Vers un nouveau schéma national d’accueil : orientations directives et refus des conditions matérielles d’accueil
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En 2019, le gouvernement annonce la construction de quatre nouveaux centres de rétention administrative (CRA) à Lyon, Olivet près d’Orléans, Bordeaux, et au Mesnil-Amelot. Après Lyon en 2022, celui d’Olivet entre en fonction le 5 février 2024. En 2023, le gouvernement déclare qu’il en construira d’autres, pour pouvoir enfermer toujours plus de personnes en prévoyant jusqu’à 3000 places en CRA d’ici quatre ans. La France se couvre d’un maillage serré de lieux d’enfermement administratif pour les personnes étrangères.
Le 5 février 2024, les portes se referment sur les premières personnes retenues d’Olivet. La police de l’air et des frontières, dans les locaux depuis décembre 2023, reçoit déjà pour pointage les personnes étrangères assignées à résidence. Ce CRA a une capacité de 90 places, soit environ 1500 personnes retenues par an. Il jouxte le campus universitaire, à quelques mètres seulement de l’UFR « STAPS », tel un sinistre rappel, pour les nombreux étudiants étrangers du campus, de la précarité de leur condition.
En octobre 2023, le gouvernement annonce de nouveaux projets de centres de rétention à Aix-en-Provence, Nantes, Béziers, Dijon, Goussainville, Nice, Mayotte et « dans le Dunkerquois ». Si ces projets aboutissent, la capacité de « rétention » aura augmenté de plus du tiers entre 2017 et 2027. Le gouvernement annonce aussi la multiplication des locaux de rétention permanents (LRA), des lieux d’enfermement de court séjour où l’accès aux droits est moindre, avant expulsion express ou transfert en centre de rétention. Le recours massif de la France à l’enfermement est une constante, y compris lorsque les personnes ne devraient pas y être enfermées au regard de leur situation, y compris lorsque les personnes ne peuvent pas être expulsées.
Le coût annoncé par le ministère de l’Intérieur de cette politique de l’enfermement à tout prix est de 240 millions d’euros entre 2023 et 2027, auquel s’ajoute le coût moyen d’une expulsion évalué à 14000 € par un rapport de l’Assemblée nationale en 2019. Un « pognon de dingue » qui pourrait servir une vraie politique d’accueil.
L’enfermement en CRA est une machine à broyer. L’exemple du CRA de Lyon, projet pilote du ministère de l’Intérieur, en témoigne : les conditions de rétention sont particulièrement difficiles et indignes. Le dernier rapport de la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté du 17 mars 2023 dénonce que « l’intégrité physique et psychologique des personnes retenues n’est pas garantie ».
Pourtant, le ministère de l’Intérieur poursuit une véritable politique du chiffre qui se caractérise par une volonté d’enfermer et d’expulser à tout prix, au détriment des droits fondamentaux des personnes étrangères. Dans cette course effrénée, l’examen des situations individuelles est de plus en plus sommaire et les violations des droits se multiplient. La loi immigration récemment promulguée risque de tendre encore jusqu’à l’insoutenable le climat dans les centres de rétention administrative.
Toute ouverture de CRA est donc particulièrement préoccupante dans un contexte où la situation dans ceux qui existent est de plus en plus alarmante - dégradations des conditions d’enfermement, montée des tensions, violations des droits, manques d’effectifs. Ils sont déjà au bord de l’implosion. 2023 a d’ailleurs été marquée par plusieurs décès en rétention administrative.
Nous exigeons la fermeture des lieux d’enfermement administratif des personnes étrangères et demandons la mise en œuvre d’une politique d’accueil digne, à la hauteur des défis du siècle.
Le collectif COLERE (COLlectif contre les Expulsions et la Rétention) appelle à manifester devant le CRA le 17 février à 12h.
Auteur: Service communication
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