au long de leur parcours d’insertion. Faites un don.