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Situé sur un plateau désertique et venteux à proximité de la mer, le poste frontière de Saloum est l’unique point de passage officiel entre l’Égypte et la Libye. Sur ce site inadapté à l’implantation d’un camp de réfugiés vivent encore aujourd’hui environ 2000 personnes.
Une mission d’étude menée en Égypte par La Cimade associée à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) (1) a permis de dresser un état des lieux de la situation des exilés vivant au camp de Saloum deux ans après sa création. Ce travail fait le lien avec la mission d’enquête menée par la Fédération Internationale des ligues des Droits de l’Homme (FIDH) à la frontière égypto-libyenne en mai 2011 à laquelle Geneviève Jacques, actuelle présidente de La Cimade, participait (2).
Le poste frontière de Saloum
Situé sur un plateau désertique et venteux à proximité de la mer, le poste frontière de Saloum est l’unique point de passage officiel entre l’Égypte et la Libye. Sur ce site inadapté à l’implantation d’un camp de réfugiés vivent encore aujourd’hui environ 2000 personnes.
Une Europe qui se détourne des demandes de réinstallation
Parmi l’ensemble des réfugiés ayant obtenu le statut à Saloum, au 31 janvier 2013, seuls 699 ont déjà été réinstallés dans un pays sûr doté d’un système de protection effectif, dont les 2/3 aux États-Unis le principal pays d’accueil. La Suède a lancé un appel aux pays européens afin de les encourager à accueillir des réfugiés. Un appel sans succès car peu d’entre eux se sont manifestés. La France et l’Angleterre, pourtant leaders de la coalition militaire de l’OTAN en Libye n’ont à ce jour offert aucune place de réinstallation.
Assignés à résidence dans un no man’s land
Les procédures de détermination et de réinstallation prennent du temps. Deux ans se sont écoulés et le gouvernement égyptien refuse toujours aux réfugiés l’accès à son territoire. Ces derniers restent bloqués à Saloum, dans cet entre-deux, ni en Libye ni tout à fait en Égypte.
Une mise à distance délibérée
Les pratiques mises en œuvre semblent servir les politiques européennes et africaines d’externalisation des contrôles qui visent à tenir à distance les exilés d’un lieu véritablement protégé (3). Que ce soit à Saloum ou à Choucha en Tunisie les exilés de Libye sont devenus des « indésirables » (4) pris en étaux entre humanitaires et forces militaires.
En refusant d’accepter sur son sol les « victimes » des soulèvements populaires de l’année 2011, les pays de l’Union Européenne participent à maintenir des milliers de personnes dans une situation de misère à la fois matérielle et humaine, au sein de camps isolés et la plupart du temps situés au milieu de déserts inhospitaliers.
Cette situation d’attente forcée anxiogène, où la liberté de mouvement n’est pas autorisée génère, on l’a vu, de l’illégalité ainsi que des situations de non-droit voire d’enfermement sans base légale et sans assistance juridique.
Pour en savoir plus :
Télécharger le rapport et consultez le site du programme Ecomig intitulé : « La place de L’Égypte dans les circulations migratoires » mené par l’IRD auquel La Cimade collabore.
1. Cette mission a été réalisée dans le cadre du programme AIRD-STDF « Economic crises, migration and development in Egypt » Ecomig / « la place de L’Égypte dans les circulations migratoires avant et après le « Printemps arabe » ». L’enquête de terrain en Égypte s’est déroulée du 6 au 15 février 2013.
2. Rapport FIDH, « Fuite en Égypte des exilés de Libye, double drame pour les Africains sub-sahariens », juin 2011. http://www.fidh.org/IMG/pdf/LibyeEgypt565fr.pdf
3. Les demandes d’asile en Europe ont chuté de 680 000 en 1992 à 301 000 en 2011, alors que pendant la même période le nombre d’États membres est passé de 12 à 27. (Source : Eurostat 2012)
4. AGIER Michel, Gérer les indésirables. Des camps de réfugiés au gouvernement humanitaire, Flammarion, 2008.
Photographies : Geneviève Jacques
Auteur: Service communication
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