Violences policières : la répression des migrations
15 mars 2023
A l’occasion de la journée internationale contre les violences policières, La Cimade présente, à travers son nouveau podcast, des récits de personnes étrangères victimes de graves violations de leurs droits humains imputables aux forces de l’ordre.
Les violences policières à l’encontre des personnes étrangères : un phénomène systémique et politique
Depuis quelques années, les violences policières sont régulièrement mises au-devant de la scène médiatique. Pourtant, les violences exercées sur les personnes étrangères sont très peu mises en lumière alors que leur caractère systémique – notamment aux frontières françaises, sur les lieux de vie des exilé.e.s ou dans les lieux privatifs de liberté dédiés au refoulement ou l’expulsion des personnes étrangères – laissent penser qu’elles sont utilisées par les forces de l’ordre comme un outil au service de la répression des migrations. Ces violences, qui se perpétuent en raison d’une certaine impunité qui prévaut, font partie intégrante d’un dispositif qui vise à dissuader, voire empêcher l’arrivée et le séjour de personnes étrangères en France, et faciliter leur refoulement ou expulsion. Les fragments de vie racontés par les protagonistes du podcast sont une illustration parfaite de ces schémas de violences.
Entendre la parole des personnes étrangères victimes de violences policières
Bchira vit en France depuis 8 ans et bénéficie à présent d’un titre de séjour, mais quand elle croise la police, ses craintes refont surface. Elle nous introduit les récits de trois personnes auxquelles elle s’identifie ou dont les contours de leurs vécus ressemblent peu ou prou à ceux d’ami.e.s ou de connaissances qui n’aspiraient qu’à bénéficier d’une vie meilleure en France.
Pour commencer, c’est Hervé qui nous relate quelques éléments de son histoire. Dans la continuité d’un parcours migratoire tragique au cours duquel son épouse et son enfant décèdent en mer, il subit une nouvelle perte lors de son passage de la frontière franco-italienne. Lui et Blessing Matthew, une jeune femme nigériane rencontrée sur sa route vers la France, font l’objet d’une course poursuite par la police. Cette véritable chasse à l’homme conduira Blessing tout droit dans une rivière. Elle y meurt, noyée, sous l’œil des policiers qui assistent passivement à la scène. Son témoignage n’a jamais été entendu par la justice. En 2021, la plainte de la sœur de Blessing contre les policiers a été classée sans suite.
José prend la suite de ce témoignage en nous racontant les violences subies en centre de rétention administrative (CRA), « la prison des étrangers » sous procédure d’expulsion. Ces lieux d’enfermement, dont la gestion et la surveillance sont confiées à la police aux frontières, cristallisent de multiples tensions. La mesure de coercition, symptomatique d’un schéma de domination de la police sur la personne étrangère, est inhéremment source de tensions, ce qui mène à des situations explosives, comme le dénonce La Cimade.
Enfin, c’est au tour de Shabani de nous exposer son histoire : demandeur d’asile à la rue à Mayotte, il décide d’occuper avec d’autres personnes en quête d’une protection internationale une place dans la capitale du 101ème département français pour protester contre des conditions de vie dégradantes. Shabani sera néanmoins l’objet et le témoin de multiples violences policières lors d’opérations policières d’ampleur visant à déloger l’ensemble des occupant.e.s de cette place. En plus des violences commises, le podcast illustre la politique de harcèlement mise en œuvre à l’égard des personnes étrangères. Dans ce cadre, vous entendrez les mots de Laurent Simonin, directeur territorial de la police nationale à Mayotte qui, pour rappel, avait fait l’objet d’une condamnation dans l’affaire Benalla. Cet extrait sonore provient de plusieurs vidéos récupérées par La Cimade filmées lors de l’évacuation de la place de Mamoudzou. D’autres vidéos dévoilent les violences subies par Shabani et d’autres manifestant.e.s.
Ces histoires ne sont pas des situations isolées, bien au contraire. Elles sont symptomatiques d’un Etat de droit qui dysfonctionne et d’une police qui, pour réprimer les migrations, a recours à de la violence sous diverses formes : celles-ci peuvent être physiques, verbales, psychologiques, ou se matérialiser par des refus ou de l’obstruction de droits, ou encore par de la non-assistance à personne en danger. La Cimade demande donc à ce que cessent les violences policières et appelle à une politique d’accueil digne et respectueuse des droits des personnes étrangères.
Aller plus loin
➡ Découvrez les 4 épisodes de notre autre podcast « Nous, les banni·e·s » dans lequel la parole est donnée aux personnes étrangères qui subissent une décision de bannissement