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Le Comité asile Rwanda ou comment la Cimade a contribué à l’accueil des réfugiés rwandais en 1994

5 avril 2024

C’était un mardi d’avril 1994 et le poste parisien de la Cimade, boulevard des Batignolles,  organisait son pré-accueil asile sans rendez vous. Parmi les personnes accueillies par un des piliers du poste, Mireille Moreau, une jeune étudiante rwandaise en France, Clara, a expliqué que depuis le 6 avril 1994 et […]

C’était un mardi d’avril 1994 et le poste parisien de la Cimade, boulevard des Batignolles,  organisait son pré-accueil asile sans rendez vous. Parmi les personnes accueillies par un des piliers du poste, Mireille Moreau, une jeune étudiante rwandaise en France, Clara, a expliqué que depuis le 6 avril 1994 et la mort du président Habyarimana, elle était sans nouvelles de ses parents, de sa soeur et qu’elle craignait qu’ils avaient tous été tués.

Quelques temps plus tard, une amie de Clara  est arrivée : elle venait d’être rejetée par la Commission des recours des réfugiés, ancêtre de la Cour nationale du droit d’asile et le préfet de police venait de l’inviter à quitter la France pour rejoindre son pays alors que les autorités françaises admettaient enfin qu’un génocide était perpétré dans ce pays.

Un article dans Libération puis dans  le Monde firent  grand bruit et en juin, d’anciens coopérants au Rwanda et des étudiants ou des réfugiés rwandais se sont rapprochés de la Cimade pour que des visas soient délivrés aux personnes qui arrivaient à fuir et que l’on reconnaisse la qualité de réfugiés aux rescapés du génocide: le comité asile Rwanda était né.

Pendant tout l’été 1994, des réunions ont lieu pour prendre position et pour agir, Laurent Giovannoni, Laurent Duffieux et un jeune objecteur de conscience chargé de l’accueil téléphonique à la Cimade  ont prêté main forte à ce comité pour solliciter la sous-direction des Français de l’étranger et des étrangers en France pour qu’elle donne instruction aux postes consulaires des pays voisins (Burundi et Ouganda) puis pour aider les personnes, quand elle le souhaitaient à formuler une demande d’asile auprès de l’OFPRA qui a su immédiatement les  convoquer pour  leur reconnaitre le statut de réfugié.

Les archives de ce comité ont été miraculeusement préservées du temps et viennent d’être recollées (comme de nombreux dossiers du poste parisien) : en quelques mois, ce sont 200 dossiers de visa ou de demande d’asile qui ont été constituées.

L’une des batailles du comité a été, après la victoire du front patriotique rwandais (FPR), de faire reconnaître la qualité de réfugié·e aux rescapés du génocide. A l’époque, seules les persécutions exercées par l’Etat ou encouragées par lui étaient prises en compte et les personnes ne pouvaient plus invoquer de craintes actuelles du gouvernement d’unité nationale qui s’était mis en place sous la conduite du FPR. Pourtant les rédacteurs de  la convention de Genève avaient pris en compte les  rescapés de la Shoah en prévoyant une clause au deuxième alinéa de l’article 1) C) qui stipulait que l’on pouvait tenir compte de raisons impérieuses tenant à des persécutions antérieures pour maintenir la qualité de réfugié.

Après une décision de sections réunies de la CRR, où les juges avaient semblé ignorer le génocide, c’est par une décision du 16 février 1995 que la Commission a reconnu la qualité de réfugiée à J. , faisant preuve d’une lecture innovante de la Convention, ce qui à l’époque était très rare.

Que sont devenus les membres  du comité asile Rwanda et les personnes suivies par lui ?  Les anciens coopérants ont continué d’agir d’autre manière. Pour les réfugié·e·s, certain·e·s ont fait leur vie en France, d’autres en Belgique ou dans d’autres pays. D’autres encore  sont retourné·e·s vivre au Rwanda, après avoir fait le travail de deuil et quelques un·e·s ont été appelé e s à des fonctions comme président de la fédération rwandaise de football .

Toutes et tous en ce trentième anniversaire , vont se souvenir de ce cataclysme, célébrer la mémoire de leur famille emportée et souhaiter que la justice soit plus prompte à juger, dans le cadre d’un procès équitable, les personnes présumées responsables de génocide, où qu’elles se trouvent.

 

 

Auteur: Responsable national Asile

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