Comme on pouvait le deviner c’est La Réunion, Mayotte et Metz qui ont le plus fort taux de procédure accélérée (100%, 87,4% et 64,4%) mais dans de nombreux GUDA, près de la moitié des premières demandes introduites font l’objet de cette procédure. Si on ajoute les demandes de réexamens, la majorité des demandes en Bretagne, dans le Grand-Est, en Bourgogne-Franche-Comté, en Auvergne Rhône Alpes, ou encore en Occitanie, est examinée selon la procédure accélérée.
L’OFPRA a également communiqué la répartition des procédures accélérées par
motifs énumérés dans le CESEDA. L »OFPRA n’a usé de cette possibilité d’accélérer la procédure à son initiative que pour 3 cas . Les réexamens sont examinées à 98% selon cette procédure. Pour les premières demandes, le premier motif est le pays considéré comme sûr avec plus de 12 000 personnes. En ce qui concerne la rétention le nombre est relativement faible (610 personnes). Les « demandes » ou « constats » des préfets constituent désormais 46% des procédures accélérées :le premier motif identifié étant la fraude ( 6 464) suivi des demandes tardives (4 807) , les autres cas prévus par la loi étant plus marginaux. Mais ce qui est intéressant, c’est que les « autres motifs » ou les motifs » manquants « comptent près de 8 000 situations.
Cela a pourtant des conséquences importantes pour le demandeur : à l’exception des demandeurs des pays considérés comme sûrs qui bénéficient des conditions matérielles d’accueil au moins pendant l’examen par l’OFPRA, les personnes faisant l’objet d’une procédure accélérée sont souvent privées des
conditions matérielles d’accueil par l’OFII.
Selon l’OFPRA, le délai moyen d’instruction est de 189 jours calendaires, soit plus de six mois (qui est le délai prévu pour statuer pour les procédures normales). L’accélération de la procédure est donc très relative.
Décisions OFPRA
L’OFPRA a pris 139 810 décisions (dont 109 092 adultes) contre 87 861 décisions (dont 70 175 adultes) en 2020, soit une hausse spectaculaire de 55%. Si on compare avec 2019, la hausse n’est plus que de 14%.
113 000 personnes ont été convoquées à un entretien et 95 200 ont été entendues (taux d’entretien de 84%). 88 536 ont eu lieu à Fontenay sous Bois, 2 876 lors des missions foraines en métropole (40 missions), 1 395 à Mayotte, 245 en Martinique, 194 en Guadeloupe. 3 808 entretiens ont eu lieu par visioconférence. 1,58% des entretiens ont eu lieu avec un tiers soit 1 504. 13 000 décisions d’irrecevabilité ont été prises dont une majorité de réexamens.
Le délai moyen de traitement est de 261 jours mais de 231 en fin d’année. Le « stock » de demandes non instruites depuis plus d’un ne représente plus que 16,6% de 49 207 demandes pendantes contre 29% en janvier et la part des dossiers nouveaux est de 38%.
Le nombre d’accords est de 35 919 contre 20 866 soit 25,9% des décisions. Parmi eux, 23 011 concernent des adultes soit 21,4 % des décisions adultes. Le nombre de reconnaissance de la qualité de réfugié est logiquement à la hausse avec 12 502 décisions adultes et 22 550 en comptant les mineurs, Les protections subsidiaires sont en nette hausse (10 509 adultes, 13 369 en comptant les mineurs). 14 471 protections ont été accordées à des femmes (mineures comprises) soit un taux d’accord de 31,3 %.
La nationalité avec le plus grand nombre d’accords est l’Afghanistan avec 12 236 protections soit 75% des décisions. Elle est suivie par la Syrie (2 952 dont deux tiers de PS), la Guinée (2 333) , la Côte d’Ivoire (1 920) , l’Érythrée.
Répartition territoriale
Pour la première fois depuis 2008, le rapport ne publie pas de données par département d’enregistrement mais seulement par résidence. C’est dommage car cela aurait permis de mesurer l’impact du schéma national d’accueil sur la répartition des demandeurs d’asile et d’évaluer celles des procédures accélérées. Seule indication 44% des demandes introduites l’ont été avec un enregistrement effectué en Ile de France. qui est toujours la première région de résidence avec un tiers des demandes introduites et 36% des décisions, très loin devant l’AURA (9,2%), le Grand Est (9%) et l’Outremer (7%);
Pour ce qui concerne les décisions le taux d’accord à l’OFPRA est le plus élevé en Lozère (68,3%) devant le Cantal, (58,6%) la Creuse (56,2%), les Deux Sèvres (50,8%) et la Haute-Loire (50,4%) Le Doubs reste le département siège de GUDA ayant le plus fort taux d’accord (45,6%).
Combien de dossiers en instance ?
Avec le séisme du confinement, le nombre de dossiers en instance avait augmenté en 2020 pour atteindre près de 85 000 dont 66 500 premières demandes d’asile soit 10 000 de plus qu’en décembre 2019. Le « déstockage » a réduit ce nombre à 47 952, soit une baisse de 43%. Les départements ayant le plus grand nombre de dossiers en instance sont Paris, les Bouches-du-Rhône, le Val d’Oise, les Yvelines et la Seine St Denis.
Le nombre de demandes pendantes afghanes est de 7500 loin devant la Somalie (3 000), la Turquie (2900), l’Albanie ( 2 800) et la Côte d’Ivoire (2 500). Seules l’Albanie et la Géorgie ont connu une augmentation mais ces nationalités étaient à un étiage à la fin de l’année.
L’âge moyen des dossiers pendant est ainsi passé de jours en janvier à jours. % des dossiers ont plus d’année et le délai moyen d’instruction passe de 262 jours à
Près de 500 000 personnes protégées
Le nombre de protections octroyées étant de plus de 54 000, celui des personnes placées par l’OFPRA frôle les 500 000 ce qui est selon le HCR, le record historique depuis 70 ans
Pour la deuxième année consécutive, les Afghans sont la première nationalité des personnes protégées (50 046 dont 36 376 protections subsidiaires) suivis par les Syriens (36 894 dont la moitié avec une protection subsidiaire ) puis des communautés plus anciennement constituées comme les Sri Lankais, les Russes ou les Congolais.
L’OFPRA a aussi mis fin à des protections. Le principal motif reste la naturalisation (3 720) , la renonciation ( 1 291) la cessation (la personne retourne durablement dans son pays, recouvre un passeport, ou n’a plus de raisons de craindre, 475) Les fins de protection en raison de motif d’ordre public triplent avec 231 contre 77 en 2020 pour les statuts et 158 contre 44 pour les protections subsidiaires.
Concernant l’activité de la protection, l’OFPRA a délivré 36 019 premiers actes d’état civil dans un délai moyen qui augmente encore huit mois contre 7,1 mois en 2020 et 5,7 mois en 2019.5 652 fiches de composition familiale pour la réunification ont été rédigées en 2021, contre 2 188 en 2020.