Pour l’avenir de Mayotte, l’Etat promet toujours plus d’inégalités
Alors que la colère gronde à Mayotte et que les revendications se font plus pressantes que ...
Alors que la préfecture de Mayotte devait partiellement rouvrir ses portes ce jeudi 11 octobre après six mois de fermeture, l’annonce d’une manifestation des collectifs citoyens hostiles aux personnes étrangères a suffi à la différer une énième fois. Des milliers de personnes sont condamnées à la précarité administrative et sociale en toute illégalité, sans réaction efficace des pouvoirs publics.
Après six mois de fermeture illégale de la préfecture de Mayotte aux personnes étrangères, le préfet annonçait, lors d’une conférence de presse lundi 8 octobre, la reprise progressive de l’activité des services à compter du jeudi 11 octobre. Les collectifs citoyens hostiles aux personnes étrangères, qui bloquaient depuis la fin du mois de juillet l’entrée de la préfecture, avaient enfin été délogés dans la nuit par les forces de l’ordre.
La réouverture annoncée restait timide : une réception uniquement sur rendez-vous pour les personnes dans les situations les plus urgentes. Des milliers d’autres allaient donc rester encore longuement sur la touche : des étudiant·e·s, des demandeurs et demanderesses d’asile, des personnes gravement malades, des parents d’enfants français, sont depuis des mois exposé·e·s à un risque permanent d’expulsion et confronté·e·s à de grandes difficultés en matière d’emploi, de protection sociale, de poursuite d’études…
Mais l’annonce d’une manifestation pour le jeudi 11 octobre par les collectifs citoyens aura suffi à impressionner la préfecture, qui a finalement repoussé la date de la réouverture partielle. A l’heure où nous écrivons ces lignes, la manifestation, diffusée en direct par la chaîne Mayotte la 1ère, aurait rassemblé une cinquantaine de personnes. Et des membres des collectifs continuent d’entraver l’accès à la préfecture en filtrant la circulation des personnes dans les rues menant à la préfecture.
Une cinquantaine de personnes qui suffit à entraver le fonctionnement normal du service public et à mettre l’Etat en échec pour appliquer la loi. Une cinquantaine de personnes qui, par leur mobilisation, interdisent à des milliers d’autres de faire valoir leurs droits les plus fondamentaux.
D’après les informations du Monde, 1500 contentieux auraient été introduits devant le tribunal administratif de Mamoudzou depuis le début de l’année. Un grand nombre se solde en défaveur de la préfecture, qui refuse pourtant d’exécuter la plupart des jugements lui demandant de convoquer les personnes requérantes.
Le Conseil d’Etat concourra-t-il à faire cesser l’incurie des pouvoirs publics ? La Cimade intervenait, le mardi 9 octobre, aux côtés d’un requérant syrien privé de titre de séjour depuis des mois. Le ministère de l’intérieur s’est engagé lors de l’audience à lui délivrer une convocation dès le lendemain. Une stratégie de l’évitement qui ne saurait constituer une réponse acceptable à l’ampleur et la gravité des difficultés vécues par les personnes résidant à Mayotte.
La Cimade réitère sa demande de réouverture immédiate des guichets de la préfecture de Mayotte.
Pour aller plus loin, voir les dernières actualités publiées sur Mayotte :
Auteur: Service communication