Un reportage à voir absolument !
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Fanélie Carrey-Conte et Monique Guyot-Berni, secrétaire générale et présidente de La Cimade, alertent, dans une tribune au « Monde », sur le cynisme et la dureté des politiques d’immigration occidentales. Elles insistent sur l’urgence de mettre un coup d’arrêt à cette « escalade de déshumanisation ».
Face à l’accélération des souffrances et des maltraitances imposées ces derniers mois aux personnes migrantes et à la déshumanisation croissante à laquelle elles doivent faire face, on ne peut qu’être pris de vertige. Dans le monde de Donald Trump, il n’y a plus de limite lorsqu’il s’agit de donner corps à l’obsession anti-migrants, à l’imaginaire du « nous » contre « eux », bien pratique pour détourner les regards de l’opinion d’autres enjeux politiques et sociaux et accompagner une dérive vers l’autoritarisme. Nombreuses en sont les illustrations : moyens décuplés alloués à la police de l’ICE [Immigration and Customs Enforcement] pour l’organisation sans précédent d’une traque aux personnes migrantes ; arrestations arbitraires et souvent illégales, jusqu’aux portes des tribunaux ; limogeage de juges défenseurs des droits fondamentaux… Toutes ces décisions sont sous-tendues par un cynisme inhumain, quand on se vante en riant d’enfermer des personnes migrantes dans un « Alcatraz des alligators », ou qu’une vidéo gouvernementale officielle reprend les codes des jeux vidéo pour populariser des chasses à l’homme…
Mesure-t-on réellement ce que notre monde est en train de devenir ? Réaliset- on à quel point ce qui se joue aujourd’hui autour des questions migratoires se transforme pour nos sociétés en une gigantesque faillite morale et démocratique ?
L’exemple américain accélère des tendances déjà visibles depuis plusieurs années en Europe. Chaque mois est l’occasion de nouvelles annonces venant durcir les conditions d’accueil et de traitement de celles et ceux qui n’ont jamais autant été considérés et traités comme des indésirables. Les débats européens pour faciliter encore davantage les expulsions forcées, y compris vers des pays où les personnes risquent leur vie ; la suspension du regroupement familial en Allemagne et en Autriche, au mépris du droit au respect de la vie privée et familiale ; les multiples entraves et agressions contre les bateaux humanitaires mobilisés pour sauver des vies en Méditerranée sont autant de marques de déshonneur pour l’Union européenne.
Polémiques alimentées
Aujourd’hui, on évoque publiquement des propositions prônées par des partis d’extrême droite : instauration de la préférence nationale soutenue par Reform UK au Royaume-Uni, déportations massives et « remigration » défendues par l’AfD en Allemagne… Le tout sur fond de démonstrations de force des semeurs de haine, avec, par exemple, les glaçantes manifestations anti-immigration qui se sont tenues à Londres et à La Haye ces dernières semaines.
Il n’y a guère de doute : tout cela va continuer à s’accélérer. Activistes, médias et politiques de l’internationale réactionnaire, à coups de polémiques alimentées, de peurs agitées, de séquences de communication bien orchestrées, ne vont pas cesser de mettre au cœur du débat public les questions migratoires. Ils vont continuer à pointer les dangers présumés d’un « grand remplacement » qui menacerait notre civilisation, en appelant à un durcissement toujours croissant des politiques migratoires. Cela fonctionne : nombre de gouvernements en Europe semblent incapables d’imaginer une autre réaction que celle de se justifier en montrant qu’eux aussi agissent face à cette prétendue menace migratoire. Jusqu’où cela ira-t-il ?
En France, on connaît les nombreux durcissements intervenus ces dernières années en matière de politiques migratoires et de restrictions des droits des personnes étrangères. Ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau s’est maintes fois montré aligné sur les influences trumpistes, à coups de remises en cause de plus en plus assumées de l’Etat de droit et de stigmatisation continue des personnes migrantes. En France, on considère désormais le Rassemblement national, parti d’extrême droite dont la proposition phare n’est rien de moins qu’un référendum sur l’immigration pour instaurer la préférence nationale, comme un parti « respectable », banalisé et légitimé dans le jeu républicain.
Se réveiller enfin
On peut, bien sûr, débattre des orientations en matière de politiques migratoires. Avoir des nuances avec celles et ceux qui, comme notre association, prônent un profond changement de paradigme, une autre vision du monde qui ferait des migrations une chance pour notre avenir collectif et du droit à la migration un nouveau pilier du monde de demain. Mais l’urgence du moment n’est même plus celle de la discussion autour des propositions pouvant être exprimées par différentes sensibilités dans le cadre d’un débat démocratique sur les migrations.
L’urgence est de mettre un coup d’arrêt à cette escalade de la déshumanisation, de la remise en cause des droits fondamentaux et de l’Etat de droit. L’urgence est de se réveiller enfin quand le débat public en vient à banaliser à ce point des propositions mettant à mal notre capacité à construire pour l’avenir un monde en commun.
Restera-t-il au futur gouvernement et au président de la République, qui aimait tant se référer à l’éthique de Paul Ricoeur (1913-2005), la capacité de prendre conscience de la gravité des basculements en cours et de tourner enfin le dos à la fuite en avant de la stigmatisation et de la répression ? Il est à craindre que, dans les discussions futures entre les différentes forces politiques, des tractations ne se fassent au prix d’une instrumentalisation des personnes migrantes, et n’aillent vers un durcissement supplémentaire des politiques de non-accueil. De nombreux périls nous attendent si l’influence des forces réactionnaires devait continuer à s’accroître. La mobilisation de toutes celles et ceux qui sont attachés à la démocratie, à l’idée d’humanité commune, au respect de la dignité de chacun est plus nécessaire que jamais. Nous ne pouvons faillir aujourd’hui, nous sommes à l’heure où personne ne peut manquer à l’appel de cette nécessaire résistance.
Fanélie Carrey-Conte est la secrétaire générale de l’association La Cimade ; Monique Guyot-Berni est la présidente de l’association La Cimade.
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Auteur: Service communication
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