Ecoutez-moi, j’ai quelque chose à dire.
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Je m’appelle Attoumani, je suis pêcheur. Je suis né sur l’île d’Anjouan, en 1966, à Bambao M’tsanga. Je vis à Mayotte depuis de nombreuses années et j’ai un titre de séjour depuis 2005. Pourtant, un de mes fils, mineur, a été arrêté alors qu’il se rendait au collège le 13 […]
Je m’appelle Attoumani, je suis pêcheur. Je suis né sur l’île d’Anjouan, en 1966, à Bambao M’tsanga. Je vis à Mayotte depuis de nombreuses années et j’ai un titre de séjour depuis 2005. Pourtant, un de mes fils, mineur, a été arrêté alors qu’il se rendait au collège le 13 février 2009, et expulsé vers Anjouan le même jour. Pour permettre son expulsion, les policiers ont changé son année de naissance et mon fils est devenu majeur alors qu’il avait avec lui son carnet de correspondance avec les coordonnées du collège et les miennes. Il a passé la journée et la nuit à l’aéroport avec juste son cartable. Heureusement, le lendemain, des gens lui ont demandé ce qu’il faisait là, et ils l’ont aidé à retourner au village où vit sa grand-mère. Avec l’aide des bénévoles de La Cimade et de mon avocate, nous avons porté plainte contre le préfet et le juge a reconnu l’illégalité de la reconduite. Comme la préfecture n’était pas obligée de ramener mon garçon, je suis allé à Anjouan. J’ai refait mon passeport et je suis allé au consulat avec le jugement, et le consul a délivré à mon fils un sauf-conduit. Nous sommes rentrés à Mayotte le 30 mars. Et moi, je suis devenu clandestin.
Le vendredi 10 avril, je me suis présenté à la préfecture avec mon récépissé pour renouveler ma carte de séjour. Celle-ci était expirée depuis le 12 décembre 2008 et j’avais obtenu un récépissé qui expirait le 11 avril. J’ai été reçu par Monsieur Ahmed. Il m’a dit : « On ne te donne pas de nouvelle carte de séjour, et on prend ton récépissé car tu as porté plainte contre nous et nous aussi on va porter plainte contre toi, et quand tu verras la police aux frontières, sauve-toi ». J’étais avec deux amis, qui ont entendu. Je n’ai rien dit et je suis parti.
Jeudi 16 avril, mon patron, Monsieur Youssouf, est allé à la préfecture. Il a rencontré M. Ahmed et il lui a demandé pourquoi on me refusait le titre de séjour. Depuis 2005, année où j’ai eu ma première carte de séjour, j’ai obtenu chaque année le renouvellement, sans problèmes. Quand mon patron a demandé à M. Ahmed la raison pour laquelle on me refusait le renouvellement de ma carte cette année, ce dernier a répondu : « On ne renouvelle pas sa carte car il a porté plainte contre nous et on va le casser ». Ce qui en comorien donnait : on va lui casser les jambes pour l’empêcher de s’en sortir.
Mon patron n’a rien dit, Il est allé à la Division du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle (DTEFP) qui a répondu que comme cinq autres pêcheurs je bénéficiais d’un avis favorable pour le renouvellement du titre de séjour temporaire, mention salarié pécheur. Depuis le 10 avril, je suis devenu clandestin et je ne peux plus travailler, Je n’ai plus la possibilité de nourrir ma famille. Le 22 avril, mon patron m’a appelé pour me dire que deux policiers étaient venus sur mon lieu de travail pour me chercher, mais je ne m’y trouvais pas puisque je n’ai plus de titre de séjour. Je suis parti me cacher et j’ai attendu. J’ai appelé La Cimade qui a contacté mon avocate. Elle a appelé des personnes importantes de la préfecture qui lui ont dit : C’est une erreur, tout cela n’est pas correct, qu’il se présente à la préfecture, il aura un récépissé » J’y suis allé ce matin. M. Ahmed n’a pas voulu me recevoir. Il m’a dit d’aller voir quelqu’un d’autre. Alors j’ai encore appelé La Cimade et elle a contacté un supérieur qui a été aimable et m’a donné un récépissé. J’étais content.
Je suis un homme simple, sans histoire et ma vie a basculé après la reconduite de mon fils aîné. Je ne comprends pas qu’on m’en veuille d’avoir voulu récupérer mon garçon de 14 ans.
Propos recueillis par La Cimade Mayotte
Auteur: Service communication
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