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Sud-Ouest

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A Toulouse comme ailleurs, les personnes SDF sont mises en danger

21 avril 2020

Communiqué du GROUPEMENT POUR LA DÉFENSE DU TRAVAIL SOCIAL

Nous travailleuses sociales et travailleurs sociaux et médico-sociaux attendons depuis 4 semaines qu’à Toulouse dans le cadre d’une crise sanitaire sans précédent, les personnes SDF ne subissent plus comme c’est le cas depuis des années, une volonté politique de nier leur existence.

A Toulouse, la violation du droit à l’hébergement dans ce contexte constitue à nos yeux une grave défaillance dans la chaîne de prise de décision qui continue à nuire aux personnes dans les situations les plus précaires.

Par exemple il aura fallu plus d’une dizaine de personnes positives au covid19 pour que la préfecture prenne la décision de fermer le gymnase le samedi 11 Avril dans lequel nous rappelons, qu’il n’y avait que deux points d’eau et une douche collective pour les personnes qui y étaient encore au nombre de 80 il y a 15 jours. Quid des personnes non testées qui ont été transférées ailleurs et qui ont été en contact avec les personnes porteuses du virus ? Cette gestion nous permet encore une fois de mesurer l’irresponsabilité de nos tutelles.

Nous avons exigé dans les précédents communiqués que toute personne appelant le 115 soit hébergée dans le respect des règles sanitaires imposées par le gouvernement.

Malgré nos appels un dysfonctionnement perdure et continue à mettre en danger des personnes SDF, ce qui participe au risque sanitaire que l’état fait courir à la population générale en n’agissant pas en conséquence.

Sur le terrain les travailleuses et travailleurs sociaux font face à beaucoup de violence, de souffrance, de sentiment d’abandon.

Voilà donc la parole des personnes concernées :

« on erre dans la rue comme des zombies, les gens nous jugent car on reste pas confiné chez nous mais on a pas de chez nous »

« vous voulez qu’on décède dehors pour qu’on vous laisse tranquille ? »

« tout le monde nous abandonne, toute les associations sont fermées, on mange des sandwichs tous les jours et on a aucun autre moyen de se nourrir, alors on subit, de toute façon on est obligé sinon on crève. »

 

« j’ai pas eu de places de l’hiver par manque de moyen et là en crise sanitaire on me dit que je n’aurais toujours pas de.place alors que Macron indique l’ouverture d’hôtel ? »

 

« je suis hébergé en foyer et je partage les sanitaires avec les autres hébergés, on va tous se contaminer les uns les autres c’est sûr. Je préfère rester dans ma chambre et utiliser le moins possible les sanitaires. »

 

« j’ai vu qu’il y avait des hôtels qui ouvrent pour les sdf, pourquoi vous refusez de me donner une place? »

« Ça faisait une semaine que je n’avais pas fait ma toilette intime car je n’avais plus accès à un point d’eau. Je me suis inquiété alors j’ai pris de l’ammoniaque pour me désinfecter, ça m’a brûlé la peau, et immobilisé complètement pendant plusieurs jours et des infirmiers ont dû venir me voir pour faire mes pansements »

« J’étais dans la file d’attente devant un magasin pour faire mes courses, le vigile fait passer la personne derrière moi, je lui demande pourquoi c’est lui qui passe, et le vigile me répond que je ne rentrerai pas dans le magasin. »

« J’ai 70 ans, alors que je faisais la manche, on m’a frappé au visage et on m’a volé 20€. »

« Je viens de sortir de prison, je n’ai pas de logement et aucun revenu, je me sens perdu avec toutes les institutions qui sont fermées. »

« J’ai refusé d’aller à l’hôtel à cause de l’obligation de confinement avec 1h de sortie par jour. Après des années à la rue je ne peux pas rester enfermé. A la limite j’aurais bien voulu 1h d’hôtel par jour et 23h dehors (rires). Je préférerais le camping»

