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En Guyane comme en Guadeloupe, la Préfecture enferme des ressortissant.es français.es

29 juillet 2025

L’article 3 du Protocole n°4 de la Convention européenne de sauvegarde des libertés fondamentales et des droits de l’Homme, pose le principe selon lequel une personne ne peut pas être expulsée du territoire dont elle est ressortissante. Pourtant, les préfectures de Guyane et de Guadeloupe enferment des français.es en rétention avec la volonté de les expulser du territoire français.

En Guyane, le 15 juillet 2025, et après un contrôle d’identité, M. C., de nationalité française, a été enfermé au centre de rétention administrative (CRA) de Matoury, en toute illégalité.
Depuis le mois de septembre 2024, c’est la troisième personne française enfermée au CRA, sous le coup d’une mesure d’éloignement Deux de ces ressortissants français y ont été placés en moins d’un mois.  

D’une part, la rapidité de la prise des décisions d’éloignement et d’enfermement empêche très régulièrement les personnes interpellées de fournir aux autorités des documents justificatifs de leur situation, en amont de leur enfermement au CRA ; seul un nombre infime y parvient.

D’autre part, presque aucun crédit n’est accordé aux déclarations orales des personnes, à l’instar de M. H., qui n’a eu cesse de répéter qu’il était de nationalité française lors de son interpellation le 14 septembre 2024 ; et qui a tout de même fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et d’un enfermement au CRA pendant trois jours, avant de pouvoir contacter sa famille et fournir sa carte d’identité française, juste avant son expulsion programmée.  

Dans une situation proche, la préfecture de Guadeloupe a maintenu un ressortissant français enfermé au CRA des Abymes pendant 4 jours en avril 2025. Pourtant dès ses premières auditions, il indiquait aux autorités, restées sourdes, être de nationalité française de par son père. Ce n’est qu’après avoir fourni une copie de sa carte d’identité française qu’il a été libéré.  Il s’agissait de la deuxième personne française enfermée au CRA depuis le début de l’année.

Des situations connues de La Cimade, aucun.e ressortissant.e français.e n’a été expulsé.e, et les saisines du Tribunal administratif de Guyane ainsi que des préfectures ont conduit à la libération des français.es enfermé.es

Cependant, le risque de voir un.e français.e expulsé.e depuis les CRA est réel : les personnes retenues n’ont bien souvent pas la possibilité d’exercer leur droit au recours et de faire valoir leur situation personnelle avant leur renvoi, en raison des expulsions expéditives vers le Brésil, le Suriname ou La Dominique, pays frontaliers, parfois réalisées en moins de 24 heures.  

Ces enfermements et tentatives d’expulsions illégales démontrent que le recours massif à l’enfermement en rétention administrative et la politique du chiffre menée par l’Etat français amène la préfecture à négliger l’examen réel des situations individuelles de chaque personne contrôlée, pourtant prévu par la loi en amont de chaque placement en CRA.  

Auteur: Région Outre-Mer

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