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Quelle urgence a soudainement ressenti le préfet de la Somme à les expulser, deux semaines avant une audience qui aurait peut-être permis de reconnaître les dangers qu’ils encourent au Kosovo ? D’autant que les séquelles résultant de leurs conditions de vie au Kosovo sont manifestes.
Severdjan, son épouse Bajramsa et leurs trois fils – majeurs – Alen, Feriz et Saban sont en France depuis un peu moins de trois ans. Kosovars membres de la communauté Rom, ils se sont enfuis pour échapper aux persécutions incessantes dont ils étaient victimes. Minorité la plus marginalisée au Kosovo, les Roms, accusés d’avoir collaboré avec les Serbes, sont exclus de l’accès aux soins, à l’éducation, à l’emploi, au logement. La famille a subi deux déplacements forcés et de nombreuses humiliations avant de venir en France.
Tous ont pourtant été déboutés de leurs demandes d’asile par l’Ofpra et la CNDA, alors que celle-ci accordait au même moment le statut de réfugié à la mère de Severdjan, à son frère et à l’épouse de celui-ci ainsi qu’à sa nièce, son neveu et l’épouse ce dernier. En 2013, la famille de Severdjan avait déposé une demande de réexamen. Leur appel du nouveau rejet de l’Ofpra devait être examiné par la CNDA le 13 novembre.
Quelle urgence a soudainement ressenti le préfet de la Somme à les expulser, deux semaines avant une audience qui aurait peut-être permis de reconnaître les dangers qu’ils encourent au Kosovo ? D’autant que les séquelles résultant de leurs conditions de vie au Kosovo sont manifestes. La mère, prostrée, ne communique pas. Lors de la première audience devant la CNDA, c’est à elle que le juge a choisi de poser sa seule question – à laquelle elle n’a pas répondu – en dépit de la production d’un certificat établi par un psychiatre. Tous les membres de la famille, très fragilisés, sont suivis psychologiquement. Tous souffrent également d’un important surpoids entraînant des conséquences importantes sur leur santé, et l’un des fils est diabétique.
Le 29 octobre donc, le préfet ordonne leur interpellation à la sortie d’une association où ils viennent prendre leur déjeuner. De façon manifestement programmée, puisque dès le lendemain, au petit matin, ils sont conduits à l’aéroport militaire du Bourget pour être expulsés dans un charter. Mais Alen et Feriz, seuls, sont finalement ramenés au CRA, sans possibilité de joindre le reste de leur famille. Nous les aidons à introduire un recours devant le tribunal administratif, mais ils seront expulsés le lendemain avant de pouvoir rencontrer un juge. En leur absence, le tribunal rejette les recours. L’avocat de la préfecture, lors de l’audience, explique qu’ils n’avaient pas pu être expulsés en même temps que le reste de leur famille en raison de « circonstances matérielles » … liées à leur surpoids. Un nouveau motif de séparation de famille, et une humiliation supplémentaire pour les membres de cette famille.
Lise Faron, intervenante au centre de rétention du Mesnil-Amelot
Auteur: Service communication
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