« J’étais au gymnase, le 16 mars je n’ai pas eu de place et je dors dehors depuis, je n’ai que les habits que je porte car on m’a volé mon sac. »

Témoignages des travailleurs sociaux :

« Ces appels sont déprimants, plus envie de répondre pour ne faire que des refus. Au dernier appel, j’entendais les policiers derrière qui disaient au mec de dégager. Il répond « j’appelle le 115, pas de place ». Les policiers s’énervent, lui disent d’appeler ailleurs, plus loin. Le ton monte, j’entends des cris. Le gars me dit « la nuit dernière j’ai rêvé que je dormais dans un lit ». Nouvelle menace policière , l’appel se coupe… »

« de mon côté je constate beaucoup de nouveaux appels de personnes qui nous ont jamais sollicité ou avaient arrêté de nous solliciter, car ils ont peur de rester dehors »

« BEAUCOUP de personnes qui nous parlent de ce qui est mis en place au national et qui pense qu’on leur ment et qu’on refuse de leur donner des places, ce qui crée pas mal de tension. »

« Beaucoup de demandes de maraudes tous les jours (environ 20 contre 5/6 habituellement). »

« des personnes expriment un sentiment d’abandon de l’état et ont l’impression d’être des « pestiférés ». »

« Le confinement rend de fait très visible les personnes sdf qui restent les seules dehors, elles sont littéralement abandonnées à la rue. »

«  C’est ce qui me vient en tête la, la journée est encore longue on verra bien ce qu’elle nous réserve Ils nous ont interpellé pour récupérer des attestations de déplacement mais ont souvent bien été embêtés pour savoir quel motif indiquer. L’attestation fournie par le SIAO ou les associations a permis d’apporter une réponse temporaire et a suscité l’espoir de ne plus se faire verbaliser par la police municipale.

Ils sont coupés du reste du monde. L’offre d’accès à l’alimentation et à l’hygiène s’est considérablement réduite. La distribution de duvets s’est également arrêtée avec l’arrêt des tournées de maraudes.

Le travail de manche est empêché : les magasins qui appliquent les mesures de sécurité leur interdit de rester à proximité. Les policiers les déplacent continuellement. »

« Depuis le 16 mars, toutes les sanisettes en France sont fermées. Comme la quasi-totalité des lieux d’accueil publics ou associatifs sont clos également, il reste très peu de solution pour les personnes sans abris pour faire leurs besoins et accéder à un point d’eau. »

A Lyon la préfecture a pris un arrêté il y a 2 jours obligeant JC Decaux à rouvrir 10 sanisettes pour les personnes SDF. A ce sujet, nous avons lancé une pétition : https://www.change.org/p/jc-decaux-sans-abris-sans-wc-merci-jc-decaux?recruiter=206436246&utm_source=share_petition&utm_medium=facebook&utm_campaign=psf_combo_share_abi&utm_term=share_petition&recruited_by_id=cb40a9b0-9537-11e4-a647-2d9be850fc75&utm_content=fht-21430645-fr-fr%3Av2

« Il nous est plus difficile de continuer à faire notre travail car les gens sont à crans. Ils ont faim, froid, sont fatigués et en colère qu’il n’y ait aucune solution pour eux. Comme il n’y a plus qu’eux, les policiers et nous dehors, ils nous repèrent très vite. Lorsque nous nous arrêtons pour parler avec une personne, d’autres arrivent très vite et nous nous retrouvons rapidement englouti par un groupe de personnes isolées ayant des demandes auxquelles nous ne pouvons pas répondre. Forcément leur colère se retourne contre nous car nous sommes là mais sans pouvoir vraiment les aider et notre sécurité est menacée. Nous avons été obligés d’aménager nos horaires et notre manière de travailler à cause de cela. »

 

Nous sommes et nous resterons les gardiens de la parole des abandonné.e.s.

 

Lire tous les articles publiés par La Cimade en lien avec la crise sanitaire du coronavirus.

Auteur: Région Sud-Ouest

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