Vers un nouveau schéma national d’accueil : orientations directives et refus des conditions matérielles d’accueil
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La crise actuelle à Mayotte est avant tout liée aux manques d’investissements de l’Etat dans les services publics. La Cimade dénonce les amalgames faciles et les contre vérités, et restera vigilante sur l’application des accords entre le gouvernement et le mouvement social.
Les problèmes d’insécurité sont réels à Mayotte, et nous exprimons notre solidarité envers toutes les personnes victimes d’agressions. Cependant, les affirmations reliant violences et immigration ne reflètent pas la complexité de la situation sur l’île.
Face aux mesures négociées entre le gouvernement et les représentants du mouvement social, La Cimade restera vigilante pour s’assurer que les droits des personnes étrangères présentes à Mayotte ne soient pas sacrifiés sur l’autel de solutions de court terme et démagogues.
Un département en souffrance faute d’investissements publics suffisants et d’application du droit commun
Il faut rappeler que les difficultés du département sont essentiellement d’ordre socio-économique, avec 84% de la population vivant sous le seuil de pauvreté, sans distinction de nationalité. Mayotte est le département français le plus pauvre, et pourtant le coût de la vie y est plus cher qu’en métropole. Mayotte est le département où l’Etat investit deux à trois fois moins dans la santé et l’éducation par rapport à la métropole.
Mayotte souffre d’un sous-investissement en matière de services publics : il n’existe qu’un seul centre hospitalier, celui de Mamoudzou, avec des antennes dispersées sur le territoire, et les services de santé manquent cruellement de moyens.
Renforcer les forces de l’ordre est une chose, mais augmenter le nombre de personnels médicaux et d’enseignants serait une solution bien plus pérenne. Récit de Mayotte sur les enjeux d’éducation.
Mayotte est également un département où les lois françaises ne s’appliquent pas de la même manière, notamment en termes de droits sociaux : il n’y a ni couverture maladie complémentaire servie par l’assurance maladie, le RSA est deux fois moins élevé qu’en métropole… pour toutes et tous, le système est dérogatoire à bien des niveaux.
Des personnes étrangères légalement installées malgré un parcours semé d’embûches
Si 40% de la population est étrangère à Mayotte, plus de la moitié est en situation administrative régulière. A Mayotte donc, étranger ne signifie pas être dans l’illégalité, malgré les affirmations péremptoires de responsables locaux et nationaux qui alimentent ces fantasmes sur « l’invasion » et l’explosion des flux migratoires. Les rapports de l’INSEE montrent que les flux migratoires et la part de personnes étrangères sont relativement stables entre 2012 et 2017. Par ailleurs, si certaines personnes restent en situation irrégulière pendant des années, c’est surtout parce qu’il est très difficile d’obtenir un titre de séjour, quelle que soit l’intensité ou l’ancienneté des liens avec l’île. Certains critères restrictifs de régularisation n’existent dans aucun autre département français, notamment pour les jeunes majeurs. Les démarches en préfecture sont extrêmement laborieuses et durent au moins un an voire plusieurs années. Des centaines de jeunes d’origine étrangère présents à Mayotte depuis des années ne peuvent pas entamer leurs études universitaires en l’absence de titre de séjour.
Sans papiers, aucune protection sociale à Mayotte : même l’aide médicale d’Etat, levier essentiel de santé publique dans tous les autres départements français, n’existe pas. Avec papiers, on reste dans l’infra-droit : pas de possibilité de se rendre dans les autres départements sans demander un visa. Sauf si l’on dispose d’une carte de résident de 10 ans, mais celle-ci étant soumise à un critère de ressources, le taux de pauvreté de l’île ne permet qu’à un nombre infime de personnes d’y accéder.
Les personnes étrangères sont également victimes de l’insécurité, et la violence dans les quartiers les plus pauvres. Enfin, il est important de rappeler la réalité d’un parcours migratoire très dangereux puisque, au large de Mayotte, en 20 ans, au moins 12 000 personnes sont mortes noyées en tentant de faire la traversée depuis les Comores.
Face aux enjeux réels auxquels fait face Mayotte, La Cimade plaide pour :
– Un développement durable du département, et une coopération qui profite véritablement au développement de la région ;
– Permettre une régularisation des personnes étrangères présentes dans le département ;
– Supprimer les régimes dérogatoires pour toutes et tous et aligner la législation applicable à Mayotte sur le régime de droit commun ;
– Investir dans la santé et l’éducation pour toutes les personnes habitantes de l’île.
Auteur: Service communication
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