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Depuis plus plusieurs années, des familles et leurs soutiens appellent à une journée de mobilisation « Commémor’action » le 6 février. A cette occasion, ainsi qu’à celle de la sortie en anglais de son outil « Foire aux questions (FAQ) sur les procédures françaises en cas de décès d’une personne exilée, La Cimade revient sur quelques exemples d’initiatives, d’outils et de mobilisations des familles et de la société civile pour soutenir les proches des victimes, demander justice et commémorer celles et ceux qui ont perdu la vie en migration
46 622, c’est le nombre de personnes qui auraient disparu dans le monde à une frontière depuis 2014 d’après l’Organisation internationale des migrations (OIM). Les frontières euro-africaines sont les plus meurtrières : 50% de ces disparitions sont survenues en mer Méditerranée et jusqu’à 76% pour les zones Europe, Méditerranée et Afrique. Elles engloutissent des vies et effacent des identités au quotidien.
Ce que ne montre pas les chiffres : l’implacable mise en œuvre de politiques migratoires restrictives en termes de mobilité et d’accès aux droits des personnes en migration de chaque côté des frontières. Ce sont des personnes, adultes et enfants, qui tentent de contourner les obstacles mis en place par les États afin d’essayer de fuir un conflit et de trouver refuge principalement dans un pays voisin ou parfois plus loin, ou encore d’améliorer leurs conditions de vie ou de chercher un travail pour faire face aux conséquences des dérèglements climatiques, par exemple. Les causes de départ sont diverses et entremêlées. La multiplication des contraintes au départ et sur l’ensemble des parcours poussent les personnes à recourir à des intermédiaires peu scrupuleux. Ainsi, à mesure que les politiques se sont durcies, les passeurs sont devenus des acteurs incontournables des frontières pour qui veut tenter leur passage.
Des chiffres, en deçà de la réalité. Ils comptabilisent les personnes dont on a pu savoir qu’elles étaient décédées pendant leurs parcours. Pour ces dernières, certaines sont identifiées, d’autres non, comme le montre le travail de l’association United against refugee deaths, qui, depuis 1993, collecte des données concernant les évènements qui ont conduit aux décès de personnes aux frontières. Ainsi, pour les personnes dont les familles et les proches n’ont plus de nouvelles, il n’y a pas ou peu de collecte de données à ce jour, si ce n’est par les familles et des personnes solidaires. Selon l’association Caminando Fronteras, 95% des corps des personnes ne sont jamais retrouvés lors de la traversée vers les îles espagnoles des Canaries. L’association a recensé 4 016 personnes décédées ou disparues en 2021, contre 955 selon les chiffres de l’OIM. Difficile de savoir combien de personnes ont réellement disparues et de prendre la mesure du ballet mortel qui se joue aux frontières.
Des initiatives voient le jour. Certaines institutionnelles, comme « Trace the face », un outil de recherche en ligne du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge, mis en place en 2013, qui tente de mettre en lien les familles séparées lors de la migration vers l’Europe ou après l’arrivée en Europe. D’autres émanant de la société civile, comme les vidéos de l’association Caminando Fronteras qui viennent expliquer aux proches comment débuter des recherches pour les personnes disparues à la frontière euro-africaine occidentale. Il existe également des outils à destination des soutiens des familles, comme le guide web de Boats 4 People sur les procédures italiennes ou encore ceux développés par La Cimade, comme le guide sur la question des personnes disparues dans l’archipel des Comores ou encore la Foire aux questions (FAQ) sur les procédures françaises. Aujourd’hui, disponible en anglais, cette FAQ aborde la question spécifique des décès des personnes exilées en France.
Ce sont avant tout les familles qui se mobilisent pour demander justice et commémorer. Elles témoignent, comme à travers les vidéos et le site de Missing at the borders. Elles s’organisent et se mobilisent, par exemple dans le cadre de caravanes à travers le monde pour dénoncer le manque de réponse institutionnelle à leurs questions, interroger les responsabilités et demander justice. Des mobilisations également à travers des actions collectives, comme celles de « commemor’action » du 6 février en commémoration des personnes décédées et disparues le 6 février 2014 à la frontière entre l’Espagne et le Maroc. En effet, à cette date, des personnes ont tenté le passage par la nage du Maroc vers l’enclave espagnole de Ceuta. La Guardia civil espagnole, pour les empêcher de passer, a utilisé de l’équipement anti-émeute. 15 personnes sont décédées côté espagnol, d’autres côté marocain de la frontière et nombre ont, par ailleurs, disparu. Depuis lors, les familles et leurs soutiens n’ont eu de cesse de demander justice et d’appeler à une mobilisation internationale annuelle à cette date pour toutes les personnes décédées ou disparues à des frontières.
Que ce soit dans la Manche, dans l’océan Indien, en Méditerranée, dans Atlantique, dans les Alpes, au Pays Basque, dans le désert du Sahara, celui de l’Arizona et du Mexique, en Asie ou au large de l’Australie, ces morts et disparitions n’ont que trop duré !
Mobilisons-nous les 5 et 6 février 2022 !
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Auteur: Pôle Europe et International
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