Ecoutez-moi, j’ai quelque chose à dire.
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Ces témoignages sont issus du rapport d’observation « Devant la loi », enquête sur les conditions d’accueil des étrangers dans les préfectures, l’information du public et l’instruction des dossiers, publié le 10 juin.
Un couple germano-sénégalais, Paris
Monsieur : « La première fois, je suis sorti de la préfecture, je n’avais rien compris. J’ai l’impression que c’est comme s’ils avaient suivi une formation de mécanicien, ils te disent la même chose 18 fois. En fait, ils peuvent avoir compris ce que tu viens chercher, mais on dirait qu’ils ont pour objectif de te décourager ou de ne pas t’informer pour que tu ne comprennes même pas ce que tu dois faire à l’avenir. Je suis ressorti sans avoir obtenu aucune information. Chaque fois que j’essayais d’expliquer ma situation, elle me répétait : « il faut aller au Sénégal chercher un visa de long séjour, il faut aller au Sénégal chercher un visa de long séjour, il faut aller au Sénégal chercher un visa de long séjour… La deuxième fois on est tombé sur une jeune femme très compréhensive qui nous a écoutés mais son chef est intervenu et il l’a réprimandé. Elle est restée comme humiliée. Après elle ne disait plus rien. On a eu l’impression qu’il y avait de l’intimidation au sein du service, ou même du harcèlement. Elle s’est effacée et c’est son chef qui a conclu l’entretien, il a même essayé de nous reprendre le formulaire qu’elle nous avait donné. Heureusement ma femme a retenu le papier, c’est fou ! ».
Madame : « En tout cas, c’est particulièrement douloureux parce que ce qui est en jeu est très important. J’ai appelé hier le consulat d’Allemagne, j’ai pu dire ouvertement que mon mari est un sans-papier, on ne m’a pas traité comme une criminelle. On m’a écouté, ils étaient ouverts. Donc j’ai pu parler de la situation ouvertement. On ne m’a pas tout de suite étiquetée et il y a eu des réponses humaines. Ça m’a vraiment frappé. Alors qu’avec la préfecture à chaque fois on en sort frustré, tendu. On se sent abandonné, d’ailleurs on perd le respect de l’Etat français ».
Témoignage recueilli par Alexis Spire, L’asile au guichet. La dépolitisation du droit des étrangers par le travail bureaucratique, Actes de la recherche en sciences sociales 2007/4
« – On a toujours l’impression de naviguer à vue dans un bateau sans pilote ; on n’est pas au courant du droit, ni des circulaires qui sortent et en plus, on est isolés du reste de la préfecture. Lorsqu’on demande des stages, on met un an à les obtenir et encore, ce ne sont pas toujours ceux qu’on a demandés…
– Et êtes-vous mis au courant lorsqu’il y a une nouvelle circulaire ?
– Oui, on nous donne des consignes oralement, mais on ne nous les montre presque jamais. Parfois, on reçoit des notes ou des instructions aux services mais ça concerne des détails, des éléments de procédure qui arrivent une fois tous les six mois et qui ne servent à rien. Le sentiment, c’est plutôt qu’on est dirigés par personne, livrés à nous-mêmes…. Nous ce qu’on fait, c’est du bricolage, et rien d’autre ; on ne fait que bricoler ».
rnUn couple de migrants et un agent préfectoral
Auteur: Service communication
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