Ecoutez-moi, j’ai quelque chose à dire.
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Nous avons rencontré Mariam et Zurab à la mi-juin. Ils sont arrivés au local de l’association avec leurs deux enfants. Nous leur avons proposé de s’installer sur le canapé et leur avons offert un café. Un geste simple qui a eu un effet torrentiel : ils nous ont expliqué qu’ils avaient passé plusieurs nuits dehors sans quasiment fermer l’œil pour veiller sur les enfants qui dormaient. Complètement épuisés, ils n’ont pas tardé à s’endormir alors que les enfants s’occupaient avec les quelques jeux apportés par les bénévoles.
Nous avons rencontré Mariam et Zurab à la mi-juin. Ils sont arrivés au local de l’association avec leurs deux enfants. Nous leur avons proposé de s’installer sur le canapé et leur avons offert un café. Un geste simple qui a eu un effet torrentiel : ils nous ont expliqué qu’ils avaient passé plusieurs nuits dehors sans quasiment fermer l’œil pour veiller sur les enfants qui dormaient. Complètement épuisés, ils n’ont pas tardé à s’endormir alors que les enfants s’occupaient avec les quelques jeux apportés par les bénévoles.
Après avoir encore passé la nuit à droite à gauche pendant trois semaines, quotidiennement éconduits par le 115 («p’us d’place »), Mariam, Zurab et leurs deux enfants ont enfin obtenu début juillet auprès de la plate-forme asile la domiciliation indispensable au dépôt de leur demande d’asile.
Ils avaient hâte de déposer leur demande en préfecture, raconter leur histoire, expliquer pourquoi ils ont fui, pourquoi ils ne peuvent malheureusement plus imaginer vivre dans leur pays, pourquoi ils veulent recommencer et tourner la page, ne plus penser à ce qui présentement encore les obsède. Toutefois, le travailleur social qui les reçoit leur annonce à la lecture du calendrier en ligne fixé par la préfecture que la prochaine date disponible est dans huit semaines ! Mariam et Zurab ont déjà attendu près d’un mois et ils ont tous les documents requis pour déposer leur demande d’asile. Ils décident donc de se rendre en préfecture et de se présenter devant le bureau de l’asile le lundi suivant. Sur la porte du bureau, il est écrit :
Dépôt d’une demande d’asile : lundi 9 – 12 h
Il est 10 h et ils sont au bon endroit, la porte est fermée, ils vont patienter dans la salle d’attente où ne se trouvent que trois autres personnes. Ils ont bon espoir d’être reçus. Au moment de venir chercher la troisième personne, l’employé se tourne vers eux et leur demande : « et vous, vous venez pour quoi ? » Ils répondent tout naturellement qu’ils souhaitent déposer leur demande d’asile. Sur ce, l’homme répond que s’ils sont passés par la plate-forme asile, ils doivent attendre leur tour. Ils regardent autour d’eux, ils sont seuls, la salle d’attente est vide, le couloir est désert. Il est 11h du matin, on ne peut visiblement pas dire que le bureau de l’asile est submergé de demandes. Pourquoi diable ne peuvent-ils donc pas être reçus plus tôt ?
« Pourquoi ? » demande Mariam. Je me rappelle alors ce qui s’est passé l’an dernier et je crains de comprendre. L’année dernière, suite à une action concertée des associations pour engager des référés liberté, le tribunal administratif de Nantes a condamné à plusieurs reprises la préfecture pour manquement à ses obligations de loger les demandeurs d’asile dont elle enregistrait la demande, juste après la domiciliation. La préfecture trouvait alors un hébergement, preuve que le « manque de moyens » est relatif. Cette année, la préfecture se soustrait à ses obligations d’hébergement en repoussant le moment d’enregistrement de la demande d’asile. Tant que les personnes ne sont pas officiellement « demandeuses d’asile », la préfecture n’a pas obligation de les loger.
Si Mariam et Zurab et d’autres observateurs ne s’étaient pas rendus au bureau de l’asile, on aurait pu penser que le service était débordé face à un « flux » de demandeurs. Or il n’en est rien, le calendrier en ligne fabrique une illusion de débordement. En réalité, il y a tout lieu de penser que cette interface illustre bien le nivellement par le bas de l’accueil des demandeurs d‘asile ou la légalisation du non accueil, au mépris de femmes et d’hommes déjà en grande détresse.
Cyrille, bénévole à Nantes
Auteur: Service communication
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