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À l’occasion de la journée mondiale des réfugiés, La Cimade analyse la situation catastrophique pour les personnes migrantes en Libye. Les violences qu’elles y subissent sont d’une rare violence, sur terre comme en mer.
Les Nations Unies, dans un rapport paru le 14 juin 2017, font état de la situation catastrophique de la Libye et de la montée des violences entre les groupes armés qui touchent à la fois la population libyenne et les personnes cherchant refuge.
La situation du pays demeure chaotique et dangereuse. Les personnes migrantes sur place subissent des exactions d’une rare violence : détention arbitraire, viols, tabassages, tortures, esclavagisme, exécutions sommaires, privation de nourriture et d’eau, etc. Que ce soit à leur arrivée en Libye ou lorsqu’elles se font intercepter en mer par les gardes côtes libyens, les personnes en migration sont placées de force dans des lieux d’enfermements, formels ou non, où elles sont victimes pendant des mois de multiples violences. Vendues parfois entre 190 et 280 euros, les personnes sont ensuite employées pour des travaux agricoles ou dans le bâtiment, rémunérées ou non. Les femmes sont forcées à se prostituer, violées et violentées. Début mai 2017, la procureur de la Cour pénale internationale, Mme Fatou Bensouda, a déclaré enquêter sur ces allégations de « marché aux esclaves ».
C’est dans ce contexte que des femmes, des hommes et des enfants prennent le risque de passer par la mer. Au danger mortel de la route par la Méditerranée, s’ajoute le risque d’être intercepté par les gardes côtes dans les eaux territoriales libyennes, ramené dans un centre de détention et violenté encore et encore. Les gardes côtes libyens vont parfois jusqu’à intervenir dans les eaux internationales, empêchant les opérations de sauvetage et en mettant des vies en danger. Ce fût le cas au moins deux fois ces derniers mois dans le cadre d’opération menées par les associations SOS Méditerranée avec Médecins sans frontières (MSF) et Sea Watch. Ainsi le 23 mai, alors que MSF opérait un sauvetage, les gardes côtes libyens sont montés sur un des bateaux utilisés par les migrants, ils ont volé ce qu’ils pouvaient et leur agressivité a fait paniquer les personnes à bord, le bateau a chavirer, les personnes sont tombées à l’eau. Heureusement, MSF avait eu le temps de distribuer des gilets de sauvetage. Le 10 mai, Sea Watch, sur demande du centre de commande de sauvetage italien, allait opérer dans les eaux internationales, quand un bateau des gardes côtes libyens est arrivé sur la zone. Sea Watch a alors été prévenu que les libyens prenaient en charge le sauvetage. Après une manœuvre scabreuse des gardes côtes libyens, qui auraient pu mettre en danger les différents équipages, les naufragés furent ramenés en Libye par les gardes côtes. Ainsi, non seulement les interventions des gardes côtes libyens en mer sont dangereuses, mais sur ce dernier cas, Sea Watch demande une enquête indépendante au sujet des échanges d’information entre les européens et les libyens, qui pourrait être assimilable à un refoulement en haute mer, interdit en droit international.
La Libye représente un enjeu important pour les États européens et l’Union européenne. Depuis de nombreuses années, les européens souhaitent coopérer avec ce pays d’où partent aujourd’hui la grande majorité des bateaux en direction vers l’Europe. Depuis 2016, des formations et du matériel aux gardes côtes libyens ont déjà été livrés. Début 2017, à l’occasion d’un sommet à Malte, les États européens ont réitéré leur volonté de collaboration de la Libye sur la question migratoire, en dépit de la situation dans le pays. En avril, un fonds européen spécifique de 90 millions d’euros a été affecté à la Libye pour « la protection des migrants et l’amélioration de la gestion des migrations ». L’Allemagne vient d’ajouter 3,5 millions d’euros pour les lieux d’enfermement des étrangers.
Les États européens marchandent leur tranquillité avec le voisin libyen comme avec la Turquie ou l’Afghanistan. En Libye, que ce soit sur terre ou en mer, les personnes en migration sont pourchassées et violentées. Prises dans un étau, il est difficile de fuir et de trouver refuge, notamment vers une Europe qui souhaite les mettre à l’écart.
Pour aller plus loin :
Photographie : Le camp de Burashada à Gharyan en Libye, juin 2012. © Sara Prestainni
Auteur: Service communication
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