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Les 8 et 9 septembre 2020, plusieurs incendies ont réduit en cendres Moria, l’un des cinq camps à ciel ouvert des îles grecques mis en place par l’Union européenne (UE) début 2016 dans le cadre de son « approche hotspots ». A quelques jours de la présentation du nouveau pacte européen sur les migrations et l’asile, ce nouveau drame met un énième coup de projecteur sur la faillite des politiques migratoires européennes actuelles et l’urgence impérieuse de changer de cap.
A l’intolérable surpopulation, au manque d’infrastructures sanitaires et de nourriture, à l’hébergement sous tentes qui se solde chaque année par des morts par hypothermie, à la Covid19 et aux mesures de confinement forcé imposées aux personnes exilées dans les camps grecs, se sont ajoutées les flammes de l’incendie. Coup du sort ? Dans cette prison à ciel ouvert surpeuplée, une telle catastrophe paraissait bel et bien prévisible voire inévitable.
A la frontière gréco-turque, que ce soit en mer Egée, sur les îles grecques ou dans la région d’Evros au nord de la Grèce la situation des personnes exilées est grave, tant du point de vue de la situation humanitaire que du niveau des violences et des violations des droits. La situation à cette frontière est problématique depuis plus de 10 ans, elle a été largement aggravée avec la suspension temporaire du droit d’asile en Grèce début mars et la crise sanitaire Covid-19 (voir notre précédent article à ce sujet : Frontière Grèce – Turquie : De l’approche hotspot au scandale de la guerre aux migrant.e.s).
Comme souvent, la réponse de l’Union européenne s’est essentiellement traduite par un renforcement des contrôles aux frontières extérieures avec un déploiement plus important de l’agence Frontex. De leurs côtés, les autorités grecques ont lancé un plan d’action visant à mettre définitivement à distance et punir ceux que l’UE et ses Etats membres ont désignés comme indésirables. Parmi le train de mesures répressives, l’érection d’une « frontière artificielle » en mer Egée, sous forme de « barrière flottante » de près de 3 kilomètres de long et haute de plus d’un mètre, afin de repousser les personnes tentant la traversée depuis la Turquie voisine. En parallèle, d’autres travaux ont également été lancés pour construire de nouveaux centres fermés avec double clôture et portiques de sécurité, de 5000 places chacun, qui viendraient remplacer les hotspots actuellement situés sur les îles de Lesbos, Chios et Samos (voir notre précédent article à ce sujet : Grèce – Turquie : l’Union européenne s’embourbe dans un cycle de violence).
L’escalade de la violence s’est poursuivie tout au long de la crise sanitaire et jusqu’à ce jour atteignant un niveau d’horreur et de violations des droits fondamentaux sans précédent. Des refoulements systématiques sont menés dans la région d’Evros (Nord de la Grèce) où plusieurs personnes exilées ont été ciblées et blessées par les tirs des forces de l’ordre grecques et turques. (voir notre précédent article à ce sujet : Covid19 et frontières maritimes : les Etats européens assument une politique de laisser mourir).
La crise sanitaire a notamment servi de prétexte à la mise en œuvre, en lieu et place de mesures de protection sanitaires, d’un « confinement ciblé » qui s’apparente à une nouvelle forme d’enfermement. Depuis six mois, les autorités grecques appliquent ainsi des mesures de confinement discriminatoires qui visent uniquement les personnes migrantes présentes sur les camps des îles grecques tandis que le reste de la population a retrouvé sa liberté de circuler depuis début mai. A Lesbos où se trouve le camp de Moria, suite à un premier cas de coronavirus détecté début septembre, les autorités grecques ont placé le camp et les près de 13 000 personnes qui s’y trouvaient (pour une capacité de 2000 places), en quarantaine. Une situation intenable.
Une semaine après l’incendie, les milliers d’hommes, de femmes et d’enfants sinistré.e.s qui ont fui les flammes, campent le long de la route qui mène de Moria à Mytilène, sur l’île de Lesbos. Démunies, encore et toujours enfermées sur cette île prison et empêchées de rejoindre le continent, plusieurs centaines d’entre elles ont manifesté pour demander : « La liberté, pas des camps ! ».
Tandis que de nombreuses voix s’élèvent pour appeler les Etats européens à faire preuve de solidarité et à les accueillir, les engagements en la matière demeurent minimes. En effet, la Commission européenne s’est dit prête à financer le transfert et l’accueil de 400 mineur.e.s non accompagné.e.s dans ce contexte. La France a annoncé vouloir en accueillir une centaine tandis que l’Allemagne s’est engagée pour l’accueil de 1500 personnes. Qu’adviendra-t-il des dizaines de milliers d’autres personnes sinistrées qui ne seront pas accueillies ? Leur avenir semble prendre la direction d’un nouvel enfermement avec le soutien de l’exécutif européen qui a annoncé que l’UE était « non seulement prête à financer et à soutenir la construction de ce nouveau camp, mais aussi à examiner toute demande grecque visant à jouer un rôle plus actif dans la gestion du nouveau camp. ».
Encore une fois, des moyens très importants sont consacrés à financer l’érection de barrières et la construction des camps sur les routes migratoires tandis qu’ils pourraient utilement être redéployés pour accueillir dignement et permettre un accès inconditionnel au territoire européen pour les personnes bloquées à ses frontières extérieures afin d’examiner avec attention et impartialité leurs situations et assurer le respect effectif des droits de tou∙te∙s.
Mobilisons-nous : aux côtés de La Cimade et de plusieurs centaines d’organisations solidaires avec les exilé.e.s en Europe, signez l’appel européen pour l’évacuation immédiate de Moria et un changement radical des politiques migratoires européennes !
Auteur: Pôle Europe et International
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